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Hormis pour le «bonheur» où les critères quantitatifs
- comme le PIB - aboutissent à des résultats plutôt surréalistes, les nombreux
types de classements publiés par les organisations internationales ne donnent
pas une belle image de l'Algérie. Pour rester dans la comparaison maghrébine ou
nord-africaine, on fait plutôt pâle figure. Certes, on peut décréter que les
rapports internationaux obéissent à des critères libéraux qui font
automatiquement déclasser une Algérie aux politiques «publiques» très
affirmées. Mais ce serait aussi se voiler la face que de s'y arrêter.
L'accumulation de ces mauvais classements n'est ni un complot ourdi, ni même la manifestation d'une méchanceté «ultralibérale» à l'égard de notre pays. Ces rapports annuels, reçus avec une certaine fatalité par les responsables, concernent aussi bien le «climat des affaires» avec une optique de «marché» évidente que des aspects fondamentaux comme le fonctionnement de l'administration ou de la justice. Il y a dans ces rapports des évaluations des politiques publiques, de leur efficacité qui ne sont pas réductibles à de l'idéologie. Ils renvoient à ce que les experts algériens et les «lanceurs d'alerte» qualifient de grave problème de gouvernance. Il ne sert à rien de hausser les épaules devant les mauvais classements qui reviennent régulièrement. Les organisations internationales sont d'ailleurs beaucoup moins critiques que les économistes algériens à l'égard des politiques publiques. Le rapport 2014 du Doing Business de la Banque mondiale rendu public, hier, ne déroge pas à la règle. En matière de climat des affaires, l'Algérie est dans le bas du classement, classée à la 153ème place dans un tableau comprenant 189 pays. Par rapport à l'année dernière, l'Algérie recule d'un point. Les « efforts» annoncés en matière d'amélioration du climat des affaires, de lutte contre la bureaucratie peuvent partir de ce constat de bas de tableau. Il y a tout à faire ! Même si on se demande s'il est possible de réformer une administration enkystée et où le service public se transforme en «pouvoir». Il suffit de parler avec des petits entrepreneurs qui attendent qu'on leur règle leur situation pour saisir l'ampleur du problème. Ceux qui ne comprennent pas les «signaux» doivent apprendre à se morfondre. Le caractère déprimant du climat des affaires n'est pas une invention. Et l'on sait avec les «affaires» en tout genre que les marchés publics sont très problématiques. A l'opposé, la Tunisie, avec ses tumultes politiques et les nouveaux risques sécuritaires, reste le pays maghrébin où le climat des affaires est le plus intéressant. Toutes les difficultés de la transition n'ont fait perdre qu'un point à la Tunisie qui est classée à la 51ème position mondiale. Le Maroc, lui, a gagné dix places passant de la 97e à la 87e place et la Banque mondiale souligne qu'il a réalisé des progrès notables pour le climat des affaires. L'Algérie, le pays maghrébin le plus heureux, selon le très contestable rapport sur le bonheur mondial 2013 réalisé par le Réseau pour des solutions de développement durable des Nations unies, ne devrait pas trop s'y fier. Il suffirait qu'il y ait moins de pétrole - ou qu'il rapporte moins - pour que l'on dégringole. Il vaut mieux lire le rapport du Doing Business qu'écouter les autosatisfactions exprimées avec un zèle excessif par certains ministres. |
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