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Madani Larbi a de
la suite dans les idées. En 1968 il a débuté dans l'élevage apicole du côté des
cascades d'El-Ourit (commune d'Aïn-Fezza) chez un apiculteur chevronné de
l'époque, en l'occurrence, M. Merabet Sid Ahmed (décédé), avec qui il
découvrira tout le savoir-faire de l'apiculteur, du butinage à la mise en pot
du miel: l'organisation d'une ruche, la transhumance des abeilles, l'extraction
du miel ou encore sa mise en pot. En 1976, il a rejoint le centre apicole de
Mansourah (devenu coopérative apicole par la suite).
En 1984, il crée la pépinière forestière d'Aïn-Fezza. Aujourd'hui, installé sur le site de sa propriété privée, à l'entrée d'Aïn-Fezza, il est l'un des meilleurs spécialistes des abeilles de la région. Il est à la pointe dans la course contre la montre pour les sauver et leur éviter d'être frappées par des maladies. L'homme a 59 ans dont quarante cinq passés dans l'apiculture. Au milieu de ses dizaines de ruches, la vie n'est plus comme avant. Avant, les petites butineuses travaillaient bien dans les nombreux espaces verts et naturels et remplissaient bien les cadres de leurs ruches situées tout près des forêts d'Aïn-Fezza. Aujourd'hui, au moment de la récolte, l'apiculteur lui-même est surpris du poids des cadres qui sortent de ses ruches. « Il y a peu de temps, je produisais jusqu'à 15 quintaux de miel. Aujourd'hui, malheureusement je peine à en ramasser 2 ou 3 quintaux », souligne à notre journal M. Madani. Ce qui donne une idée des pertes enregistrées à ce jour. Cette baisse de production s'explique surtout, selon notre interlocuteur, par la détérioration de l'environnement à Aïn-Fezza. Les abeilles n'ont pas de quoi manger. « Toutes mes abeilles sont mortes à cause de ces carrières d'agrégats qui ont envahi notre région et aussi à cause des mauvaises conditions atmosphériques et en premier lieu les grosses variations de température particulièrement redoutées par les apiculteurs, l'utilisation massive de pesticides dans l'agriculture et les maladies, les virus et la disparition de l'habitat et de la nourriture». Des études scientifiques ont récemment épinglé les nicotinoïdes et démontré le lien entre les effets de ces produits sur le système nerveux des insectes et le déclin de leur population. « Chaque matin, ce ne sont pas des dizaines, pas des centaines, mais des milliers de cadavres que je retrouvais devant les ruches. Je n'ai plus rien aujourd'hui », ajoute-t-il. Il faut dire que ces dernières années, l'environnement à Aïn-Fezza a été fortement ébranlé. Des dizaines de kilomètres de forêts ont été abattus aux alentours des carrières près et le long des routes, et l'écosystème s'est nettement fragilisé. Sans oublier également la pollution des cours d'eau et les poussières. Face aux menaces de dégradation de l'environnement de la commune, le président de l'APC d'Aïn-Fezza, M. Mekkaoui Hamza, qui travaille dur comme fer pour protéger la grande diversité des ressources naturelles (Grotte de Beni-Add, cascades de l'Ourit, Sources, forêts?), est dans la tourmente. Il ne peut rien faire seul. Pour lui, les élus qui se sont succédés avant n'ont rien fait pour protéger l'environnement. Ils sont responsables de cette situation désastreuse. Pour Aïn-Fezza, seul un plan « Marshall » pourra sauver la situation? |
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