Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

CHU: Le cri de détresse du chef de service d'ophtalmologie

par A. M.

Le professeur Zakia Berkani, chef de service d'ophtalmologie du CHU de Constantine, a déclaré hier, au cours d'une émission radio, que la pathologie des yeux la plus répandue, aussi bien dans la région Est que dans tout le pays, est la cataracte. Se référant à des statistiques officielles établies en 2009 par l'Office national des statistiques dans le cadre d'une enquête de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle a affirmé que la prévalence de cette maladie à Constantine était de 24,8%. Celle du trachome était de 18% «alors que cette maladie a été totalement éradiquée dans beaucoup de pays», a-t-elle commenté, en ajoutant sur un ton pessimiste: «Je ne pense pas que les choses ont tellement changé depuis 2009».

Marginalisé à l'extrême et ne fonctionnant encore que grâce au dévouement de son responsable, le service fait pourtant face à la grande affluence des malades qu'il reçoit de toute la région Est. Le professeur Berkani indiquera qu'elle se trouve engagée sur deux fronts : pédagogique, puisqu'elle enseigne la discipline à la faculté de médecine de l'université Constantine 3 tout en s'occupant de 13 étudiants en formation dans son service, et le volet médical pour la prise en charge des pathologies oculaires «dans des locaux très anciens, étroits et vétustes, qui suintent de partout lorsque tombe la pluie. Quant à la situation dans laquelle se trouver le bloc opératoire, il vaut mieux ne pas en parler !», a dit avec amertume cette praticienne qui se trouve être la seule chirurgienne de cette structure.

Dans l'émission hebdomadaire «Forum de la radio», il s'agissait de faire la lumière sur les conditions de prise en charge des malades du service d'ophtalmologie et de connaître le genre de maladies les plus répandues dans notre région. Expliquant l'état d'abandon dans lequel est confiné ce service qu'elle dirige depuis seulement trois années, elle a déclaré d'entrée que ce service s'était totalement effondré à la fin des années 70, après le départ du médecin français qui le chapeautait et qui fut suivi de l'exode des médecins qui sont partis vers le secteur privé. Seule chirurgienne à bord, alors que la structure reçoit 200 malades par jour, le professeur Berkani assume une responsabilité des plus ardues, «car, a-t-elle souligné, je n'ai même pas une secrétaire à ma disposition et ensuite le service manque de tous les moyens humains et matériels nécessaires à son bon fonctionnement, alors que parallèlement nous subissons une pression terrible pour prendre en charge les cas d'urgence qui se présentent à nous après avoir subi des traumatisme oculaires à la suite d'accident divers».

En 2010 et en 2012, a-t-elle signalé, elle a écrit au ministère de tutelle et à l'administration du CHU pour demander une équipe médicale, «mais apparemment, a-t-elle dit, la tutelle centrale était plus occupée par l'encadrement des structures sanitaires situées dans le sud du pays et je n'ai encore reçu aucun écho de l'administration de l'hôpital». Et de prôner le renforcement du service par une équipe médicale étoffée et dotée de moyens techniques modernes ainsi que des consommables. Ensuite, indiquera la responsable du service d'ophtalmologie du CHUC, il faut s'occuper de la restauration des locaux qui tombent en ruine. En conclusion de son intervention, le professeur Berkani a lancé un appel pathétique aux autorités concernées pour la préservation et la continuité de ce service, disant notamment que «les gens simples trouvent du réconfort chez nous pour une raison simple : la prise en charge de leur pathologie ne leur coûte rien alors qu'une simple consultation dans le secteur privé leur est facturée 4.000 dinars». «Alors, a-t-elle souhaité, faisons en sorte que les prestations médicales et chirurgicales que nous leur offrons soient conservées et améliorées».