Après une ouverture plus ou moins timide, le nouveau marché à bestiaux
d'El Kerma, à Oran, commence à drainer de plus en plus de monde. A trois jours
du jour du sacrifice, l'affluence était à son comble, hier, avec des centaines
de visiteurs venus, parfois en compagnie de leurs enfants, pour choisir en
famille le mouton de l'Aïd. Grand bémol, toutefois, l'anarchie constatée aux
abords du marché, au niveau de ses accès et même à l'intérieur de l'enceinte.
Fait inhabituel, des bouchons de plusieurs centaines de mètres sont formés sur
la nouvelle voie rapide menant au marché. Les véhicules avancent très lentement
derrière les trois files qui se sont formées. Arrivant à l'entrée proprement
dite du marché, tout semble s'expliquer. Un gros camion à bétail est stationné
au niveau même de l'entrée, laissant un passage étroit que se partagent les
véhicules et les personnes pour accéder au marché. On demande à un commerçant
pourquoi toute cette anarchie et où étaient passés les responsable chargés de
l'organisation au niveau du marché. Le commerçant, assis à même le sol, semble
amusé par notre interrogation. Les responsables chargés de l'organisation
dites- vous ? Où est-ce que vous voyez l'organisation ? Moi, j'attends ici
depuis deux heures sous le soleil pour sortir et je n'y arrive toujours pas. Et
si vous voulez voir les responsables, il fallait venir le matin, au moment où
ils viennent pour percevoir cinquante dinars pour chaque bête qui entre et 100
dinars pour le véhicule. Si moi j'attends un peu ce n'est trop grave. Moi je
suis d'Oued Tlélat. Mais je peux vous dire que pour les éleveurs qui sont venus
du Sahara, ça ne doit pas être drôle de poireauter pendant des heures, juste
pour sortir du marché. On accède enfin à l'intérieur de l'enceinte du marché.
Et là, surprise, on trouve des marchands de friperie, mêlés avec des marchands
proposant des couteaux et autres ustensiles de boucherie et des points de
restauration rapide. Ce n'est que quelques mètres plus loin qu'on trouve enfin
les moutons qu'on était venus voir. Point positif cependant dans toute cette
anarchie, le choix est varié. On trouve du petit agneau à 21.000 dinars au
bélier dont le prix dépasse les 61.000 dinars, une large fourchette. Des
moutons, donc, à tous les prix. Les affaires semblent bien marcher, bien que la
baisse des prix attendue n'a pas eu lieu. Certains maquignons ayant réussi à
écouler leurs marchandises proposent à d'autres de racheter l'ensemble de leur
bétail, histoire de profiter encore de ces trois jours qui restent avant la fête
pour augmenter leurs bénéfices. Fait louable qu'on a remarqué chez beaucoup de
commerçants. Ils refusent de céder leurs bêtes à des revendeurs. Pour eux, ça
ne fera qu'augmenter encore les prix. Mais à part la conscience de certains
maquignons, rien ni personne au marché à bestiaux d'El Kerma ne protège les
petites bourses de la cupidité des spéculateurs.