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Violences à Ghardaïa : Les notables s'en prennent à la presse
par Moncef Wafi
Les sages et représentants des habitants de la vallée du M'Zab n'ont pas
trouvé mieux, en condamnant ce mercredi les dernières violences qui ont
traversé leur région, que de s'en prendre aux médias en fustigeant sans appel
la couverture médiatique de ces événements qu'ils qualifient de contraire au «
travail journalistique noble » et de « pratiques irresponsables ». Dans un
communiqué rendu public hier à l'issue d'une réunion extraordinaire de
l'ensemble des sages de la vallée du M'Zab, l'accent a été mis sur «
l'irresponsabilité » de certains titres de presse dans la couverture des heurts
entre citoyens qui se sont produits récemment dans les quartiers d'El-Ain et de
Bab El-Haddad (Ghardaïa). Ces bagarres, suivies de jets de pierres, ont éclaté
entre des jeunes suite à une action de protestation contre une coupure d'eau
marquée par la fermeture de la route menant vers Daya Ben Dahoua. Des jeunes de
différents quartiers situés sur l'axe de la route en question ont voulu briser
le mouvement de protestation qui gênait le trafic routier, déclenchant ainsi
des disputes et des jets de pierres. Plusieurs véhicules et autobus de
transport ont été caillassés durant ces échauffourées avant que les services de
police, les notables et les autorités locales n'interviennent pour rétablir
l'ordre. Pour les rédacteurs du communiqué, la couverture médiatique de ces
événements est un « précédent dangereux », une « apologie » et une « incitation
à la division visant la déstabilisation de la région et, par la même, du pays
en essayant d'induire en erreur sa jeunesse », sans pour autant préciser les
teneurs ni la qualité des titres de presse ciblés. Cette condamnation sans
équivoque de la presse ne trouve pourtant aucune justification valable et l'on
comprend mal que les comptes rendus des journaux sur des heurts entre jeunes de
quartiers différents soient assimilés à un véritable crime contre l'Etat. Le
communiqué en question dénonce également des « parties », qui restent inconnues
pour le moment puisque la même source ne les cite pas, et qui ont manipulé ces événements
à des fins obscures. Les notables invitent ainsi l'ensemble des habitants de
Ghardaïa à s'armer d'une « extrême vigilance » en s'opposant à « toutes
tentatives et actes de nature à menacer la cohésion sociale, la sécurité et la
stabilité de la région ». Rappelons que trois personnes soupçonnées d'avoir
participé à ces heurts ont été interpellées la semaine dernière et présentées
devant la justice pour « jets de pierre, outrage et violence contre les
passants ». Par ailleurs, et toujours dans la même wilaya, des émeutes ont
éclaté à Métlili pour dénoncer les coupures de courant de Sonelgaz. Dans la
nuit de samedi à dimanche derniers, des habitants de Métlili avaient incendié
le siège de l'agence commerciale de Sonelgaz ainsi qu'un de ses véhicules. Le
motif : dénoncer le retard accusé dans le rétablissement du courant électrique
tel que prévu dans l'agenda de la société nationale de l'électricité et du gaz.
La Sonelgaz avait annoncé, trois jours à l'avance, sur les ondes de la radio
locale et sur les affiches placardées dans les quartiers, une coupure
d'électricité pour travaux sur le réseau de transport pour le samedi 5 octobre
entre 5h00 et 17h00 dans la région sud de Ghardaia (Métlili et Mansourah), mais
ses agents n'ont pu rétablir le courant à temps ce qui a mis le feu aux poudres
et poussé les protestataires à saccager les bureaux de l'agence commerciale de
Sonelgaz de Métlili avant d'y mettre le feu.
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