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Réunion gouvernement/patronat/UGTA : Une tripartite pour tenter de remettre l'économie sur rails

par Z. Mehdaoui

Une tripartite, regroupant le gouvernement d'un côté, le patronat et l'UGTA de l'autre sera organisée aujourd'hui jeudi.Officiellement, toutes les parties vont essayer d'élaborer une charte contenant les grandes orientations de l'économie nationale comme préconisé récemment par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Ce dernier a multiplié, faut-il le rappeler, les déclarations sur la nécessité d'aboutir à cette charte en toute objectivité pour consacrer un développement qui profitera à l'Algérie.

De nouvelles mesures pour encourager l'investissement viennent d'être introduites dans le cadre du projet de loi de finances pour 2014. Ces dispositions adoptées en Conseil des ministres portent sur des facilitations pour les projets d'investissements dans les wilayas du Sud. En effet, les jeunes promoteurs et les chômeurs de ces wilayas éligibles aux dispositifs Ansej, Cnac et Angem bénéficieront, en matière d'IRG, IBS et de la TAP, d'une prorogation à 10 ans de la période d'exonération fiscale. Les investissements déclarés en Algérie ont plus que doublé durant le premier semestre 2013 pour atteindre 856,7 milliards de DA (11,2 milliards de dollars) contre 411,6 milliards de DA à la même période en 2012, en hausse de 108%, selon le dernier bilan de l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI). Renforcer et promouvoir l'entreprise, moteur de toute action de développement économique, sera, selon les observateurs, au cœur des débats qui seront axés tout particulièrement sur l'environnement institutionnel et économique dans lequel évolue l'entreprise industrielle algérienne.

Le Premier ministre s'est montré par ailleurs très ferme quant à l'urgence de relancer la machine économique du pays à travers notamment la mise en place de mécanismes à même de faire face à l'hydre de la bureaucratie qui hypothèque toute action visant le développement du pays.

Le gouvernement Sellal réussira t-il là où tout les autres ont échoué ? La question mérite d'être posée, sachant que le patronat dans son ensemble et même l'UGTA, dans certains cas, reconnaissent que le problème ne se pose pas tant sur la prise de décision mais bien dans son application. En fait, la tripartite se déroulera sûrement dans un climat de méfiance partant du constat que les chefs d'entreprise, sont las des promesses sans lendemain des pouvoirs publics.

Il ne s'agit donc de ne pas faire, à l'occasion de cette 15ème tripartite, dans l'effet d'annonce, mais de trouver des voies et moyens d'appliquer les lois de la république qui sont très souvent bafouées par l'administration à tous les niveaux comme s'il y avait un Etat dans l'Etat. L'autre «quiproquo» qui risque de peser lourdement sur cette rencontre est le fait que le patronat part encore une fois divisé. Chacun semble ramer de son côté.

La dernière entreprise d'unir les rangs du patronat algérien commence à montrer des frictions avec le retrait notamment du FCE de l'association devant englober huit organisations patronales et qui a été créé dans la perspective de faire front face au gouvernement.

L'autre problème qui porte à équivoque également c'est la décision du gouvernement d'inviter pour la première fois des «associations patronales» qui n'ont, ni poids ni ancrage dans la sphère économique et qui ont été conviées à faire les figurants en tant «qu'observateurs».

Il faut savoir que la quasi-totalité des décisions prises lors des différentes tripartites n'ont pas été respectées sur le terrain. Le président de la Confédération algérienne du patronat, Boualem M'Rakech, nous a affirmé hier que ni les 200 décisions prises lors de la dernière tripartite il y a deux années ni le pacte économique et social et plus récemment les 94 décisions prises par la Commission interministérielle pour l'amélioration du climat des affaires, n'ont été réellement appliquées.

Dans une déclaration au «Quotidien d'Oran», le responsable de cette organisation préconise la création d'un centre de médiation et de veille régulier pour lutter contre la bureaucratie et suivre sur le terrain l'application des décisions prises dans le cadre des différentes tripartites.

«Il y a urgence en la matière pour débloquer le développement économique et social de l'Algérie», tonne Boualem M'Rakech qui attend, dit-il, de cette 15ème tripartite qu'elle assume pleinement sa mission en prenant en compte l'ensemble des partenaires économiques et sociaux.