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La matrice sociétale tunisienne triompherait-elle de la stratégie
politique hégémoniste, développée par les allemands du national socialisme,
reprise par les islamistes et qui consiste à utiliser les outils de la
démocratie, les élections entre autres, pour prendre le pouvoir et ne plus
jamais, le lâcher ?
Il semble bien que oui. Car effectivement, et se serait une première dans le monde arabophone, que des organisations de la société civile arrivent à faire pression et faire plier des partis politiques, les amener à la table des négociations, quasiment sans violence, pour amender, reconsidérer et apporter des correctifs à un projet de société, prôné par une partie de la population, fondé sur la politisation de la religion musulmane. Le samedi 5 octobre 2013, après moult tractations, reports et revirements, l'Union Général Tunisienne du Travail, l'Union Tunisienne de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme et l'Organisation Tunisienne des Avocats Tunisiens, dénommés désormais le Quartet, par opposition à la troïka qui dirige le pays depuis les élections du 23 octobre 2011, avaient réussi à organiser la première réunion du dialogue national. Cette assise tant attendue avait démarré le samedi 5 octobre à 9 heures au Palais des Congrès de Tunis en présence, d'une part, des trois leaders de la troïka, le président de la république par intérim Moncef Marzouki, le président de l'assemblée nationale constituante et Mostéfa Ben Jaafar, et le premier ministre Ali Laarayed. Et de l'autre, les quatre parrains de l'initiative et les représentants de 26 partis politiques. Toutefois pour s'imprégner de l'ambiance qui avait prévalu en Tunisie et qui avait conduit à ce que des organisations tunisiennes, autres que les partis politiques prennent une telle initiative pour le moins inédite sous ces cieux et bien d'autres dans la même sphère géographique, culturelle et civilisationnelle ; un retour sur la chronologie des évènements donnera au lecteur plus de visibilité. Tout avait commencé le 25 juillet 2013 le jour de l'assassinat du leader du mouvement populaire et député Mohamed Brahmi. C'était le deuxième meurtre, en l'espace de six mois, visant une personnalité politique, exécuté par des terroristes islamistes, après celui de Chiokri Belaïd, avocat et secrétaire général du mouvement des patriotes démocrates, le 6 février 2013, avec la même arme à feu. Ce qui allait devenir le quartet (Ugtt, Utica, Ltdh et Onat) dénonça aussitôt l'assassinat de Mohamed Brahmi et décidait de la suspension du dialogue national qui avait démarré en mai 2013. Par la suite, et le 30 juillet 2013, l'Ugtt présentait une initiative de sortie de crise qui prévoyait la dissolution du gouvernement en place, et le choix sur fond de compromis d'une personnalité nationale indépendante qui se chargera de constituer un gouvernement formé de compétences nationales, dans un délai de sept jours. Le 6 août 2013, le président de l'assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, décide la suspension des travaux de l'ANC jusqu'à l'ouverture d'un dialogue entre tous les acteurs politiques. 22 août 2013, le mouvement En-Nahdha accepte l'initiative de l'Ugtt envisageant la dissolution du gouvernement conduit par Ali Laârayedh et son remplacement par un gouvernement de compétences nationales avec le maintien de l'assemblée nationale constituante jusqu'au 23 octobre 2013. Après cela, c'est à dire le 30 août 2013, les parrains du dialogue national annoncent que la Troïka s'est engagée à accepter le principe de la démission de l'actuel gouvernement. Cependant, le 31 août 2013 : Les partis de l'opposition soumettent une nouvelle série de propositions au Quartet en réponse à la nouvelle initiative lancée par la Troïka. Mais le 4 septembre 2013, le Quartet annonce l'échec des négociations avec le Front du salut national sur les propositions. Revenant à la charge, 10 septembre 2013, le quartet propose une feuille de route pour relancer son initiative sur la base de la démission du gouvernement et de la reprise des travaux de l'assemblée nationale constituante en présence de tous les élus. Et le 17 septembre 2013, les organisations parrainant le dialogue national présentaient une feuille de route en trois points, en vue de la sortie de crise. Et ce ne sera que le 20 septembre 2013, qu'En-Nahdha qui tenait à conserver et à sauver son gouvernement, fit état de son adhésion à l'initiative du Quartet et de sa pleine disposition à entamer le dialogue national sans conditions. Néanmoins, le 21 septembre 2013, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail, Houssine Abbaci, considérait que la réponse du mouvement En-Nahdha à l'initiative du Quartet était restée ambiguë, notamment en ce qui concerne l'acceptation de la démission du gouvernement selon les délais fixés. Ainsi et sans desserrer la pression, et faire revenir les protagonistes à de meilleurs dispositions, notamment ceux d'En-Nahdha, la commission administrative nationale de l'Ugtt décida l'organisation de mouvements de protestation à l'échelle régionale et sectorielle, en faveur de l'initiative du Quartet. Dès lors, le 26 septembre 2013, des marches pacifiques dans plusieurs régions du pays en faveur de l'initiative du Quartet, furent organisées, et le 28 septembre 2013, le Quartet annonçait l'adhésion du mouvement En-nahdha à son initiative. C'est après toutes ces péripéties que 3 octobre 2013, l'Ugtt annonçait le démarrage, samedi 5 octobre 2013, du dialogue national, au Palais des congrès à Tunis. A la fin de cette première réunion, tous les présents, à savoir, les 21 leaders des plus importantes organisations politiques qui font le paysage politiques tunisien, à l'enseigne de Hamma Hammami, pour le parti des travailleurs, Rached Ghannouchi, pour le mouvement En-Nahdha, Béji Caïed Essebsi ,pour Nida Tounès, Kamel Morjane, pour le parti Al-Moubadara, Maya Jribi, pour le parti républicain, Mohamed Hamdi, pour l' Alliance démocratique, Ettakatol : Mouldi Riahi, et d'autres encore. Pour tout cet aréopage il fallait s'entendre et se mettre d'accord sur une feuille de route qui mènera le pays vers la sortie de la crise dans laquelle il s'empêtre et s'enfonce chaque jour un peu plus. Ces perturbations multiformes touchent tous les secteurs qui font la dynamique d'un pays. Il y a un marasme politique, une récession économique et beaucoup de dégâts dans les domaines de la création et de la production culturelle. Cette feuille de route comporte trois grands axes qui se déclinent en diverses actions et mesures à entreprendre, pour que le pays redémarre. Parmi ces axes et celui sur lequel En-Nahdha avait fait une fixette, et ne voulait rien lâcher, fut celui de la démission du gouvernement. Il fut aplani. Ainsi désormais, la feuille de route prévoit : premièrement le parachèvement des travaux de l'assemblée nationale constituante. Ce chapitre est ventilé en cinq points : 1/ la reprise des travaux de l'assemblée nationale constituante, appelée à finir l'examen des questions suivantes dans un délai qui ne doit pas dépasser quatre semaines à compter de la date de la première séance du dialogue national. 2/ le choix des membres de l'Instance supérieure indépendante des élections -ISIE- et l'installation de cette instance dans un délai d'une semaine. 3/ l'élaboration et la promulgation du code électoral dans un délai de deux semaines.4/ la mise en place d'un calendrier fixant la date des prochaines élections et ce dans un délai de deux semaines à compter de la date de l'installation de l'ISIE. 5/ l'adoption de la nouvelle constitution dans un délai maximum de quatre semaines en faisant recours à un comité d'experts pour accélérer cette opération. Deuxièmes, la formation du nouveau gouvernement, cette section est répartie en trois phases : 1/ parallèlement à la reprise des travaux de l'assemblée nationale constituante, commenceront les concertations pour choisir une personnalité nationale indépendante chargée de former un nouveau gouvernement et dont le nom sera annoncé dans un délai d'une semaine. Les concertations qui seront menées par cette personnalité aboutiront, dans un délai maximum de deux semaines, à la formation d'un nouveau gouvernement. 2/ le gouvernement actuel doit obligatoirement présenter sa démission dans un délai maximum de trois semaines à compter de la date de démarrage de la première séance du dialogue national. 3/ la formation du nouveau gouvernement sera approuvée par l'assemblée nationale constituante. Et enfin le troisième point, consacré au dialogue national ; qui prévoit : que les acteurs politiques s'engagent à poursuivre le dialogue national parrainé par le quartet en vue de parvenir à un consensus sur les points de litige qui entravent le parachèvement et la réussite de la période de transition. Pour la concrétisation de ce contenu de la feuille de route, une première réunion dite technique avait eu lieu le lundi 7 octobre 2013, pour en quelque sorte valider le règlement intérieur, qui régulera le déroulement des travaux, qui selon les participants débuteront soit ce jeudi, sinon demain le vendredi 11 octobre 2013. Il s'était agit selon monsieur Mohamed El Fadhel Mahfoudh, avocat, bâtonnier de Tunis et porte parole du quartet de régler des questions réglementaires relatives au processus décisionnel, à l'organisation du travail, à la fixation du lieu où se dérouleront les travaux de la commission et à la manière dont seront abordées les questions délicates, particulièrement, celle relative à l'institution supérieure indépendante des élections. Mais pour revenir à ma thèse de présentation, et par delà cette poussive arrivée à bon port, faite d'atermoiements, de tergiversations, et de louvoiements, les acteurs et le paysage politiques tunisiens, nous renvoient à travers cette maturité, qui reste au demeurant encore perfectible, de gestion des différends idéologiques et philosophiques, une image nette de la victoire de la raison sur la force. Et il y en aurait de quoi l'affirmer, avec tout ce que cela comporte comme risques, impossibles à évaluer à cet instant, faute de recul suffisant. Car en pareilles circonstances et semblables situations, chez les peuples de mêmes niveaux, le contraire se serait produit et les choses seront restées en l'état. On reprend les mêmes et on recommence, c'est-à-dire la reproduction de la loi de la force. Il n'y a qu'à voir ce qui se déroule dans les mêmes espaces géographiques, pour quasiment les mêmes raisons, les mêmes évènements etc. Mais alors pourquoi cette première en Tunisie qui augurerait des jours meilleurs pour la pratique de la politique dans ces espaces culturellement proches ? En plus de l'histoire de la formation de la classer politique, matériellement l'œuvre de l'action syndicale de gauche, dont certaines illustres personnalité avaient fait les annales et l'avaient ancrée dans la postérité, tels ,Tahar Haddad, Farhat Hached, Ahmed Ben Salah, Habib Achour, Taïeb Bakouche et bien d'autre encore. La classe politique tunisienne actuelle a l'avantage de bénéficier d'un droit d'inventaire. Forte de l'expérience algérienne des années 90 et de ses conséquences catastrophiques sur tous les segments qui constituent un pays. Ainsi que de tout ce qui passe en Libye où le spectre de la scission du pays est tous les jours de plus en plus insistant et impérieux, aux bénéfices d'intérêts, qui ne profiteront sûrement pas au peuple libyen. L'exemple suivi par l'Egypte, quoi qu'immédiatement utile pour éventuellement voir plus clair, au lieu de s'engager hasardeusement dans une aventure, dont les prémices étaient pour le moins liberticides. Néanmoins, le parangon égyptien n'est à long terme pas viable, ni durable. Il n'y a qu'à revoir et feuilleter l'histoire contemporaine de ce pays. Par ailleurs,et le plus intéressant dans ce cas de figure,j'allais dire d'école, c'est ce qui avait fait contre poids aux dérives que connaît la Tunisie depuis les élections du 23 octobre 2011,tant politiques que socio économiques,ce ne fut ni l'armée tunisienne,ni la rue. Mais ce sont l'opinion publique en général et la société civile en particulier, qui avaient pesé sur la balance des rapports de force en présence et avaient contraint tout ce beau monde politique à se rencontrer à se parler et à amorcer les premiers jalons de sortie de crise sous la houlette, de ce que les tunisiens avaient baptisé : les organisations parrainant le dialogue. Et c'est là où ce parangon secoue et interpelle, parce qu'il est singulier, et inhabituel dans nos contrées. Alors bravo, bon vent et bonne fortune a nos frères tunisiens, pour avoir engagé cette expérience. Pour tous les autres, méditer, reprendre et reproduire cette leçon tunisienne de se comporter en politique, ne fera de mal à personne. C'est un début d'apprentissage des comportements démocratiques, qui pour une fois ne vient pas du culturellement lointain et souvent douteux occident. Alors messieurs dames de la politique? |
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