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L'actualité ne parle que du probable mouvement des walis. Personne ne dit
mot sur ces walis mouvementés. Ils sont nombreux ceux qui sont partis en pleine
mission. D'autres le furent après accomplissement. Le reste subit et se tait.
J'aurais voulu décaler cette chronique jusqu'à ce que le mouvement annoncé aille lieu. Là, l'analyse ne serait qu'édifiante coté critères sélectifs de nomination, maintien ou de départ. Sachant en toute évidence que la pertinence du-pouvoir discrétionnaire est absolue. Cependant il m'est difficile, vu la rareté d'informations sur le sujet de pouvoir faire remonter à la surface le calvaire vécu dans leur chair par certains grands commis de l'Etat. Il n'existe pas de listing des walis qui ont eu à gérer des régions entières. Le ministère de l'intérieur gagnerait en faveur de son site électronique d'insérer une rubrique « nominations » dédié à ces commis. Seule la mémoire vive, certains témoignages décousus peuvent aléatoirement commenter le passage des uns et carrément mettre sous paillasson celui des autres. Le net n'offre quand à lui nulle culture sur les Walis d'avant 2004. Quelques bribes de récits journalistiques, des commentaires récents, pas plus. Le meilleur hommage serait justement cette dédicace électronique à leur conférer par leur employeur, le ministère, voire l'Etat algérien. Qui se souvient d'Abdelaziz Bouloukroun, Khelifa Bendjedid, Walis de Sétif ? De Rachid Aktouf Wali de Chlef ? De Sahraoui Nourredine Wali de M'sila et de Skikda ? De Serradj Mohamed, Benguetat Ada Walis de Batna ? De Guedmani Abdelwahab Wali d'Ouargla, Abderrahim Setouti Wali d'Oran et de Tlemcen ? Ahmed Bakhti Wali de Blida ? Abdelkader Benayada Wali de Laghouat ? et bien d'autres qu'une mémoire de chroniqueur de province ne peut en étaler l'itinéraire, ni en dresser inventaire. Mohamed Belal Wali de Tissemsilt a été assassiné, en 1994, près de Theniet El Had, alors qu'il était en tournée d'inspection et de travail. Saidi abdelhafid ex Wali en fonction au sud aurait connu un AVC, au même titre que le Wali de Temounchent et de Tindouf. L'ex-secrétaire général a la wilaya de Constantine (1980), directeur des relations publiques à la présidence de la république a été victime d'une tragédie familiale en mai 2010. Cet homme a été président de la fédération de handball dans les années de gloire 75/76. Son fils malade depuis 1988, aurait vu sa maladie s'aggraver à cause de ceux qui l'appelaient « Ould el Wali ». Ces mauvaises langues avaient nourri en lui un complexe de « simplicité » que son père s'est toujours attelé de le lui enseigner. Le fils aurait vécu un second choc lorsqu'il avait su que sa mère était atteinte par le mal du siècle ; raconte ainsi la postérité. Le drame tout aussi récent du fils du Wali de Tiaret est un autre cas d'angoisse que subissent différemment ces fonctionnaires. Le décès chez lui début 2010 du Wali de Saida, de Rachid Zellouf en son domicile à Tizi ouzou en mars 2010, de Gouhmaz El hafedh ancien Wali de Khenchela en avril 2013 prouve une fois encore qu'un Wali n'est pas mieux loti que quiconque. Ils n'ont pu hélas se servir d'une prise en charge à l'étranger. Ils sont mort presque en service commandé, car même retraité ou en retrait, ils se contraignaient à s'astreindre à cette fameuse obligation de réserve. Ils sont nombreux ces cadres visibles et peu ou prou célèbres ou enfouis dans l'historique des arcanes du pouvoir mais qui vivent comme des citoyens ordinaires, avec tout le lot d'inquiétude, d'indifférence et de simplicité. Personnage hautement étatique ou symbole du pouvoir local ; le Wali voire la notion qui lui étant rattachée demeure astreinte à une éternelle suspicion vacillant entre la mesure politique et la définition usuelle et administrative. Qu'en est-il au juste ? Dépositaire officiel de l'autorité légale de l'Etat ; le Wali n'est-il pas en passe de devenir un simple fonctionnaire qui n'a d'officielle que l'apparence protocolaire de l'Etat ? En fait il n'est qu'un sentiment à distiller vers la plèbe afin de la ramener à croire localement en une unicité de commandement, une représentativité exclusive du gouvernement. Il ne peut, eu égard aux maigres prérogatives « légales » que lui confèrent le code de la wilaya se prévaloir d'être le délégué du président de la république. Donc, sa capacité de représenter l'Etat est quelque part effrénée par manque d'attributions sectorielles données échappant totalement à son emprise. De droit et non de facto. Car en réalité et dans la pratique, pour certains Walis, le pouvoir qu'ils sont censés exercer dépasse largement celui accordé au président de la république, à défaut de codification précise. Certes ils ne peuvent amnistier, ni gracier, mais font peser leurs poids sur l'orientation à donner à ceux là même qui sont appelés à traiter les causes d'une grâce fiscale, d'un avantage foncier, d'une concession minière ou d'une promotion immobilière. Ils sont l'aide et l'assistance à la décision politique, sinon ils participent grandement à son accomplissement selon le canevas préétabli par une tutelle. Ils sont comme les gardiens sans supervision hiérarchique, du temple. La hiérarchie leur est une source d'émanation de toute disposition. Ils ne pensent pas. Ils appliquent. Comme sensation organique de l'existence d'un démembrement extérieur de l'Etat, ils se font passer ou leur fait-on passer au regard des administrés tels des passe-droits, des réalisateurs de fortunes, des architectes de la fraude électorale ; enfin des fluidifiants à tout obstacle généré par une grogne, une émeute, un ras-le-bol etc.? Fondement superficiel, la commune étant la cellule de base de la collectivité locale, le Wali veille pour le compte du gouvernement dit-on à la bonne application de la loi. Tellement que la diversité de cette dernière prend de l'immensité sectorielle, qu'elle arrive en fin de compte à dépasser rapidement la compétence naturelle de ce poste. Doté de tout un appareil administratif au chef lieu, entouré de plusieurs « sous-Wali » aux quels sont soumises les communes de façon éclatante, présidant fonctionnellement sur toutes les administrations des services extérieurs des ministères, comment ce personnage, ce « commis de l'Etat » arrive t-il à éviter des erreurs de commandement, des mauvais choix de stratégies, et d'écarts flagrants quant-à la bonne gouvernance de sa finance locale ? Ainsi on le voit en dépit des textes lui faisant échapper tout attribut hiérarchique vis-à-vis d'institutions données ; prendre « des mesures nécessaires » ou des « dispositions adéquates ». Le tout est pris en conformité à « l'intérêt général » au maintien de « l'ordre public » ou à défaut de l'un ou de l'autre ; le mystère de la « raison d'Etat » est brandi. A. K. administrateur principal et spécialiste de l'administration et des collectivités territoriales a écrit que « les premières nominations aux postes de préfets et de secrétaires généraux de préfecture de l'Algérie indépendante le furent par la série d'arrêtés, datés du 21 aout 1962 et publiés au journal officiel de l'Etat algérien n° 11 du 04 septembre 1962 ». Le système de la fonction publique décrété en 1966 a été élaboré sur l'héritage du système colonial français. Outre les appellations respectives des fonctions de préfets, sous-préfets, maires qui ont connu un genre « d'arabisation » les attributions toutes aussi respectives n'ont pas grandement changé. Dès la mise en œuvre, l'on voyait surgir le spectre de la politique. Il fallait réduire sensiblement les pouvoirs que pourraient avoir les détenteurs de ces fonctions publiques. Le maire en est réduit d'une façon aléatoire en un banal exécutant aux mains d'un Wali, qui à son tour devient une simple transmission d'ordres et vaillant exécutant pris entre les serres de sa hiérarchie. Hiérarchie déclarée ou agissant dans sa proximité. Quel est cette personnalité, appelée Wali à qui l'on refuse de droit de gracier ou d'éponger à titre d'exemple une contravention de simple police à un citoyen-administré de bonne conduite, de bonne foi et de haute civilité ? En dehors du domaine quoique résolu comme administratif ; élections ; mandat populaire, délibérations communales, implantation de projets d'utilité publique, expropriations, titre de concessions ; mais qui se couvre sous un emballage purement politique ; le Wali n'a semble t-il aucun autre pouvoir légal. Dépouillé totalement de l'infime capacité à régler un cas social en toute transparence, il demeure à juste titre un « quart de président » dans sa wilaya. En vertu des textes en vigueur il ne peut attribuer un logement. Tout passe par des commissions. Les terrains, les lots, les marchés, les projets, les routes ; l'électrification. Mais?dans la pauvre réalité, la réalité est tout autre. Les Walis, certains Walis du moins, arrivent quand bien même à surpasser le tiers, le quart et le président même ! Ils font fourmiller autour d'eux, associations, comités de quartiers, et créent pour la circonstance des instances à mesure de pouvoir satisfaire leur instinct de survie. ils font élire des maires, des députés et des sénateurs dans la seule optique d'être au diapason du desideratum alternatif d'un degré plus élevé dans la pyramide des fonctions publiques. Les partis, comme les personnes au gré des scandales, des amours et des répudiations sont tantôt chouchoutés tantôt bannis. Nul égard aux penchants populaires, majoritaires ou politiques de leurs sujets. Ils font la prière en public, comme ils trinquent à huis clos. Ce qui semble animer bon gré, mal gréces quelques titulaires de postes, c'est l'absence de statut. Pour la prospérité du pays, ils sont les victimes heureuses d'un système. L'escalade aux postes leur fait miroiter faussement qu'ils sont là pour le bien de ce pays. Qui peut en fait ou en droit obtenir les faveurs de cette nomination ? Tous et personne. Il n'existe pas une pépinière académique d'où seront puisés les embryons de futurs Walis. Tout est aléatoire. La simple jointure à une borne solide d'une rive du pouvoir peut faire le nécessaire. Ils sont venus de tout horizon. De l'énarque persévérant au petit directeur d'un espace de formation. De leur ensemble, il y a tout de même certains qui se sont distingués par une neutralité difficile à conserver en ces temps et par une perspicacité légaliste dans le traitement des affaires étatiques. Heureusement pour eux et pour la noble éthique de la fonction publique. Ils auraient à faire un jour l'addition de l'évincement. D'autres, plus nombreux se comportent en d'incontestables « mouhafedh » si l'Etat était le FLN d'antan. Farouches militants de l'Etat providence. Plus patriotiques, plus jaloux que les autres sur la chose nationale, ils tentent d'édicter la manière d'aimer son pays, son président et même son Dieu. Au risque de se reproduire, n'avions-nous pas clamé que le président de la république, sur les trente millions de citoyens et plus, n'a-t-il pas la sagacité de pouvoir choisir 48 Walis, tous beaux, élégants, courtois, compétents, neutres dans le traitement, impartiaux dans le jugement et plus ou moins jeunes ? Leur rôle est important en tant qu'animateurs locaux. Ils sont comptables des choix du développement local, de l'équilibre régional dans la distribution des recettes budgétaires, l'orthodoxie dans la dépense, la lutte contre la misère culturelle et la moralisation de leurs administrés. Exemple de crédibilité, ils pourront pour certains claquer la porte avant le jour fatal. Un baroud d'honneur apporte toujours un baume dans le cœur. Mais hélas, il y a des Walis, qui avant qu'ils ne le soient, étaient d'un comportement ordinaire avec tout leur originel environnement. Une fois se faisant appeler « sid el Wali ! » ils ne peuvent lutter contre cet ego étouffant de continuer à connaître ceux qui les ont connus quand ils ne furent que fœtus administratif, illustre anonyme pour s'offrir à une nouvelle connaissance de puissance, de force et d'intérêts. Même dans ce corps républicain, les différences de traitement font loi. Les uns passent pour d'intangibles gouverneurs, les autres pour de simples hauts fonctionnaires. Le probable mouvement va constituer certainement un indice majeur dans la tactique politique. Si jamais il sera large et général, ceci exprimerait que l'échéance électorale d'avril est à abandonner et par conséquent va entrainer une révision constitutionnelle consacrant la prolongation du mandat présidentiel. Car il est difficile pour les nouveaux arrivants de pouvoir en un temps record tisser des relations publiques managériales à même d'agir sur la réussite de ces joutes. S'il va cependant se limiter uniquement à pourvoir les postes laissés vacants par les nouvelles promotions ministérielles, avril sera au rendez-vous. En tous cas, il y va de la stabilité nationale de ne pas trop mouvementer encore ce corps et ne parer qu'aux urgences en la demeure, eu égard aux 3 mois qui restent aux élections présidentielles prévues en avril 2014 et dont la convocation des électeurs est à faire au moins 60 jours avant terme. Ce qui semblait se dire au dernier conseil des ministres. |
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