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L'ONILEV, l'Office national interprofessionnel des Légumes et Viandes,
dont la création a été annoncée en octobre 2009 par le inistère de
l'Agriculture, a pour objectif de contrecarrer les spéculations tarifaires par
des moyens législatifs, techniques et économiques tout en impliquant
professionnels, producteurs et consommateurs.
Dans cet entretien, le DG de cet office revient sur les actions et les mesures prises pour contrecarrer les hausses souvent injustifiées des égumes et viandes en ce mois de Ramadhan et affirme que l'intervention de l'ONILEV pour réguler le marché est constante durant toute l'année pour protéger le consommateur. Le Quotidien d'Oran : Bien que les missions de l'ONILEV soient permanentes et ne dépendent pas d'un fait particulier, le Ramadhan constitue néanmoins un test grandeur nature de ses capacités à réguler le marché. Sahraoui Benallel : Vous avez tout à fait raison. La vocation première l'ONILEV n'est effectivement pas de répondre à des pressions conjoncturelles sur le marché. Nous intervenons toute l'année pour garantir un équilibre constant entre l'offre et la demande en produits agricoles de large consommation comme la pomme de terre, la tomate, l'oignon, les viandes rouges et blanches. Cela dit, pour ce mois de Ramadhan, le premier depuis que l'ONILEV a officiellement pris en charge la régulation de la pomme de terre, des viandes blanches et de la tomate industrielle, l'intérêt d'un organisme comme l'ONILEV dans le paysage économique national apparaît clairement. Je ne vous apprends rien en vous disant que pour nous, « l'opération Ramadhan » a démarré, il y a plusieurs mois. Les stocks immenses en poulet prêt à cuire réalisés ces derniers mois ont participé à tirer les prix du poulet frais vers le bas durant ce mois sacré, sachant que traditionnellement, une forte pression s'exerce sur ce produit les dix premiers jours. L'ONLIEV en tant que maillon central du système de régulation des produits alimentaires de large consommation (Syrpalac) a contribué à maintenir à flot la filière avicole lors de l'effondrement des prix des viandes blanches constaté, en favorisant son stockage, il y a quelques mois, et évité l'habituelle flambée du début du Ramadhan, puisque toutes les quantités en surplus se retrouvent actuellement sur le marché, avec en prime une très bonne qualité du produit à tout point de vue et à un prix abordable, puisqu'il est cédé à 230 DA le kilogramme. A ce niveau, nous pouvons effectivement dire que ce Ramadhan est un véritable test grandeur nature, sachant que l'action est nationale. L'on peut se féliciter du succès remporté sur cet important segment de la production agricole. Pour le reste des produits dont nous avons la charge, les opérations de stockage et de déstockage se déroulent normalement et il n'y a pas de raison de craindre une quelconque poussée inflationniste, vu que nous sommes en période de pleine production, pour une très grande partie des légumes, notamment la pomme de terre, l'oignon et la tomate. Les niveaux de prix que nous constatons à travers la veille que nous tenons au niveau de l'ONILEV font ressortir une situation tout à fait normale aux quatre coins du pays. Q.O.: Les prix des légumes sont effectivement à la portée de la bourse moyenne, mais on ne peut pas dire autant des viandes rouges. Comment expliquez-vous la tendance haussière permanente des prix pour ces produits précisément ? S.B.: Laissez-moi vous dire d'abord que la situation n'est pas aussi dramatique que cela. Il existe des indicateurs sérieux qui nous permettent d'entrevoir une évolution positive à moyen terme pour ces produits. Il faut savoir en effet que la production nationale des viandes rouges est en progression constante. De plus de 3, 8 millions de quintaux en 2010, elle a dépassé le cap des 4 millions de quintaux en 2011, pour atteindre les 4, 4 de millions de quintaux en 2012. Une filière qui produit plus, avance indéniablement. Cependant, pour ce produit précisément, il y a lieu de constater que les consommateurs achètent leur viande locale de plus en plus cher. Il y a plusieurs niveaux d'explication à ce phénomène. Mais avant, il est important de souligner que pour ce Ramadhan précisément, l'offre est bien plus large que durant les années précédentes, avec un niveau d'importation qui n'a pas changé, contrairement à ce qui s'est dit récemment. Quelques chiffres pour illustrer cet état de fait. En 2010, l'Algérie a importé 574.780 quintaux de ce produit. L'effort d'agir sur les prix a amené une hausse des importations qui sont passées en 2012 à 717.570 quintaux. Cette quantité vient en soutien à une production qui, au risque de me répéter, a notablement progressé l'année dernière. Cette année, les chiffres n'ont pas encore été consolidés par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, mais il est attendu un autre pic de production. Globalement, l'Algérie produit un peu plus de 85% des viandes rouges mises sur le marché national. Ces performances seront sans doute améliorées par l'entrée en service des trois complexes d'abattages implantés dans les Hauts-Plateaux, à El Bayadh, de Hassi Bahbah et Ain M'lila et à l'issue de la réhabilitation des installations des abattoirs d'Annaba. Ces installations produiront plus de 500.000 quintaux annuellement. Cette importante quantité mise sur le marché aura un effet certain sur le marché national des viandes rouges. Mais pour l'heure, vous aurez constaté que les prix affichés, pour ce qui concerne les viandes issues des importations varient entre 550 et 950 dinars le kilogramme. L'offre en produits est réellement large cette année, puisqu'en plus de la viande rouge congelée, il y aura de la viande bovine fraîche d'importation. Il convient de souligner également que de la viande ovine locale, issue des élevages de la SGP Proda, est proposée à des prix variant entre 900 et 1 200 dinars le kg. Cela pour la gestion conjoncturelle. Pour ce qui nous concerne, nous estimons que l'essentiel des problèmes de cette filière vient de son déficit organisationnel. Nous avons l'intention d'organiser tous les professionnels exerçant autour de cette filière. Le Conseil national interprofessionnel que nous comptons mettre en place bientôt, saura défendre les intérêts de tous les intervenants dans cette filière et stabiliser durablement le marché des viandes rouges en Algérie. Sachez au passage que le succès que connaît la pomme de terre est en grande partie dû aux professionnels eux-mêmes qui se sont organisés dans un conseil interprofessionnel qui défend leurs intérêts et ceux du consommateur. Q.O : Vous dites que les missions de l'ONILEV vont au-delà du mois de Ramadhan. Quel est donc la portée d'un tel organisme sur le monde agricole et sur les consommateurs ? S.B : Notre Office est chargé de susciter auprès des acteurs de toute filière la création de Conseils interprofessionnels pour chaque filière dont nous avons la charge, soit la pomme de terre, l'oignon, l'ail, la tomate industrielle, la datte, les agrumes et enfin la filière oléicole. Ce travail a pris, vous le devinez bien, un certain temps. Aujourd'hui, nous avons réussi à installer la quasi-totalité des Conseils interprofessionnels des filières sus-cités. Nous sommes actuellement en phase de renouvellement des structures à travers un processus électoral transparent. Le Conseil national interprofessionnel de la filière pomme de terre a été renouvelé avec succès. Nous entamons actuellement la même opération pour le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole. Les autres conseils suivront bien entendu. Nous avons à l'heure actuelle des opérateurs de divers horizons qui commencent à travailler ensemble autour d'une filière. Ils s'écoutent et se concertent mutuellement dans un cadre éminemment positif, ce qui ne peut qu'améliorer les niveaux de production et mieux huiler les circuits de distribution. Il reste cependant que l'absence de culture de l'interprofession pèse encore sur certaines filières. Il faut faire preuve de pédagogie et de sens de la communication pour faire admettre à des différents opérateurs de penser à leurs intérêts, mais aussi à ceux des partenaires. C'est cela notre travail au quotidien. Nous obtenons des résultats intéressants dans certaines filières à l'image de celle de la pomme de terre, dont l'interprofession est parvenue à fédérer les énergies autour des objectifs tracés par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour d'autres filières, le travail est plus ardu en raison de la spécificité des cultures elles-mêmes et des pesanteurs propres à certaines situations en rapport avec des incompréhensions que nous tentons de lever au jour le jour. L'intérêt du consommateur découle justement de la bonne organisation des filières. Car ceci stabilise le marché, lequel proposera des prix étudiés et à la portée de tous. Pour réussir ce challenge, l'ONILEV dispose de plusieurs leviers, en priorité la confiance de la tutelle et aussi les intéressements financiers prévus par la réglementation en matière de prime de stockage et de transformation, notamment. Pour l'heure, je dois dire que nous évoluons dans le bon sens sur tous nos niveaux d'intervention. Q.O.: Vous avez atteint un certain équilibre, mais il est tout même fragile. Comment comptez-vous procéder pour donner un caractère pérenne aux missions de l'ONILEV ? S.B.: En fait, il n'y a pas de secret dans la régulation. Il faut agir sur deux facteurs importants : la production et le stockage. Notre principale mission est donc d'encourager le développement de la production et de développer la productivité, ainsi que les structures de stockage par l'entremise de l'interprofession. Cela passe bien entendu par un large éventail d'actions que nous menons déjà sur le terrain et que nous poursuivrons inlassablement. En un mot, l'ONILEV va agir en tant qu'animateur de la sphère agricole nationale sur toutes les phases de la production végétales et animales à travers, notamment la sensibilisation des agriculteurs et des éleveurs de la base au sommet. Au plan opérationnel, nous avons démarré récemment des opérations de stockage de l'ail et de l'oignon, dans le but d'éviter les grands écarts de prix constaté en hors-saison pour ces deux légumes de large consommation. Nous espérons les proposer à des prix abordables en plein hiver. Il n'y a, pour l'heure, aucune raison qui nous amènerait à penser que cette opération ne soit pas un succès. De toute façon, nous avons l'intention de la renouveler annuellement, jusqu'à réussir une disponibilité permanente de ces deux produits sur le marché, comme nous le faisons présentement pour la pomme de terre. Pour ce produit justement, que nous cultivons en Algérie onze mois sur douze, on songe sérieusement à organiser l'exportation d'une partie de la production. Les tests réalisés cette année avec quelques milliers de tonnes sont concluants. En tout cas, la pomme de terre algérienne est très appréciée outre-mer. |
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