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Le chiffre huit «8» n'est autre que la juxtaposition verticale du double
zéro (zéro doublé), dit l'anecdote. Soyons plus sérieux, lui répliqueront tout
de go les vrais mathématiciens, très conscients que sa place est le plus
logiquement du monde comprise entre le nombre sept et celui bien connu au
travers du vocable neuf. Mais ce «huit» doublé n'a plutôt rien avoir avec ce
«zéro quadruplé», élevé en deux colonnes semblables et bien parallèles. Même si
la caricature ainsi réalisée jette de la confusion dans l'esprit des uns et
l'interprétation de l'objet sur le champ conçue par ces autres?
Il évoque avec force détails et autre conviction une date, une histoire, des évènements, un mouvement, un article de la constitution, une disposition, un mécanisme juridique, une option, un changement, un raisonnement? Le chiffre «huit», deux fois répété, renvoie donc à cette fatidique année de 1988, à cet article du même numéro de la constitution algérienne, et sûrement à d'autres paramètres-symboles que nous ignorons totalement ou évitons d'en parler pour le moment. En marge du jeu propre à sa calligraphie et à l'anecdote qu'il véhicule en arrière-plan ou arrière-pensée dans le style burlesque, le chiffre «88» traîne un boulet derrière lui. Et rien qu'à l'évoquer en haute sphère, il incite nos décideurs à lever un sourcil, à fixer leur interlocuteur du moment, flasher la séquence instantanée, interroger leur mémoire, braquer leur attention, peser les mots qui l'accompagnent, évaluer rapidement la question posée ou le but recherché, changer de cap, de discussion, d'attitude, de raisonnement, de lucidité? Se préparer à répliquer au coup par coup. Pourvu ou au contraire complètement dépouillé du préfixe-symbole indiquant son appartenance à cette fin du vingtième siècle, ce chiffre donne froid dans le dos à nos gouvernants, même tout à fait nu et dans l'absolu, attendu qu'il fait référence à cet article de la constitution, maintes fois invoqué et plusieurs fois revendiqué par l'opposition, mais habilement mis sur le coude par le Conseil constitutionnel au regard du grand chamboulement qu'il provoquera sur le champ politique. Le «huit» doublé est ce couplet de deux chiffres maudits qui véhicule un mythe souvent étriqué, un mystère de galère, une réalité amère longtemps occultée, un malaise qui est loin d'avoir livré tous ses nombreux secrets, un secret de polichinelle à nous faire tourner la tête dans le vide ou en bourrique, un effet de la superstition qui donne le véritable frisson, un puzzle bien difficile à être sur le champ décrypté et bien analysé. Le chiffre, le mythe et la réalité du «88», font donc encore l'histoire de l'Algérie. Ils sont, de fait ou de droit, son véritable mystère qui nous mène à présent en galère. Le chiffre huit «8» doublé ou dépouillé de tout préfixe et suffixe évoque, à la fois, ce rire, le sourire, le délire de la basse société ainsi que le soupir, la hantise, la bêtise, la sottise de l'Algérie officielle. Dans cette Algérie des temps modernes vécue dans son espace bien réel, on préfère s'en gausser à l'extrême. Il nous rappelle cette anecdote qui veut caricaturer ce supposé mauvais payeur en ce personnage très fictif du chiffre «zéro». Celui resté bien effectif et confondu dans l'esprit de son créancier, ivre de Bacchus, jusqu'à le prendre pour ce numéro considéré et bien réel déguisé pour l'occasion en celui du «huit» grâce à sa ceinture très serrée, laquelle divise son corps en deux entités identiques afin d'échapper à l'œil très vigilant du bailleur de fonds venu en léger retard assister à cette fête qui réunit tout les chiffres de l'alphabet où tout le monde dansait sur scène. Depuis lors, l'anecdote ou la blague font leur chemin. On en rit de ces chiffres-là comme de nous-mêmes. L'humour classe donc le chiffre «huit» comme ce zéro doté de cette ceinture bien serrée, très inconscient et bien dansant, échappant de la sorte à la vigilance de son créancier ivre à l'extrême. Et qu'il y ait un ou plusieurs chiffres du même calibre ou sous la même forme, cela ne changera vraiment rien dans le quotidien des Algériens. Les temps sont vraiment durs et tout le monde est donc endetté à ne plus lever la tête pour apercevoir la présence de ses nombreux créanciers du jour ou ceux de toujours ! Une sorte de fatalité dans la perception de la dure réalité de cette nouvelle misère due en grande partie à la prise en otage continue des vraies mamelles de l'économie nationale et de sa rente courante par un groupuscule de gens versant tout le temps dans ces remèdes jugés très déplacés ou bien ridicules. Fascicule après fascicule, ces petites particules humaines se rendent plutôt à l'évidence que ce monde d'en haut met les pieds dans le plat. Il avance et fonce tête baissée dans ce quotidien bien ridicule. Il spécule sur cette probable ou possible sortie de crise qui dure et perdure au moment où le pays enregistre ce flagrant recul dans le domaine des libertés fondamentales et au plan de sa sphère économique. Qu'il s'agisse du «zéro» ou du «huit», pour le petit peuple c'est donc du pareil au même ! Rien ne changera dans son quotidien, excepté cette quadrature du cercle de la vie ou la réelle dimension de son rayon. Dans les deux cas de figure proposés, c'est juste un circuit fermé, un cercle restreint, une boule qui roule pour ne produire que le même bruit qu'hier et autrefois. A présent, le «huit» garde encore et toujours intacts les vrais contours de son mythe, la grande sphère de son mystère, le secret de cette autre réalité à réhabiliter au plus vite, l'ambiguïté du chiffre transcrit dans l'histoire officielle du pays et un tas de dogmes jugés presque tous comme tabous. Au niveau bien supérieur, ce chiffre est synonyme de cette grande frayeur, d'une terrible ou parfaite défaite qu'imposent le temps et les évènements de la nation. Près d'un quart de siècle plus tard, l'année 1988 donne encore froid dans le dos à nos dirigeants du moment. Et il y a de quoi ! N'est-elle pas le seul bourreau de cette économie socialiste ? De ce tout-puissant parti unique d'antan et appareil de la pirouette stratégique politique du moment ? Elle leur a donné ce vrai tournis qui leur fait à chaque fois changer de raisonnement, faisant passer ce futile «chahut de gamins» au rang d'une «véritable révolution» tout en omettant de citer ou de mieux considérer ses grands héros et nombreuses victimes !? Du n'importe quoi en quelque sorte qui fait longtemps chavirer la citadelle politique aux moindres remous du vent de la révolte populaire sévissant dans la région ! Quant à rajouter à tout cela ce fameux article «88» de la constitution, on en arrive à ce trop-plein qui risque de faire déborder le vase jusque-là bien surveillé. Afin d'éviter cette hypothétique tempête qui se profile à l'horizon, on convient, en haut lieu, que celui-ci reste encore muet, désuet, à sa bonne place et dans les draps feutrés de sa bonne grâce? Il est le pur produit de cette marque de fabrique purement algérienne qui anéantit l'effet très bénéfique de la pratique du droit et annihile toutes les velléités qu'imposent les principes mêmes de l'application stricte et rigoureuse des dispositions de la loi fondamentale. Tout le mode sait, à présent, que ce phénomène est l'œuvre de ce réel pouvoir de l'ombre. Puisque celui très officiel se repose encore aux «invalides» ! |
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