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Totalisant 20 années de services effectifs dont au moins 10 ou 15 dans
une fonction supérieure, selon la catégorie, ils peuvent postuler à une
retraite bien méritée. Ils n'émargeront, évidemment pas, sur le budget de la
Caisse générale de retraite (CGR), mais sur celui du Fonds spécial, destiné
justement à cette catégorie de personnel.
En supposant que la prise de fonction effective se fasse à l'âge de 30 ans, le quidam est mis à la retraite à l'âge de 50 ans, là où la machine humaine est rodée et à plein régime, en possession de toutes ses capacités intellectuelles et praticiennes. Ils seraient plus de 700, entre anciens ministres et hauts fonctionnaires qui «bayent aux corneilles». Est-ce à dire que l'administration territoriale, voire même centrale, n'aurait pas besoin de leurs services ? Est-ce que le jeune chef de daïra ou le directeur de l'exécutif, fraîchement émoulu, n'a pas besoin d'éclairage pour une guidance pertinente, empreinte de cohérence ? Il ne s'agit pas dans le propos d'une remise en cause des profils, mais de l'avantage obtenu par la maturité du réflexe que seules les annuités dans le poste peuvent faire acquérir. Il n'est pas plus frustrant pour un ancien dirigeant de constater des postures béates de jeunes collègues qui, en toute bonne foi, naviguent dans la mélasse sans pour autant tenter de s'en défaire par, au moins, la consultation de pairs aguerris. Ils ne manqueront pas, parfois, de les rappeler au bon souvenir des vivants par cette phrase assassine: «Il faut rendre hommage à nos aînés qui, en dépit de leur modeste niveau intellectuel, ont œuvré inlassablement pour nous passer le témoin». Amen ! Ces retraites «dorées», il faut l'avouer, peuvent à elles seules colmater des brèches béantes dans le budget de fonctionnement de l'appareil d'Etat en les fructifiant par le consulting - terme en vogue - pour qualifier celui d'avis consultatif. Et comme son nom l'indique, il n'engage en rien celui qui le sollicite. Le cœur gros comme ça, du moins pour ceux qui n'ont pas monté d'«affaire pour les enfants», ils déambulent, quand il leur arrive de le faire pour leurs besoins d'administrés, dans les coursives d'une administration qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Ils se remémorent quelque peu ces lieux, jadis silencieux et feutrés où l'acte de servir était élevé au rang de sacerdoce. Le déchirement est d'autant plus dramatique que des réminiscences de déclarations d'intention, à la limite de la profession de foi, martèlent l'esprit encore. Votre serviteur est pris dans un tourbillon de «pourquoi ?» quand il s'entend dire que tel ou tel examen biologique ne peut être effectué dans tel ou tel service hospitalier. La raison, il n'y en a point. Ni le surpeuplement, ni le suréquipement actuel ne peuvent justifier cette perdition. Où est-elle l'autorité ? Elle est là, mais diffuse pour être insaisissable. Au chef-lieu d'une wilaya côtière huppée, un trou béant perfore l'asphalte d'un carrefour entouré d'institutions régaliennes, depuis plus d'une vingtaine de jours. Il ne semble déranger, apparemment, que le policier qui régente le flux circulant. Le plus déprimant, c'est que les services dits techniques sont intervenus après moult sollicitations sauf que cette intervention a consisté à colmater la brèche par un gros morceau de trottoir. Le risque, précédemment caché, est devenu apparent. Un homme averti en vaut deux ! Tel est, semble-t-il, le message délivré en filigrane. Un village relevant de cette même wilaya compte deux rues qui s'entrecroisent et dont les dimensions ne dépassent guère les 500 mètres pour chacune, souffre du délabrement avancé du revêtement de sa voirie depuis plus de 5 ans. Les citoyens, qui ont cru un moment que le gros matériel de revêtement venait pour la réhabilitation de la chaussée, ont vite déchanté quand ils ont compris que ce déploiement machiniste n'avait pour principale mission que l'aménagement d'un rond-point situé à l'entrée sud du village. Ce dernier passera encore un autre hiver à patauger dans les méandres insondables du bourbier. Restons quand même dans les travaux publics pendant que nous y sommes. La nouvelle voie rapide qui a remplacé la RN 11 a un particularisme en matière de signalisation, de gros panneaux signalent les aires de repos à 500 m et à 500 L (?). Une bretelle annoncée à 200 m pour accéder à un célèbre site archéologique se présente beaucoup plus comme un leurre qu'une réelle indication. La réalisation tonitruante de deux passerelles n'a, semble-t-il, réglé aucun problème. Les riverains, après plusieurs frondes, se sont contentés de brèches faites dans le béton longeant la chaussée. Ces ratés sont tous dus à l'absence ou à l'insuffisance de la communication environnementale. Dans une respectable daïra, les deux citernes qui approvisionnent la bâtisse sont traitées différemment, l'une est close par un bouchon métallique et l'autre par? un carreau granito, ce qui n'empêche pas l'eau de couler à flot. La SEAL doit certainement compenser ses déficits par ces fuites providentielles. Ne dit-on pas que ce sont les petits rus qui font les grandes rivières ? Cet adage, s'il venait à être vérifié, concernerait principalement nos territoires d'évolution quotidienne. Maâlich ! Le mot est lâché. Chacun d'entre nous se croit au-dessus de la mêlée et non concerné. On considère, toute honte bue, que la petitesse de la tâche n'est sans aucun rapport avec le lustre de nos attributions. On pense même quitter bientôt cette besogne ingrate pour d'autres firmaments, plus lucratifs à tout point de vue. Où serait donc la place de nos cadres mis «au vert» ? Les Assemblées élues sont tout indiquées pour absorber ce potentiel dormant et, probablement, disposé à restituer tout ce qu'il détient comme capacités dans la réflexion, la maturation de projets et la prospective managériale. Le mimétisme dans la gestuelle fait faire des inepties répétitives. Il n'est, souvent, pas tenu compte des contextes socioculturels ou même économiques dans l'acte de planifier. Le standard aura, à plus ou moins brève échéance, épuisé les ressources du génie local qui caractérisait les différents groupements de population. Ces armatures en béton ferraillé et couvertes d'aluminium et de verre donnant l'illusion de modernité mirifique répondent-elles, réellement, à un besoin exprimé ou participeraient-elles d'un simple caprice «in». Les arceaux du Mzab, les coupoles d'El-Oued ou les tuiles de Kabylie sauront-ils résister à cette déferlante glaciale et inhumaine ? Les Assemblées de wilaya et dont le rôle n'est nullement négligeable constituent le terreau idéal des grandes décisions. Elles peuvent, à ce titre, s'aider par des staffs appropriés, puisés dans le vivier encore riche d'anciennes compétences pour s'orienter dans les grands choix socioéconomiques. Elles éviteront ainsi de se faire rouler dans la farine. A part un ou deux ministères dont celui de l'Agriculture, qui a fait appel aux anciennes «gloires» du secteur lors des expositions du Cinquantenaire, qui d'autre l'a clairement fait ? C'était, probablement, le moment de réconcilier ces anciens cadres avec leur ancienne tutelle pour réaffirmer des liens tissés depuis fort longtemps à force de veille, de déplacements harassants et, parfois même, dans la douleur de la mort violente. |
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