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Le
retour au pays, mardi, du président Bouteflika est intervenu alors que les
Algériens avaient fini par ne plus l'envisager comme devant se produire à
courte échéance. Ils se sont fait à cette idée, au constat, qu'a chaque fois
qu'une date a été fixée à ce retour par la rumeur ou les fausses vraies
confidences distillées par de prétendues sources bien renseignées,
l'information s'est révélée dénuée de fondement. D'ailleurs, personne n'a cru
d'emblée, mardi, à la nouvelle qui avait commencé à circuler sur le retour, ce
jour-là, du chef de l'état. Il a fallu pour en convaincre les citoyens qu'elle
ait été officialisée par le communiqué de la Présidence annonçant sa véracité.
Bouteflika est donc rentré au pays. Mais son retour ne mettra pas fin aux rumeurs alarmantes et à la polémique que son état de santé suscite. La manière dont s'est opéré ce retour n'est pas pour les éteindre. La discrétion dont il a été entouré ne fera que fournir de l'eau au moulin de ceux qui se sont fait la conviction que sa maladie lui a ôté toute capacité de reprendre son poste et contribuer à diriger le pays. Il est vrai que l'interrogation n'est pas hors de propos, car si les images furtives de son retour auxquelles ont eu droit les Algériens ont montré un président dont l'état de santé ne semble pas aussi alarmant que l'ont affirmé certains médias, elles ont tout de même donné à voir qu'il reste marqué par la maladie et présente des séquelles qui suscitent le doute légitime sur la possibilité qu'il puisse rapidement reprendre ses activités présidentielles. Cette perspective est d'ailleurs écartée implicitement dans le contenu du communiqué annonçant ce retour puisqu'il y a été précisé que Bouteflika va poursuivre dans le pays «une période de repos et de convalescence». La présence du président dans son pays met certes un terme à l'inédite situation qu'a vécue l'Algérie durant son hospitalisation en France : elle ne dissipera pas les incertitudes que son état de santé, toujours handicapant, a fait naître sur ce que vont être les prochains rendez-vous politiques nationaux. Les partisans de la déclaration de vacance du pouvoir ne vont certainement pas renoncer à revendiquer qu'elle soit prononcée. A leur yeux, le retour au pays du président ne lui fait pas perdre de sa pertinence au regard que, malgré ce retour, la paralysie institutionnelle de l'Algérie risque de se poursuivre. Son retour, dont ils ont fini par présager la survenue, a fait échafauder à certains d'entre eux que Bouteflika rentré, il annoncerait quelques semaines après qu'il renoncerait à terminer son mandat, ouvrant ainsi la voie à une élection présidentielle anticipée. Le scénario n'est pas à écarter, mais il est à prendre pour simple spéculation, tant Bouteflika et ceux qui sont informés de ces intentions les gardent bien secrètes. Il faut surtout ne pas oublier que tant que Bouteflika s'estimera en capacité intellectuelle d'assumer ses prérogatives présidentielles, il ne laissera pas sa succession se décider et s'organiser sans lui. Et sur ce qu'il a en tête sur le sujet, nul ne peut s'avancer à se dire informé. Bouteflika n'a-t-il pas affirmé qu'il «surprendra toujours partisans et adversaires» ? Pourquoi pas cette fois encore, d'autant qu'il sait que les uns et les autres ont élaboré des scénarios dans lesquels il ne lui ont réservé que rôle d'acteur consentant, et, pour tout dire, déjà sorti du grand jeu auquel va donner lieu sa succession. |
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