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Face à la menace d'une guerre civile qui résulterait d'un durcissement de
la position des Frères musulmans, outrés de l'éviction de leur Président, les
autorités égyptiennes tentent de reprendre la main et la direction des
événements. Elles ont appelé hier l'ensemble des forces politiques à participer
aux efforts de réconciliation, au lendemain de violents heurts entre des
sympathisants du président déchu, Mohamed Morsi, et des policiers au Caire,
faisant au moins sept morts et des centaines de blessés. Hier, et alors que la
classe politique attendait l'annonce d'un gouvernement de transition dirigé par
Hazem Beblawi, la présidence égyptienne a demandé à l'ensemble de la classe
politique, y compris aux Frères musulmans, de participer à ses efforts de
réconciliation nationale. Selon un porte-parole, Ahmed Mouslimani, des contacts
existent avec toutes les parties, et a affirmé lors d'une conférence de presse
avoir entrepris, au même titre qu'un autre conseiller présidentiel, des
«contacts» avec «tous les acteurs politiques en Egypte pour les encourager à
participer au dialogue national» souhaité par la présidence. Cet appel de la
présidence égyptienne intervient en fait au lendemain de violents accrochages
entre manifestants pro-Morsi et forces de police, qui ont fait, selon un bilan
provisoire, 7 morts et plus de 200 blessés dans la soirée de lundi. Les échauffourées
ont éclaté entre 200 personnes, qui ont bloqué un des principaux ponts de la
capitale en scandant «Morsi est notre président», et des forces de l'ordre, qui
ont fait usage de gaz lacrymogène, et les manifestants répliquaient en lançant
des pierres. Selon des sources médicales, cinq personnes ont été tuées dans le
quartier de Guizeh (sud-ouest du Caire) et deux autres dans le secteur de
Ramsès, proche du pont du 6 octobre -l'un des principaux ponts sur le Nil- et
de la place Tahrir.
Cependant, les Frères musulmans veulent continuer de manifester «pacifiquement», a affirmé un de leurs porte-parole, Ahmed Aref. «Nous avons une cause juste pour laquelle nous sommes prêts à nous sacrifier», a-t-il ajouté. 400 INTERPELLATIONS DANS LA NUIT DE LUNDI A la suite de ces violentes échauffourées entre manifestants et forces de police, au moins 400 personnes ont été interpellées. Ces arrestations d'»émeutiers», au nombre de 401, concernent le seul secteur de Ramsès, dans le centre de la capitale, où deux personnes sont mortes dans les affrontements de la nuit, selon une source sécuritaire citée par l'agence Mena. Le dossier est entre les mains du procureur général, qui supervisera l'enquête, a ajouté Mena. Par ailleurs, l'armée égyptienne va se déployer au Sinaï où des groupes armés sèment la terreur. Selon un officier de l'armée égyptienne, les auteurs de ces attaques sont connus. Le déploiement de deux bataillons d'infanterie de l'armée égyptienne a été autorisé par Israël. Sur le plan politique, par ailleurs, tout le monde attend l'annonce du gouvernement de transition, qui marquera définitivement la fin du bref règne de Morsi. L'annonce devrait intervenir dans les toutes prochaines heures, en tout cas pas après mercredi, à moins d'un retournement de la situation. Les tractations avec les partis islamistes ne sont pas clôturées en fait, et Beblawi espère toujours une participation de ces partis dans son cabinet, qui ont refusé l'offre, affirmant ne pas «pactiser avec des putschistes». Enfin, Washington, par la voix du secrétaire d'Etat adjoint Bill Burns, appelle au dialogue et l'arrêt des violences en Egypte. Pour lui, «la première des priorités doit être de mettre fin à la violence et de commencer un dialogue sérieux et soutenu entre toutes les parties». «Un tel dialogue permettrait de ramener le calme», a-t-il souligné avant d'exclure que l'Egypte vit un scénario comparable à celui de la Syrie. |
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