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LA
NUIT DE LUNDI A MARDI A ETE CHAUDE ET SANGLANTE EN EGYPTE AVEC UN BILAN DE SEPT
MORTS ET 261 BLESSES. IL Y AURA D'AUTRES NUITS DANGEREUSES DANS UN PAYS OU LE
DIALOGUE DE LA HAINE S'INSTALLE. SUR LES CHAINES DE TELEVISION, DES
COMMENTATEURS QUI OFFICIAIENT SOUS MOUBARAK TRAITENT LES MANIFESTANTS PRO-MORSI
DE «BETES MALFAISANTES», DE «DEMEURES» OU DE «PERSONNES DONT LE CERVEAU A ETE
LAVE».
LE TON EST EN GENERAL A LA HAINE ; CEUX QUI EMETTENT QUELQUES DOUTES SONT LITTERALEMENT REDUITS EN CHARPIE SOUS L'ACCUSATION DE «DEFENDRE LES FRERES», CES «TERRORISTES». SUR LA PLACE AL-ADAWIYA, LE DISCOURS DES FRERES SE RADICALISE LUI AUSSI. MALGRE L'INSISTANCE SUR LE CARACTERE PACIFIQUE DE LA PROTESTATION, LES DISCOURS A FORTE TONALITE RELIGIEUSE NE VONT PAS, NON PLUS, VERS L'APAISEMENT. IL Y A DESORMAIS DEUX BLOCS QUI S'AFFRONTENT A COUP D'INSULTES, DE DENONCIATIONS, D'ACCUSATIONS DE TRAHISON. IL N'Y A PAS D'ESPACE DE CONCILIATION. EN TERMES PRATIQUES, LES APPELS DU POUVOIR EN DIRECTION DES FRERES MUSULMANS POUR LA «RECONCILIATION» SONT CONTREDITS QUOTIDIENNEMENT PAR LES ARRESTATIONS ET LES MANDATS D'AMENER VISANT LES DIRIGEANTS ISLAMISTES. DE MANIERE FAUSSEMENT INGENUE, LE SECRETAIRE D'ETAT ADJOINT, WILLIAM J. BURNS, S'EST DEMANDE COMMENT UN «DIALOGUE ET UNE PARTICIPATION SERAIENT POSSIBLES SI LES REPRESENTANTS DES PLUS GRANDS PARTIS ETAIENT DETENUS ET EXCLUS». UN DIALOGUE ENTRE UN POUVOIR ET DES PRISONNIERS N'EST EN EFFET PAS LA MEILLEURE VOIE POUR ALLER VERS LA RECONCILIATION, L'APAISEMENT ET L'OUVERTURE D'UNE NOUVELLE PERSPECTIVE. PLUS CETTE SITUATION PERDURE ET PLUS LES HAINES S'ACCUMULENT. ET COMME L'ARMEE A FIXE SA FEUILLE DE ROUTE QU'ELLE CONSIDERE COMME «SCELLEE ET NON NEGOCIABLE» - POUR REPRENDRE UNE FORMULE ALGERIENNE -, LA SITUATION EST BLOQUEE POUR LES FRERES MUSULMANS QUI N'ONT PAS BEAUCOUP DE CHOIX. POUR L'INSTANT, ILS MAINTIENNENT UNE PROTESTA CONTRE LE COUP D'ETAT EN INSISTANT SUR SON CARACTERE PACIFIQUE. LE NOMBRE D'EGYPTIENS QUI REPONDENT A LEUR APPEL POUR LA DEFENSE DE «LA LEGITIMITE» EST BEAUCOUP PLUS IMPORTANT QUE PREVU. IL CONFORTE LES DIRIGEANTS ISLAMISTES DANS LEUR CHOIX DE JOUER LA RUE POUR S'OPPOSER A LA DESTITUTION ET POUR RECLAMER LE RETOUR DU PRESIDENT. MAIS SI LE NOMBRE IMPRESSIONNANT DES MANIFESTANTS MOBILISES EST UN ATOUT, IL COMPORTE EGALEMENT LE RISQUE DE DERAPAGES INCONTROLES, D'INFILTRATIONS ET DE PROVOCATIONS. IL Y A AUSSI UN EFFET D'IMPATIENCE QUI PEUT JOUER ET QUI POUSSE LES JEUNES MANIFESTANTS PRO-MORSI A QUITTER L'ESPACE RELATIVEMENT CONFINE DE RABEA AL-ADAWIYA POUR ALLER AU CHOC AVEC LEURS ADVERSAIRES. C'EST CE QUI S'EST PASSE, LUNDI SOIR, QUAND DES MANIFESTANTS ONT INVESTI LE SECTEUR DE RAMSES, PROCHE D'UN DES PRINCIPAUX PONTS SUR LE NIL. LES ACCROCHAGES QUI ONT DURE TOUTE LA NUIT ENTRE LES PARTISANS DE MORSI ET LES SERVICES DE SECURITE «AIDES» PAR LES ANTI-MORSI RISQUENT DE SE REPETER DANGEREUSEMENT. DANS L'EXTREME POLARISATION ACTUELLE ET DU BRAS DE FER DANS LES RUES, IL N'Y A PLUS DE POLITIQUE. IL N'Y A QUE DES ECHANGES DE NOMS D'OISEAUX QUI ACCENTUENT LES DIVISIONS ET LES HAINES. ALORS QUE LES RIPOUX DE L'ERE MOUBARAK RELEVENT OSTENSIBLEMENT LA TETE, LES POSSIBILITES DE RELANCER UN PROCESSUS DEMOCRATIQUE DANS UN TEL CLIMAT SONT NULLES. IL N'Y A QU'UNE PERSPECTIVE AUTORITAIRE QUI APPARAIT MALGRE LES DISCOURS SUR LE «DEUXIEME ACTE DE LA REVOLUTION». |
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