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Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la
Ville, Amara Benyounès, a indiqué, jeudi à Alger, qu'un projet de loi portant
interdiction de la production de sacs en plastique, en vue de leur élimination,
était en cours de préparation par son département.
« Le projet de loi en cours d'examen au niveau du ministère sera soumis au Premier ministère pour débat et enrichissement», a précisé M. Benyounès dans une déclaration à l'APS en marge des portes ouvertes sur l'environnement. Le ministre a ajouté dans ce sens que son département organisera prochainement une rencontre avec les consommateurs, les entreprises productrices de ces sacs et les associations concernées pour se concerter autour de l'importance de s'orienter progressivement vers l'élimination des sacs en plastique qui constituent un danger pour l'environnement et la santé du citoyen. En fait, la lutte contre le sac en plastique ne date pas d'aujourd'hui. Tous les responsables qui se sont succédé à la tête du département de l'Environnement ont multiplié, ces dix dernières années, les déclarations sur la nécessité de bannir définitivement cet emballage. Une loi interdisant le sac en plastique de couleur noire est entrée même en vigueur mais n'a jamais été respectée puisqu'à ce jour, les sachets noirs sont fabriqués et vendus normalement en Algérie. Même si l'initiative du ministre est fort louable, le problème est celui de faire d'abord respecter la loi précédemment promulguée. A l'instar de plusieurs autres secteurs, le «casse-tête» réside en fait dans la mise en place de mécanismes pour faire respecter les «injonctions» gouvernementales pour ce qui est notamment du cas du sac en plastique. Il faut savoir que chaque Algérien utilise en moyenne 117 sacs par an. Notre pays arrive au cinquième rang des plus gros consommateurs de sacs en plastique au monde après les USA, le Maroc, la France et l'Australie. Entre 500 et 1.000 milliards de sacs en plastique par année sont utilisés dans le monde. Les chiffres, selon une étude réalisée par Greenberry (entreprise spécialisée dans la production de sacs biodégradables), diffèrent d'un pays à l'autre, en fonction des mesures prises par chaque Etat pour réduire leur utilisation en les remplaçant notamment par le sac en papier recyclé, comme c'est le cas en Chine, à Taiwan ou en Irlande. La même étude révèle que le sac en plastique consomme 18% de moins d'énergie ou encore moins de 3% de la quantité d'eau utilisée pour fabriquer un sac en papier. Le sac en plastique génère également, selon la même source, 80% de moins de déchets. Même avantage pour la phase de recyclage. Pour recycler 0,5 kg, le plastique nécessite 91% moins d'énergie que le papier, à un poids comparable. En fait, la commercialisation du sac en plastique est beaucoup plus profitable que le sac en papier qui suppose, quant à lui, plus de dépenses pour son recyclage. Mais sur le plan environnemental, le sac en plastique est un déchet non biodégradable, dont la décomposition nécessite 400 ans. Son utilisation est un véritable crime contre la nature pour ce qu'il engendre de dégâts sur la faune, la flore et la santé des hommes. Amara Benyounès réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Rien n'est moins sûr. En Algérie, le problème du sac en plastique, de couleur noire en particulier, est du ressort de la culture. Les Algériens aiment bien «dissimuler» leurs achats, c'est notre mentalité et le sac noir convient parfaitement à cela. Il ne sert donc à rien de faire voter des lois qui ne seront pas respectées mais de commencer par un travail de sensibilisation à l'endroit du citoyen pour le convaincre et l'amener à renoncer à ces sacs. Enfin, pour ce qui est de l'éradication des décharges anarchiques au niveau national, le ministre a précisé qu'une opération de grande envergure a été menée en septembre 2012 au terme de laquelle plus de 4 millions de tonnes de déchets ménagers ont été collectés et plus de 5.500 décharges anarchiques éliminées. A ce sujet également, un travail de sensibilisation pour faire réveiller le sentiment de «civisme» chez le citoyen est plus que nécessaire. En fait, concernant les déchets ménagers, les Algériens ont besoin d'une véritable «thérapie de choc» pour débarrasser nos quartiers de tous amas d'ordures qui pourrissent notre vie au quotidien. Rappelons que le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville avait installé, en mai dernier, une commission de réflexion sur une nouvelle formule de gestion des déchets ménagers. Composée de techniciens et experts du secteur, la commission est chargée de «mettre en place de nouveaux mécanismes de gestion des déchets ménagers en vue de «renforcer le dispositif actuel et améliorer le cadre de vie du citoyen». |
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