Lundi dernier, la grande famille de l'éducation a enterré Mme
Bensetti-Houari Farida, née Boudaâ. A Oran, la défunte est connue pour avoir
dirigé le CEM Tripoli durant presque trente ans. Après avoir obtenu son
baccalauréat, option philosophie, à la fin des années 50, elle a rejoint le
corps enseignant en 1960. Elle a enseigné une année à Sig, quelques années à
M'dina Jdida, avant de rejoindre le CEM Tripoli en tant qu'enseignante. Mais
dès 1971, elle prendra les rênes de cet établissement scolaire où elle avait
mené pratiquement toute sa carrière jusqu'à son départ en retraite en 1998. De
l'avis de plusieurs personnes appartenant au monde de l'Education, Mme
Bensetti-Houari a fait de ce collège un fleuron de l'enseignement moyen, au
point où tout le monde, notamment les notables et les personnalités de la
ville, cherchaient à trouver une place pour leurs enfants dans ce CEM. Des
centaines, voire des milliers de cadres, exerçant actuellement dans la
médecine, l'administration, les entreprises? avaient fait leurs classes dans ce
CEM où l'on apprenait notamment la discipline et la rigueur.
Evoquant son charisme, Jasmina sa fille, actuellement médecin, nous dira
: «C'est simple, dès le premier pas au CEM je pouvais savoir si ma mère était
présente ou absente». Un autre témoin nous dira : «Bien avant 8 heures, madame
la Directrice était devant la porte d'entrée surveillant l'arrivée des élèves
et des enseignants». Et de conclure : «Elle impressionnait son monde». Mais son
CEM n'était pas pour autant une caserne, nous assure-t-on. D'ailleurs on le
surnommait «CEM de Femmes d'Aujourd'hui», par référence au magazine français du
chic et de la mode. «Parce que cet établissement était dirigé par trois dames,
dont madame Bensetti, extrêmement élégantes», nous explique-t-on. Sa fille se
rappelle que des dignitaires et de hauts officiers attendaient devant son
bureau, dans l'espoir de décrocher une place pour leur enfant. Elle disait
toujours «après octobre, s'il me reste une place». Son mari se rappelle qu'elle
avait toujours des classes surchargées en raison de la réputation de
l'établissement qu'elle gérait. Même ses vacances d'été elle les sacrifiait
pour établir les emplois du temps. Issue d'une famille de pédagogues, elle a
surtout marqué son temps par sa rigueur et son honnêteté. C'est ce que répètent
celles et ceux qui ont transité par le CEM Tripoli.