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Le discours
contradictoire entre le ministre des Finances et son chef de gouvernement au sujet
de la rigueur budgétaire reflète, et ce n'est pas la première fois, un manque
de cohérence dans la coordination de la démarche de l'exécutif.
Mais cette situation parait logique étant donné les objectifs des uns et des autres. Le premier ministre qui est actuellement sous une grande pression à cause de l'absence et des mystères qui entourent la maladie du président. Les grèves se multiplient et la ''rumeur'' de la prime que viennent de s'octroyer les sénateurs attisent de plus en plus le climat social. Donc son objectif est de calmer le jeu même avec des promesses vides pour remonter le moral de la population et notamment celle du sud. L'autre par contre agit en technocrate pour assurer les équilibres budgétaires mais les paramètres d'ajustement lui échappent. En effet, l'économie étant entièrement dépendante du cours du baril et de sa monnaie le dollar. Ces deux facteurs exogènes échappent aux responsables de haut en bas et donc laisse l'économie dans l'expectative. Les entreprises subissent donc les revers de l'extérieur, impuissantes de se protéger à cause d'une absence flagrante d'une d'alternatif stratégique. Qu'en est- il exactement ? et que craint Karim Djoudi ? Dans son dernier rapport mensuel, l'OPEP a estimé en moins la consommation mondiale. Elle sera de 89,66 millions de barils par jour contre 89,67 millions de barils par jours dans son appréciation précédente. Le rapport a pris bonne note de la baisse consécutive prix de son panier de près de 5,39%. Les prix passent ainsi. 101,05 dollars. Comparé au prix de l'année passée à la même période, le panier a baissé de 10,22 dollars, soit une perte de près 9%. C'est normal selon le rapport car les bruts de références ont eux aussi perdu près de 6,20%. Selon le rapport de la banque d'affaire, cette baisse risque de durer pour devenir structurelle et, ce à cause de la fragilité de l'économie mondiale, d'une faible croissance y compris dans les pays asiatiques et surtout d'un stock jugé très élevé. Or l'OPEP ne semble pas s'inquiéter outre mesure puisqu'elle a décidé de reproduire son quota au détriment de ses recettes et de perspective d'une croissance fictive. En ce qui concerne le marché gazier qui représente une part importante des exportations de l'Algérie, la`situation semble s'empirer de plus en plus. En effet, la section parisienne de l'association Cedigaz n'a mis les gants pour présenter dans son rapport une analyse pessimiste du marché du gaz. Il est indolent à cause de la crise de l'euro. Ceci n'a pas épargné le commerce global du gaz aussi bien celui naturel liquéfié (GNL) que le traditionnel par gazoduc. Ainsi, le gaz russe qui arrive en Europe perd près de 4% en 2012 pour se stabiliser autour de 701,5 milliards de m3, à cause du ralentissement des activités dans les principales zones de consommation européennes et dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui concentrent ensemble la plus grande partie des flux gaziers internationaux. En dépit d'une très forte demande du marché asiatique du GNL, dans sa globalité cette ressource n'échappe pas à la crise. En effet, l'offre mondiale de GNL a chuté de 2,2%. En général, les transactions internationales du marché gazier sont ralenties de 0,8% pour un volume d'échanges de 1015 milliards de mètres cubes. L'association situe les causes de ce ralentissement qui selon toute vraisemblance va durer dans le temps, aux incertitudes du climat économique, aux tensions géopolitiques et surtout aux problèmes de sécurité dans les pays arabes. La consommation globale de gaz naturel s'est établie à 3348,7 milliards de m3, soit une faible hausse de 2,2% par rapport à 2011, ce qui est pour le moins qu'on l'on puise dire un taux de croissance inférieur à la moyenne des dix dernières années à 2,7%. En 2001, la consommation avait crû de 2,8%. Le développement rapide des gaz de schiste a été la cause des nombreuses difficultés rencontrées par les producteurs traditionnels qui ont dû faire face à une concurrence accrue. Il faut ajouter à cela l'abandon progressif des contrats de longue durée, au-delà de 20 ans dans les transactions commerciales du gaz qu'il soit naturel ou liquéfié qui n'est plus un choix délibéré comme on le laisse entendre mais une contrainte imposée par le nouveau contexte juridico - économique dans les principales zones de consommation. L'avancée considérable vers une politique enérgitique commune des principaux pays européens, la révolution du gaz de schiste aux Etats-Unis et ses suiveurs vont à court terme ramener les prix du gaz à la baisse. Cette situation offrira la possibilité aux consommateurs d'avoir un choix au moment où leurs économies ont en vivement besoins. Donc, Sonatrach et à travers elle l'Algérie devra tenir compte de ces nouvelles donnes pour ajuster sa stratégie. Cette démarche l'obligera de voir ses clients avec œil nouveau, en tout cas très loin de celui des années 60. Dans ce nouveau contexte commercial, ce type de contrat fondé sur le principe du partage de risque, ne serait pas favorable pour le consommateur et encore plus pour le producteur du gaz, pourquoi et comment ? L'Algérie a toujours rencontré des difficultés dans les pays de la rive sud de la méditerranée pour trouver un débouché pour son gaz. Même si l'on s'aligne sur l'idée que le contrat historique entre Sonatrach et la société El Paso natural gas portant sur une capacité de 20 milliards de m 3 sur 25 ans comme une mauvaise affaire pour l'Algérie, on ne doit pas oublier tout de même que ce contrat a été proposé au géant américain après le refus des compagnies Françaises sans compter la préoccupation pressante pour commencer à recevoir un retour sur les investissements consentis pour le développement du champs de Hassi R'mel , le transport et la liquéfaction du gaz à commercialiser. Aujourd'hui avec la poursuite du projet de Medgaz vers l'Espagne et celui du Galsi vers l'Italie, on peut se demander si cette entreprise n'a pas tiré de leçons des différents problèmes qu'elle a eu avec les pays européens dés ses premières années d'exportation. Intègre t-elle ces nouvelles donnes dans sa stratégie gazière à long terme ? La dérégulation du marché du gaz est très avancée aux Etats-Unis et en Grande Bretagne. L'Europe qui vient de se lancer dans ce processus a commencé à ressentir ses effets sur les prix du gaz. Le principal objectif que vise la libéralisation de l'énergie est le développement des marchés " spot " qui permettent à leur tour des échanges directs sur le court terme avec une multiplicité des acteurs. Cette nouvelle configuration du marché aura une influence directe sur l'équilibre offre/demande et par voie de conséquence sur les prix. Le but visé est que ces prix serviront de référence aux contrats moyen - long terme. Il est clair que d'un tel contexte de relation entre les différents acteurs naîtra une forte concurrence et une fluidité des prix qui rendront difficile la visibilité sur le long terme d'où l'hésitation d'engagement sur de longues périodes. En effet, une forte fluctuation des prix augmente le risque des investissements du type capitalistique à consentir dans ce genre d'activité. Actuellement dans le marché américain, les contrats long terme ont laissé la place à ceux de moyen terme (10 ans) et qui représentent environ 50% des transactions, le reste est dédié au marché spot. Le marché Britannique quant à lui reste à 80% sur une logique de moyen- long -terme. En Europe, le marché spot est dans ses débuts mais ne tardera pas à réorienter ses références. Aujourd'hui le fioul lourd et celui domestique ne suffisent plus à eux seuls de servir de base pour l'indexation des prix du gaz dans les contrats à long terme parce que cette source d'énergie s'impose d'année en année dans tous les secteurs et notamment celui de l'électricité. La production d'un MWh d'électricité dans une centrale à gaz à cycle combiné de rendement 50%, dégage 0,38 tonne de CO2 contre 0,99 tonne de CO2 dans une centrale à charbon à rendement de 35% .Avec un prix de permis d'émission d'environ 32$ la tonne de CO2, on obtiendra une différence de coût de production de 19,52 $/MWh. Avec une telle performance, il serait donc possible que les formules d'indexation s'éloignent en partie des produits pétroliers pour d'avantage s'appuyer sur les prix spot ou à terme du gaz et pourquoi pas sur ceux de l'électricité. Donc avec de telles perspectives, un accord entre l'Algérie et la communauté européenne qui tardent à venir et surtout un taux de couverture des importations en perpétuelle augmentation justifient amplement les inquiétudes du ministre des finances. Mais viser uniquement les salaires est là toute la question de la problématique de la rigueur si ce n'est une solution de facilite. * Consultant et Economiste Pétrolier |
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