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L'issue de la bataille pour le contrôle de la ville
stratégique de Qousseir en Syrie qui oppose l'armée régulière du régime aux
combattants de la rébellion sera le révélateur sanglant du rapport de force
entre ces deux protagonistes du conflit. A quelques encablures de la tenue de
la conférence internationale sur la Syrie, chacun des deux camps veut faire la
démonstration que le rapport de force militaire sur le terrain lui est
favorable, ce qui explique qu'ils sont en train d'engager dans cette
confrontation toutes les capacités dont ils disposent en combattants et
armements.
Selon le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, le régime de Damas et l'opposition armée ont tous deux accepté de participer à la conférence en préparation mais il est évident que ni l'un ni l'autre ne veut arriver à celle-ci en ayant perdu la bataille en cours. Dans cette bataille stratégique, l'enjeu pour le régime est le maintien de la continuité territoriale entre la capitale Damas son centre vital et les régions du pays qui lui sont acquises mais aussi le contrôle de la zone frontalière avec le Liban. Pour l'opposition armée, celui de l'occupation d'une localité à partir de laquelle ses combattants pourraient faire peser une menace constante sur la circulation des renforts de l'armée régulière en direction des régions sous son contrôle et sur la capitale même pour laquelle Qousseir constitue un verrou de protection vital au plan militaire. Au regard de ces considérations, la défaite à Qousseir fera que celui qui la subira se présentera en position de faiblesse à la table de négociation et moins en situation de résister aux conditions que la partie adverse cherchera à lui imposer. Les observateurs faisant preuve d'objectivité dans l'appréciation de la réalité du terrain pour ce qui est de cette bataille de Qousseir convergent sur le constat que l'armée du régime est manifestement en train de prendre un ascendant déterminant sur les combattants de la rébellion et que la confrontation tourne à son avantage. Une réalité que les soutiens étrangers de cette rébellion ne contredisent pas mais en insinuant que son issue ne disqualifie pas les exigences de leur protégée. D'aucuns ont été même jusqu'à soutenir que si la rébellion est en difficulté à Qousseir, ce n'est pas à l'armée régulière de Bachar El-Assad que c'est dû, mais aux forces de choc du Hezbollah libanais envoyées au secours de celle-ci. En mettant en avant la «participation » du Hezbollah dans la bataille de Qousseir, les alliés de la rébellion dénoncent son fait d'ingérence dans le conflit syrien en espérant convaincre ainsi qu'il y a lieu pour la «communauté internationale» de s'y opposer militairement, ce qui dans leur calcul équivaudra à rendre impossible la conférence internationale dont la tenue contrevient au plan qu'ils ont échafaudé pour la Syrie. Ils omettent cyniquement que l'ingérence étrangère qu'ils dénoncent en agitant l'épouvantail du Hezbollah est depuis le début du conflit syrien la cause qu'il se poursuit depuis bientôt trois années maintenant, et qu'ils ont été les premiers à y recourir. Damas a peut-être reçu l'appui militaire du Hezbollah, l'opposition a celui copieusement fourni depuis le début du conflit par ses «amis extérieurs». De l'armement, de la logistique, des finances et des milliers de combattants ameutés par différents moyens par le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie. Ce sont ces ingérences qui empêchent les Syriens de se parler pour trouver une solution négociée au drame de leur pays. Le Hezbollah n'est pas de ce point de vue plus coupable que les «amis» de la rébellion. |
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