Et cette année à Cannes, qui vient représenter le Maroc, Monsieur ou Madame ? Cette blague qui fait ricaner les critiques arabes renvoie bien sûr à Nabil Ayouche et Mériem Touzani, le couple qu'on voit à Cannes quasiment tout le temps, pour le meilleur et pour le pire, à 50-50.

Après Mériem Touzani venue l'année dernière avec «Le Caftan Bleu», co-écrit avec son mari Nabil, c'est au tour de Nabil Ayouche de revenir, hors compétition avec un film co-écrit avec son épouse Mériem; la seule nouveauté cette année, c'est que madame et Monsieur sont venus avec leur gamin, après tout, ils sont un peu chez eux à Cannes. Ayouche Family is back.

Après Whatever Lola Wants (en 2007, pas bon), Much loves (en 2015, très bon film), Everybody loves Touda, présenté hors compétition, est le troisième film de Nabil Ayouche avec un titre en anglais. My God, nos voisins n'arrêtent pas de nous copier, mais ce n'est pas le lieu d'ouvrir une nouvelle polémique. Mais who is Touda que tout le monde love ? Touda, joli prénom soit dit en passant, est une jeune paysanne qui élève seule son fils sourd et muet et qui est habitée par l'art de la Aïta. Les hommes aiment Touda parce qu'elle chante bien et qu'ils peuvent abuser d'elle; Touda veut devenir une Cheikha mais pas une prostituée; cette femme libre et dynamique décide de plaquer son village pour tenter sa chance dans les cabarets de Casablanca. Touda en petite Cabiria des cabarets de Casablanca, retient notre attention car elle est incarnée par une très grande comédienne, Nisrin Erradi. Touda chante, souffre, s'accroche, rit, et s'envoie en l'air quand elle veut avec qui elle veut et si elle veut. Battante Touda qui se bat toute seule, contre la misère qu'elle tente de fuir et contre les hommes qui tentent par tous les moyens de l'utiliser. Nisrin Erradi, elle, se débat toute seule pour donner de la consistance à un scénario léger. L'actrice marocaine est géniale. Dans la catégorie des moins de 40 ans, c'est probablement elle la meilleure comédienne du Maghreb. D'ailleurs, c'est pour elle, et elle seule qu'on reste jusqu'au bout du film, de Nabil Ayouche.