On aurait tant aimé ne pas être
tant déçu par le deuxième film de la marocaine Maryam
Touzani, Le caftan bleu, co-écrit avec son mari Nabil
Ayouche et dévoilé lors de la clôture d'un Certain
Regard.
Dédié aux derniers «mâalems»- maîtres artisans du caftan fait main, le film se
focalise sur les souffrances intérieures de Halim, un
quincagénaire qui peine à mener une double-vie : le
jour il tient la boutique avec sa femme qu'il aime tendrement et le soir dans
les hamams de la médina de Salé il offre son corps
aux hommes anonymes pour assouvir ce plaisir interdit qui le rend si
malheureux. L'arrivée dans son échoppe d'un apprenti aux yeux de biche va
accentuer son malaise d'homosexuel forcément refoulé dans une société
conservatrice et machiste. Pour qu'il puisse à la fin du film assumer sa
différence, la réalisatrice n'hésite pas à faire mourir son épouse d'un cancer
larmoyant. Chaque scène, chaque dialogue, chaque plan est prévisible. Dans ce
film qu'on aurait taxé de misogyne s'il n'était pas réalisé par une
réalisatrice arabe, toutes les bonnes intentions s'avèrent vaines et les
coutures visibles. Pire, jamais l'acteur palestinien Salah Bakri (dans le rôle
de Halim) et l'actrice belge Loubna Azabal (dans celui de sa femme qui se meurt) n'ont été
aussi peu crédibles à l'écran. C'est un «film fragile» résume la presse
française, avec cette condescendance que Le Caftan bleu appelle de toutes ses
faibles forces.