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Les humeurs de
notre envoyé spécial à Cannes entre réalité augmentée et délire-fictions.
LUNDI 23H30. Pas de décès signalé ces dernières 24 heures, alors pourquoi pleures-tu Sofia Djama ? Tu vas tâcher la belle robe de soirée couleur morve de tourterelle kabyle qu'une marque de luxe t'a gracieusement prêté en tant qu'Instagrameuse très suivie. Bon, alors c'est quoi le problème ? Tu voulais qu'Elia Suleiman joue dans ton prochain film, qu'il accepte le rôle d'un colonel algérien un peu fun un peu fou et totalement fan de raï et de l'URSS, et Elia S n'a pas accepté ton offre généreuse? Mais ce n'est pas la fin du monde, voyons ! Où cours-tu maintenant ? Tu veux John Malkovich à la place ?? Allez, Sofia, sois sage, pourquoi tu ne fais pas comme tout le monde, pourquoi tu ne proposes pas le rôle à Samir El-Hakim ou à Chawki Amari, eux au moins ils savent très bien qui était le merhoum Colonel Senoussi. MARDI 00H10. Peut-on remonter la rue d'Antibes sans tomber sur Yanis Koussim au moins une fois dans sa vie du 75 ème Festival de Cannes? Le sétifien est à Cannes pour développer son projet de film actuellement intitulé Roqia, un film de genre ancré dans le terroir qui devrait nous faire peur. En fait on a déjà peur ! MARDI 07H55. Qui se souvient du Festival d'Oran et de son tonitruant directeur artistique- par ailleurs journaliste dans un grand quotidien arabophone privé ? Mais si, vous savez, ce gus qui a créé le buzz lors d'un talk-show d'une télé offshore de la Issabâ en exigeant de la France la restitution de la Tour Eiffel, car le fer de la dame de fer parisienne provenait de notre beau pays. L'homme qui voulait démonter et expulser la Tour Eiffel en Algérie est à Cannes, comme tous les ans. Et depuis peu installé définitivement en France... Normal. MARDI 22H00. On passe une tête à la fête du dernier film de Rachid Bouchareb, Frangins, sur l'affaire Malik Oussekine: la bouffe est bonne mais il n'y a pas de champagne. Ambiance hyper cool, où tout le monde parle avec tout le monde. Lyna Khoudri, Lyna Soualem, Réda Kateb, Samir guesmi, Adèle Extramachin-chose, Vincent Mackayenwalaou, et d'autres comédiens frenchy sont ravis de me retrouver, et moi aussi, mais sérieux il n'y a vraiment pas de champagne ? L'écrivaine Kaouther Adimi qui a participé au scénario du film de Bouchareb me parle de son prochain roman qui sort fin août et de son année romaine passée à la Villa Médicis. Le Coca sans sucre est une abomination. Je n'ai pas retenu le nom du jeune comédien de mère algérienne et de père palestinien, mais lui aussi était très sympa, je lui ai taxé deux ou trois cigarettes serbes au goût Afras'yenass. Comme la plupart des fruits et léumes, l'eau plate n'a aucun goût en France. Réda Kateb me confirme qu'il s'en va à la fin de la semaine pour trois mois en Algérie préparer et tourner le fameux film dont je ne dois absolument rien dire pour le moment (info sous embargo), et il sera avec un certain Benoît Magimel. La production a obtenu les autorisations de tournage. Pas de champagne et pas de café, de mieux en mieux, allez une dernière coupe des accords d'Evian avant de mettre les voiles et les niquabs. À la Fête du film de David Cronenberg qui se déroulait en même temps et à laquelle je n'étais tout simplement pas invité le champagne coulait à flot parait-il. Ils iront tous en enfer ! MARDI 24H20. Obligé d'envoyer la page du jour cette nuit avant une heure du mat' pour espérer ne pas louper les projections du matin- et une fois de plus je ne vais sans doute pas avoir le temps de la relire, de la corriger et encore moins de la soigner. Comme vous avez pu sans doute le constater, c'est du brut de chez Brut (partenaire officiel du 75ème Festival de Cannes). |
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