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Transhumanisme et ablation d'organes chez David
Cronenberg, montée des populismes en Europe avec Cristian
Mungiu et naufrage du modèle capitaliste orchestré
par Ruben Östlund. Au Festival de Cannes les
meilleurs films de la compétition nous annoncent l'éminence de l'apocalypse.
Nous sommes dans un futur très proche qui ressemble furieusement au pire des scénarios qu'on imaginait au début du 21ème siècle : le genre humaine s'est adapté à un environnement de synthèse et nos corps deviennent l'objet de transformations et de mutations nouvelles. On peut désormais manger et digérer du plastique, puisque les hommes ont développé de nouveaux organes, qui ne sont pas forcément des tumeurs. Dans les rues sinistrées par on ne sait quelle apocalypse, les gens se tailladent à coup de bistouris ou de lames pour le plaisir, voire plus, pour remplacer l'orgasme sexuel qui disparait progressivement de la surface de la terre depuis que la procréation se fait par machines interposées. Dans cet univers étrange et d'autant plus anxiogène qu'il nous paraît à bien des égards déjà familier, un célèbre artiste met en scène la métamorphose de ses organes non encore répertoriés, en les extirpant de son corps souffreteux, en les tatouant en public, en les exposant dans la joie et la douleur. Une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes suit de près ses performances tandis qu'un groupe mystérieux de transhumanistes veut profiter de l'artiste pour révéler au monde la prochaine étape de l'évolution humaine... Où sommes-nous ? Chez David Cronenberg bien sûr ! Le réalisateur canadien revient avec son univers kafkaïen et ses monstrueuses mutations organiques. Dès les premières scènes de son dernier opus (la mise à mort d'un enfant par sa propre mère), on sait qu'une fois de plus le réalisateur canadien aujourd'hui âgé de 79 ans va re-créer le scandale à Cannes. Stupéfiante mise en scène. Les Crimes du futur, est sans doute un des meilleurs films de l'auteur. Cronenberg retrouve son acteur fétiche Viggo Mortensen, entouré ici de Léa Seydoux et Kristen Stewart. Tout aussi sombre mais dans un tout autre registre il faut saluer de la même manière le film du réalisateur roumain Cristian Mungiu, RMN, dont l'action se déroule dans un village de Transylvanie frappé par la crise économique. Sur fond de paupérisation, la montée des populismes et du racisme. L'embauche de trois boulangers sri-lankais dans une petite société de fabrication de pain, dépendante des lois et des subventions de l'Union Européenne, est le point de départ de ce drame réaliste sombre très en phase avec l'époque. Politique à fond le film du chef de file des réalisateurs roumains est tout aussi pertinent au niveau de la forme, la réalisation et la direction des comédiens sont impeccables. Pour finir avec la liste des cinéastes qui ont déjà reçu la palme d'or, terminons par le suédois Ruben Östlund qui revient sur la Croisette avec une farce grinçante, quoique trop démonstrative à la longue. Triangle of Sadness est une charge contre l'hyper-capitalisme, avec comme protagonistes principaux un couple de jeunes mannequins «influenceurs» qui rencontrent à bord d'une croisière de luxe un oligarque russe plus capitaliste que le capitaine américain, des vieilles millionnaires botoxées, des vendeurs d'armes et d'autres représentants des puissantes multinationales qui font la loi en ce bas monde. Une tempête mettra tout ce beau monde dans la mouise. Si la première partie du film est percutante, drôle et drôlement féroce, la suite est sans surprises, voire un chouïa lourdingue. Mais personne ne regrettera de voir raillés sur grand écran les influenceurs instagram pour leur bêtise avérée et parfois assumée et pour leur cupidité sans borne, quand dehors le Festival de Cannes leur déroule le tapis rouge. |
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