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En se penchant
sur le sort des harkis, Philippe Faucon réalise au Maroc un film didactique et
froid sur le sort que leur a réservé la France.
«On n'a pas tous la même mémoire, mais on a la même histoire.», c'est ainsi que l'acteur Omar Sy a présenté Tirailleurs, le film d'ouverture d'Un Certain Regard qu'il a produit. Réalisé par Mathieu Vadepied, Tirailleurs, comme son titre l'indique se penche sur le destin des bataillons d'Afrique-Occidentale française (AOF), venus grossir les bataillons militaire français en 14-18, et largement oubliés ensuite. Entre Indigènes de Rachid Bouchareb ( sur les tirailleurs algériens) et Tirailleurs, il s'est écoulé 15 ans, pas moins. C'est donc avec la vitesse d'une tortue paraplégique que la France écrit au cinéma son récit colonial. Le film de Philippe Faucon Les Harkis, présenté à La Quinzaine des Réalisateurs, appartient à la même entreprise vertueuse de revisiter l'histoire coloniale en tentant d'éclairer ses zones d'ombre et ses non-dits. Hélas, les bonnes intentions ne produisent pas toujours de bonnes oeuvres. En suivant la traversée d'un petit escadron de harkis dans les montagnes algériennes, sur une période s'étalant de 1959 à 1962, le film ressemble plus à un exposé d'un bon élève de sixième qu'à une oeuvre cinématographique. Faut-il passer par cette case de clarification, de didactisme primaire avant d'oser faire des films de cinéma sur ces sujets ? Il n'y a qu'à voir les titres des films en question ( Indigènes, Tirailleurs, Les Harkis) pour se rendre compte qu'on reste dans la photo de groupe à caractère sociologique, un peu comme les actes postales coloniales de l'époque qui représentaient des «figures typiques». Et encore, il y a un peu de cinéma dans Tirailleurs, puisqu'il s'agit de l'histoire d'un sénégalais qui s'enrôle volontairement pour aller récupérer son fils qui lui a été prit de force. Philippe Faucon justifie que la forme de son film reflète des contraintes budgétaires. «Nous avions un temps de tournage restreint pour des raisons économiques. Nous avons été obligés de travailler avec concision et en étant très sélectifs en tournant nos plans et nos séquences. Mais le choix de la simplicité est aussi un choix délibéré. Nous souhaitions raconter cette histoire sans recherche d'effets ni d'émotions forcées.» Tourné au Maroc, avec des comédiens qui parlent marocain, le film ne provoque aucune émotion effectivement. Sinon, peut-être celles qui n'ont rien à voir avec le sujet film et qui sont indépendantes de la bonne volonté du réalisateur. Ainsi cette scène finale du jour de l'indépendance algérienne, ou des centaines de figurants (marocains) brandissent le drapeau algériens en criant «Tahya Al Jazaîr». Vu le contexte actuel, on ne sait pas si la ferveur de ces figurants était une manière de narguer le Maroc ou de faire la nique à l'Algérie. À la sortie de la projection du film de Philippe Faucon- par ailleurs applaudi par le public des festivaliers et salué unanimement ou presque par la presse française, on aurait pu, par dépit, retourner la formule d'Omar Sy : «On a tous la même mémoire, mais hélas pas encore les mêmes histoires». |
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