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Les massacres du 8 mai 1945 en
Algérie s'inscrivaient dans la continuité des grandes répressions de la
conquête française depuis 1830, démontrant ainsi que le crime de masse a
constitué un dispositif de gouvernement récurrent sous l'ordre colonial, a
déclaré le spécialiste français des questions coloniales, Mathieu Rigouste.
"Dans la continuité des grandes répressions qui ont accompagné la conquête coloniale pour écraser les résistances populaires de 1830 jusqu'au début du XXe siècle, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945 nous montrent que le crime de masse a constitué un dispositif de gouvernement récurrent sous l'ordre colonial", a précisé M. Rigouste, dans un entretien accordé à l'APS à la veille de la commémoration de ces sanglants évènements. Pour cet essayiste et chercheur indépendant en sciences sociales, "l'emploi de navires de guerre et de l'aviation pour bombarder et raser des villages, ainsi que des blindés, des tirailleurs et de la Légion étrangère nous assurent aussi de la centralité de l'armée et du phénomène guerrier dans ce système de pouvoir". Le rôle important des civils européens dans les massacres des populations autochtones en mai 1945 a été également souligné. "A travers des milices armées sous autorité préfectorale, mais aussi de leur propre chef, ils ont participé directement à l'écrasement des résistances anticolonialistes", a-t-il déploré. Parmi les autres crimes perpétrés par les autorités coloniales pour réprimer les résistances populaires, figurent aussi l'usage "d'une justice expéditive et de la prison comme punition collective, l'emploi de la torture et des exécutions sommaires, de charniers et de four à chaux pour faire disparaître les cadavres et l'organisation de cérémonies de soumission au drapeau français", a-t-il rappelé. M. Rigouste a, en outre, regretté l'attitude et les positions des politiques françaises face aux massacres perpétrés en Algérie en mai 1945, affirmant qu'"une très large partie de la gauche française jusqu'au Parti Communiste, a participé à la légitimation de cette répression". "Toutes ces violences et les milliers de morts du côté algérien ont certainement participé à forger les consciences politiques des générations qui ont mené la guerre de libération pour arracher l'indépendance et en finir avec l'ordre colonial", a-t-il ajouté. Macron fait semblant de faire avancer la reconnaissance des crimes coloniaux Sur la question de la réconciliation des Mémoires, M. Rigouste a indiqué que "les Etats dirigent des politiques mémorielles qui répondent aux intérêts des classes dominantes", relevant que deux logiques sont à l'œuvre en France, dont "une première qui consiste à faire croire que l'impérialisme et la Françafrique sont révolus, ceci pour mieux reconduire la politique néocoloniale". "Macron fait ainsi semblant d'essayer de faire avancer la reconnaissance des crimes coloniaux et de faciliter l'accès aux archives. Mais dans la pratique, c'est surtout l'inverse qui est à l'œuvre", a-t-il dit. Dans le même temps, a-t-il noté, "il s'agit pour l'Etat français de maintenir sa légitimité auprès d'une part importante des dernières générations d'Européens d'Algérie et auprès de larges franges de la droite et de l'extrême-droite pour qui la reconnaissance des crimes coloniaux constitue une atteinte à +l'honneur de la France+". "L'anticolonialisme et l'antiracisme constituent toujours des cibles dans l'armée et la bourgeoisie françaises, comme l'a montré la tribune de généraux français parue dans un journal d'extrême-droite à la date symbolique du 21 avril (putsch des généraux du 21 avril 1961)", a-t-il constaté. Il a estimé, dans ce cadre, que "les réparations désirées ainsi que l'accès aux archives devront sans doute être arrachés par la lutte", ajoutant que "ce sont les classes populaires de France et d'Algérie qui peuvent tenter de se forger une mémoire commune basée sur la solidarité". |
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