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Voici le menu du premier f'tour sur la Croisette de l'envoyé spécial du Quotidien
d'Oran invité au dîner de presse (que la crème de la crème de la presse
internationale) par Thierry Frémaux, le big Imam du Festival de Cannes.
Entrée: Pressé de légumes provençaux au Pistou. Crème de Burrata et tomates au Balsamique. Copeaux de truffes. Plat: Délicieuses coquilles Saint-Jacques croustillées noisette/ orange préparées par un chef étoilé et accompagnées d'une mousseline de carotte au beurre de Baratte, copeaux de légumes de saisons, bouillon de bardes crémé. Dessert: Cubique cube pur chocolat noir et ivoire. Et L'ben Piper Heldsieck servi à volonté. Les tarawihs coïncidant avec la grosse teuf de la clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, on enchaînait donc avec les Charbettes Veuve Clicquot. Même si l'ambiance était fraternelle et le DJ au minbar vachement inspiré, il se trouvait quand même quelques irréductibles mécréants qui se plaignaient du niveau élevé de la sono. Air connu? L'avant-veille, c'était pour un déjeuner en tête à tête au restaurant du Casino de Cannes que fut convié votre serviteur. La puissance invitante était un certain TH, à ne pas confondre avec Le fameux TH, sujet invité. De Suisse et de Kabylie, le TH invitant est le directeur artistique du Festival du Film O de Genève. Et entre deux bouchées de poissons on a parlé de sujets aussi divers que variés et principalement du rôle des services de sécurité dans l'organisation en Algérie des manifestations culturelles à caractère idéologique. Le Festival d'O, en fait c'est le festival du film oriental de Genève et le TH kabylo-suisse n'est autre que l'archi-sympa Tahar Houchi, par ailleurs envoyé spécial à Cannes de Liberté, le quotidien francophone préféré des Kabyles. Au fil des échanges, l'envoyé d'Oran apprit qu'il était payé deux fois moins que son homologue berbéro-helvétique qui fournissait trois fois mois de papiers. A peine le repas terminé sur un café gourmand inclus dans la formule, l'envoyé spécial d'ici demanda par sms une augmentation de salaire à la directrice générale du Quotidien d'Oran. Refusée. En colère, celui-ci, c'est à dire moi, ou plutôt mon sur-moi, est passé au stade des menaces : «Si vous ne m'augmentez pas, je ne vous livrerai pas mes pronostics pour le Palmarès qui aura lieu juste avant l'Adhan aujourd'hui - si Dieu veut». En guise de réponse, j'ai reçu un document récapitulatif de mes 20 derniers pronostics cannois accompagnés des vrais Palmarès, sans aucun commentaire. Une manière fielleuse de me signifier que mes pronostics pourris je pouvais me les garder. Ce qui n'est pas sympa en ce mois soi-disant de fraternité miséricordieuse. C'est donc pour des raisons syndicales que je refuse de livrer ici les raisons de mes coups de cœur concernant 1- Burning le splendide film du virtuose sud-coréen Lee Chang-dong qui part d'une nouvelle très courte de Murakami pour nous entraîner -en compagnie d'un trio de jeunes renversants de beauté- dans un thriller lyrique qui actualise dans le monde d'aujourd'hui l'éternel thème de l'errance existentielle. 2- Une affaire de famille du très inspiré et tout aussi inspirant japonais Hirokazu Kore-Eda qui prouve qu'on peut filmer les pauvres sans sombrer dans la complaisance d'exhiber le laid avec condescendance. Grand moment ciné qui nous venge des Capharnaüm de La Labaki, Dogman de Mattéo Garrone et autres Yomeddine de Abou Bakr S, avec ses lépreux égyptiens vus par la petite caméra larmoyante de la bourgeoisie cairote râpée. Et enfin 3- Leto (L'été) du dissident russe Kirill Serebrennikov qui revient sur les années rock made in USSR d'avant la Pérestroïka. |
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