|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
D'un film vu à Cannes (VO),
imaginer son équivalent adapté à la réalité algérienne (VA), Telle est le but
fixé par cette chronique. Aujourd'hui «Happy End» de Michael Haneke(4/5).
Le synopsis en une seule phrase nous avait déjà accroché «Tout autours le Monde et nous au milieu aveugles», avec un indice qui ne pouvait qu'accroitre notre envie de le voir toutes affaires cessantes, l'histoire du film se déroule à Calais? donc pas loin de ce qu'on appelle «La jungle de Calais», ce lieu où viennent s'entasser tous les réfugiés de toute la misère du monde qu'on réduit trop facilement à des «migrants». To be or not to be en vie, survivre aux horreurs de la guerre, aux odyssées de la honte et espérer qu'un miracle se produise avant d'accoster l'île du Dr William Shakespeare. Or, voilà, on ne les voit pratiquement pas les «réfugiés» dans cet excellent et glaçant film français réalisé par l'autrichien doublement palmé d'or Michael Haneke. On ne le voit pas, car aucun des protagonistes du film n'en a cure. C'est au scalpel que le cinéaste dissèque son sujet: la famille bourgeoise occidentale dans son conservatisme le plus mortifère. Une fillette de 13 ans arrive dans une maison bourgeoise retrouver son père à la mort de sa mère. C'est elle qui nous introduit dans ce monde bourré de calmants et de règles rigides à observer. Le vieux patriarche (JL Trintignant) est croulant et veut se donner la mort, sa fille ( I Huppert) dirige l'entreprise familiale de BTP, sans trop compter sur son fils alcoolique. Les domestiques sont des «esclaves marocains» -comme ils disent- qui font «très bien la cuisine». Chacun est à sa place, personne ne voit que ce vieux monde s'écroule quand la vie palpite dehors chez ceux qui y croient encore. Ils ne sont qu'en arrière plan les réfugiés, et pourtant on n'a qu'une envie, aller les retrouver pour qu'ils nous inculquent cette terrible envie de vivre qui manque aux protagonistes du film. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est un film de son époque. Il dissèque notre indifférence et nos aveuglements d'une manière froide, clinique. Un film de son époque dans le fond et la forme, il faut saluer la prouesse de la mise en scène qui utilise avec brio des images prises par d'autres appareils que la caméra: téléphone portable, écran d'ordinateur, interface de facebook. Voilà pour la VO de «Happy End», en VA on aimerait qu'un des nos cinéastes «révolutionnaires»aille filmer à la frontière algéro-marocaine ces réfugiés balancés de part et d'autre. Quel titre pour ce film qui reste à faire ? «La fraternité est un sport de combat» ? «Chroniques des années de la Honte» ? «Le Vent de l'absurde» ? |
|