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Tel fut l'intitulé de la
conférence programmée à la réunion du 24 mars 2016 tenue au ministère de la
Santé et à laquelle ma tutelle m'a invitée en vue de la contribution de
l'orthophonie, au Symposium international sur l'autisme, organisé les 02-03
avril 2016 (Alger) sous le haut patronage de Monsieur le Chef du Gouvernement.
Avant même le symposium, puisqu'elle fut aussitôt déprogrammée (sans doute pour
son aspect novateur), je l'ai mise en ligne dans notre site et envoyé le
diaporama aux communicants. Puis, j'ai massivement contribué aux débats du
symposium et, enfin, je la synthétise ici.
L'objet de ce symposium, c'est d'intégrer l'Algérie dans le Plan Autisme, un projet international qui vise à uniformiser (à l'échelle internationale) la stratégie de prise en charge de ce trouble cognitif neuro-développemental. L'initiateur en est le Pr Philippe Evrard, chef du service de neuro-pédiatrie de l'hôpital Robert Debré qui, après son passage au Laboratoire de Constantine 2 du Pr Nadjib Nini, co-anima, avec l'URNOP, une table ronde dans ce thème, le 03 juin 2015 (voir les prestations en page d'accueil du site de l'Unité et article paru le 02 juillet 2015, dans Le Quotidien d'Oran). La problématique actuelle de l'autisme se situe à trois niveaux : le diagnostic par l'évaluation, la prise en charge, la formation et la recherche scientifique fondamentale et appliquée. La recherche fondamentale permet d'optimiser la compréhension du déficit et de l'intégrer dans un modèle théorique qui fondera les programmes thérapeutiques. La recherche appliquée développe des stratégies d'évaluations standardisées permettant de poser, de façon scientifique, le diagnostic. Une politique internationale de prise en charge de l'autisme est, par définition, basée sur un consensus, autrement dit, sur l'uniformisation rigoureuse de la prévention, de la couverture par la sécurité sociale, de la gestion des séances neuro-éducatives, de la technologie des programmes et des moyens éducatifs, de l'adéquation des infrastructures aux objectifs, des moyens de guidance, du système de classes spéciales. Le tout, avec, pour corollaire, l'uniformisation de la formation et des objectifs de la recherche, ce qui veut dire que le cursus LMD d'orthophonie en Algérie doit être, comme celui de médecine, conforme à l'international et non un cursus « spécifique » : les autistes, qu'ils soient algériens, allemands, français ou suisses, présentent les mêmes symptômes ! Quel type de recherches scientifiques doit-on développer en Algérie en matière d'autisme afin d'atteindre les objectifs internationaux et s'insérer dans le concert des nations ? Pourquoi l'orthophonie est-elle privilégiée dans la prise en charge de l'autisme ? Est-il possible de bâtir une politique internationale de prise en charge de l'autisme sans se pencher sur la qualité de la formation en orthophonie en Algérie ? Comment l'aligner sur l'international ? Ce sont là les 03 ordres de problématiques mis à nu dans cet article. Ma démonstration ne sera pas sans recommandations. 1. La recherche scientifique en matière d'autisme à l'international ou des techniques d'évaluations scientifiques du déficit autistique 1.1. Autisme et neurosciences cognitives du langage : pourquoi le soin orthophonique est-il privilégié dans la prise en charge du patient autiste ? C'est dans « l'épi-génétique » au sens d'Evrard, qu'il faut investir. Ce spécialiste a opposé ce concept à la notion « génétique », dans sa conférence lors du symposium, afin de mettre en lumière le fait qu'actuellement, tant que le remède biologique n'est pas encore découvert pour soigner l'autisme, il faudra investir dans l'éducation cognitive de l'enfant autiste. Les neurosciences sont à la croisée des sciences biologiques, psychologiques et chimiques, qui contribuent à la connaissance, toujours meilleure, du cerveau et de son fonctionnement. Elles sont surtout connues sous l'angle des neurosciences cognitives et comportementales. La neuro-éducation est en train d'émerger comme science à part entière aujourd'hui. Parallèlement aux approches cognitivo-comportementalistes, associant la neurobiologie, les sciences cognitives bénéficient de l'apport de l'outil IRM (imagerie médicale par résonance magnétique), aux fins des recherches de causes biologiques éventuelles. Dans cette optique, l'apport de l'orthophonie est novateur, puisque c'est l'orthophonie qui, en Algérie, nous fait découvrir les neurosciences cognitives. Nous quittons donc, par-là, la sphère des généralités, auxquelles on est habitués. Nous sommes dans l'innovation. En effet, qui ne sait pas que ce trouble envahissant du développement devient de plus en plus fréquent, qui n'en connaît pas la définition et qui ne sait pas que c'est la communication par le langage que recherchent les parents d'enfants autistes, en vue de leur insertion sociale et scolaire ? Les personnes autistes possèdent l'intelligence, elles n'ont besoin que de moyens pour l'exprimer socialement, afin de devenir autonomes, c'est-à-dire des êtres qui communiquent. Et comme c'est par le langage, première compétence cognitive par laquelle l'être humain s'autonomise dès l'âge de 18 mois, c'est alors l'orthophoniste qui est fortement, voire exclusivement, demandé par les parents d'enfants autistes, vu qu'il pratique le soin pragmatique, c'est-à-dire psycholinguistique, de l'autiste au sein des services de pédopsychiatrie et des centres spécialisés. Par contre, ceux-ci s'opposent à la psychanalyse, du fait qu'elle appréhende les symptômes autistiques, non comme des conduites pathologiques à soigner, mais comme des mécanismes de défense qu'il faut, au contraire, respecter sans trop solliciter le patient ni stimuler sa communication. Ceci, afin d'éviter l'aggravation de ces défenses, elles-mêmes dues à une mauvaise relation affective mère-enfant. C'est pourquoi, loin des concepts freudiens, aujourd'hui largement dépassés, et grâce aux neurosciences cognitives, des stratégies cognitivo-comportementalistes de soins de l'autisme se dessinent et se développent de plus en plus aujourd'hui. En Algérie, les avancées de l'orthophonie sont telles, qu'elles contribuent à la naissance des neurosciences cognitives à l'international, grâce aux recherches menées par 22 équipes pluridisciplinaires au sein de l'URNOP, seule entité de recherches dans la thématique, dans le monde arabo-africain. Le noyau dur de l'URNOP est l'orthophonie, science humaine clinique qui dispose aujourd'hui de sa propre thèse thérapeutique validée et reconnue à l'international et de son propre test neuroscientifique algérien-international, la mallette des 33 épreuves neuro-psycho-linguistiques, révisées, adaptées et étalonnées du « MTA ». Ainsi, l'orthophonie est bel et bien une science basée sur la « preuve », « the evidence » et non de la « parapsychologie ». L'exclure donc des débats sur l'autisme serait une erreur pouvant être à l'origine d'un projet inaccompli, malgré l'investissement matériel. D'ailleurs, les recherches actuelles nous confortent massivement dans nos résultats. Ainsi, Éric Lemonnier, pédopsychiatre à la tête des travaux du Fonds de Dotation Neurosciences et Autisme, mène aussi ses activités au Laboratoire de neurosciences de Brest, insistant pour que des prises en charge précoces en orthophonie se fassent aux fins d'accompagnement de ces enfants vers une scolarisation. Sa procédure : modéliser le fonctionnement cognitif du patient autiste pour avancer dans des propositions thérapeutiques. Les neurosciences cognitives du langage ont donc toute leur valeur dans cette école aussi. On cite aussi les techniques éducatives de la communication chez l'autiste, comme le programme américain ABA, lequel axe l'intervention sur les apprentissages et la gestion du temps. Au constat des dégâts d'une prise en charge psychanalytique, Eric Schopler a créé le programme TEACCH en 1970 aux USA. L'objectif est de favoriser l'action et le langage. La technique du P.E.C.S., créée par le psychologue et thérapeute comportementaliste Andy Bondy et l'orthophoniste Lori Frost, en réponse aux difficultés d'enseignement rencontrées avec des enfants autistes qui n'avaient aucun langage fonctionnel, constitue un système de communication efficace pour n'importe quelle personne ayant des difficultés à s'exprimer oralement. Il faut noter le fait que tous ces programmes se fondent sur la notion théorique de restructuration spatio-temporelle de l'autiste, privilégiant le langage oral et la communication sociale, principaux leviers de l'autonomie. Ce sont des résultats auxquels nous-mêmes avons abouti, dans le cadre de nos travaux en aphasiologie (lancés à la fin des années 70 et soutenus en 1986). N'existe-t-il pas de rapports de structure aphasie-autisme, le déficit spatio-temporel se retrouve aussi bien dans l'autisme que dans l'aphasie. C'est pourquoi la thérapie basée sur des exercices de restructuration spatio-temporelle dans les 2 cas (les techniques diffèrent-elles selon qu'il s'agit d'aphasie ou d'autisme), prouve son efficacité clinique et ouvre aujourd'hui de nouvelles pistes en neurosciences cognitives. C'est le thème de la conférence intitulée « Naissance de la neuropsychologie en Algérie : enseignement et recherches », présentée lors du colloque « Neurosciences et Éducation » (24-26 mars 2009, ENS de Lyon). 1.2 En Algérie, l'utilisation aveugle des programmes de soin internationaux, d'une part et la crainte de la pluridisciplinarité d'autre part, invalident la prise en charge de l'enfant autiste : sans « preuve » scientifique, elle l'enferme dans « l'à peu près », le « para? » Philippe Evrard et l'ensemble des auteurs ci-dessus évoqués, mettent en garde contre « le non-fondé scientifiquement », contre l'absence de « preuve » dans le soin de l'autiste, c'est pourquoi ils soulignent massivement le fait que la priorité de ces programmes demeurent l'évaluation objective de l'enfant, à travers des techniques culturellement appropriées et standardisées. En effet, l'évaluation est constante et ne sert pas que le diagnostic. Elle sert aussi à contrôler de façon scientifique, l'évolution de la communication de l'enfant autiste tout au long de la thérapie neuro-éducative. Ainsi, les comportements et les réactions de l'enfant sont rigoureusement observés durant ces séances d'évaluation, lesquelles débutent par des tests comme le Childhood Autism Rating Scale (CARS) ou Échelle de cotation de l'autisme infantile, conçue par la Division TEACCH, pour tester l'imitation (verbale ou motrice), l'affectivité, l'utilisation du corps, la relation aux objets, l'adaptation aux changements de l'environnement, les réponses visuelles, les réponses auditives, la réaction d'anxiété, la communication verbale, la communication non verbale, le niveau d'activité et le fonctionnement intellectuel. Le test PEP-3, lui, permet l'élaboration de profils : cognition verbale /préverbale, langage expressif, langage réceptif, motricité fine, motricité globale, imitation visio-motrice, expression affective, comportements verbaux caractéristiques. Or, toutes les consignes du thérapeute sont du langage. La compréhension orale de l'autiste, concept psycholinguistique, est donc au premier plan du processus d'évaluation. Et puisque tous les auteurs de ces techniques insistent sur l'idée que tout patient ne peut être éduqué que dans sa culture, la neurolinguistique, qui intègre l'adaptation des tests au kabyle et à l'arabe dialectal (le langage) lorsque le patient est en acquisition (0-6 ans) et à l'arabe écrit (la langue) lorsque le patient est en apprentissage (à partir de 6 ans) a alors toute sa valeur en matière d'autisme et s'avère totalement absente de l'enseignement, de la recherche scientifique et de la pratique pédopsychiatriques. Ceci est donc une carence scientifique et clinique fondamentale. La difficulté en Algérie, vient de l'occultation de l'apport aux tests, de la linguistique, connue comme une science à la fois complexe et en effet difficile. Or, tous les tests psychologiques sont des tests linguistiques et c'est avec du langage que travaille le psychologue ! C'est d'ailleurs ce constat qui incita à la création de la psycholinguistique dans les années 50-60 dans le monde, mais l'Algérie n'a pas suivi bien que la problématique de la non-conformité des tests étrangers à la réalité algérienne fut posée dès les années 70. La pédopsychiatrie et la psychologie doivent donc y adhérer en reconnaissant l'apport de l'orthophonie à la clinique de la communication et ceci est un progrès avec lequel il faut compter. Par exemple, le programme TEACCH de Shopler est utilisé dans des services de pédopsychiatrie sans mise en facteur de ce critère culturel fondamental. Or, tout le monde s'accorde à dire que, si tous les autistes du monde connaissent les mêmes symptômes, il n'en reste pas moins que chaque enfant autiste doit être évalué à travers des tests standardisés dans sa langue et sa culture. Et traduire stupidement un test (lorsqu'on sent la difficulté et la carence), n'est pas un travail scientifique. En Algérie, le programme TEACCH n'est donc pas administré à l'autiste de façon objective. L'on reste donc dans de « l'à peu près » et l'on n'a d'ailleurs connaissance d'aucune étude de cas autiste, montrant l'avant et l'après soin, de façon contrôlée par des tests adaptés et standardisés dans les langues algériennes. Or, il s'agit d'un profil qui évolue. C'est pourquoi le brave psychiatre, qui est venu à l'Université d'Alger 2 pour attirer nos étudiants aux fins de les « former » dans le TEACCH de Shopler, devrait d'abord valider ce programme en créant ses propres techniques neurolinguistiques d'évaluation. Dans son service, le TEACCH est utilisé de façon non scientifique depuis des années, pour « soigner » des autistes. En outre, il occulte les règles d'éthique : permettrait-il aux Assistants de son service d'organiser une Journée d'étude sans le consulter ? Invité par un personnel non spécialiste et non initié aux colloques, qui voulait juste réagir aux prestations de l'URNOP dans les colloques, il a, en effet, participé à une dérive non seulement scientifique, mais aussi morale. 2. Données actuelles en matière d'enseignement et de recherches scientifiques sur l'autisme en Algérie et capacités d'internationalisation qui profitent à l'étudiant étranger mais pas à l'étudiant algérien. Recommandations Le MESRS assure une formation universitaire en orthophonie, en psychologie et en pédopsychiatrie, 3 chaires dotées de leurs 3 cycles de formation (gradué, post-gradué et doctoral) et de leurs laboratoires de recherches. Si le cursus de pédopsychiatrie est l'affaire des pédopsychiatres, il n'en demeure pas moins qu'une formation dans la validation scientifique des programmes de rééducation des autistes, leur manque. Rappelons qu'adapter un test au réel algérien relève d'une méthodologie et d'un travail de recherche scientifique, fondés sur des concepts théoriques qu'intègre la psycholinguistique. Cette méthodologie est enseignée en orthophonie et publiée dans l'ouvrage théorique, un des composants de la mallette du « MTA ». C'est donc à l'orthophoniste de l'enseigner au pédopsychiatre, ainsi qu'au psychologue. Deux pôles cognitivistes existent en Algérie : l'un à Constantine 2 (équipes du laboratoire du Pr Nadjib Nini) et l'autre à Alger 2 (équipes de l'URNOP). La formation et la recherche en psychologie en Algérie sont essentiellement faites de psychologie sociale. S'attachant depuis l'indépendance au symptôme, le comportement (le social humain) et négligeant donc sa cause (le cognitif humain), elles sont limitées, dépassées. La tendance psychanalytique est elle-même orientée vers le critère social. Voir articles (comme celui du Quotidien d'Algérie du 03-08-2014), qui expliquent ce retard en psychologie que met aujourd'hui à nu le développement des sciences cognitives. Or, c'est le cognitif de l'homme qui détermine son comportement ; il faut donc veiller à développer l'autonomie (l'intelligence et le sens du projet) depuis l'enfance et l'école (voir articles en ligne, sur les dégâts cognitifs de l'absence de la langue à l'école) ; et ce, pour prévenir « un social » déviant (drogue, violence, ignorance,?), symptôme de la santé cognitive. Or, un symptôme, on ne peut que le décrire, afin d'en classer les traits pertinents. Pour le soigner, il faut donc s'attaquer à son explication : le cognitif. En médecine, cela s'appelle l'étiologie et un traitement purement symptomatique produit la récidive. Depuis l'indépendance, la psychologie, très attachée au « social », ne fait donc que décrire sans classer et encore moins expliquer les comportements déviants. Or encore, anomalie fondamentale, c'est les psychosociologues qui, profitant du critère social (leurs clans, leur tribalisme et leur nombre proliférant, ? tant il est facile de décrire !), composent d'une façon exclusive et parfaitement organisée, comme dans une caserne, le système des Comités décisionnels appelés, juste pour la forme, « scientifiques ». C'est pourquoi, tout projet novateur, neuroscientifique est rejeté sans expertise. Mais comme c'est la recherche scientifique qui justifie et valide l'enseignement, joints à l'objectivité et à l'esprit scientifique d'hommes responsables, le produit de l'URNOP, publié en ligne, donne toutefois la mesure, offre au monde entier à consulter, le juste LMD d'orthophonie, celui qui, universel et non spécifique, a été construit en 40 ans de parcours. En effet, un programme, ce n'est pas de l'improvisation en copier-coller de mots-phrases à partir de notre site, sans fondements ni « preuve ». Or, le soin de l'autiste dépend de la formation. C'est pourquoi seule la correction de l'anomalie sera la solution pour une prise en charge justifiée par « une preuve ». Dans cette même logique d'opposition au progrès, le professeur-spécialiste-expert en neurosciences, exporte ses Offres LMD d'orthophonie vers des facultés de médecine étrangères classées dans le monde, qui sont empêchées chez lui. Mis en ligne et non cachés, nos programmes n'ont rien à envier à ceux du Canada, de Suisse, de France ou d'Allemagne et leur visibilité est telle, une première en Algérie, qu'elles attirent régulièrement des candidatures internationales qui sont transférées aux responsables du ministère et de l'Université, au rythme de leur réception. Le MESRS a bien instauré la structure Assurance Qualité, dont le principal objectif est l'uniformisation des programmes LMD, à l'échelle nationale. Cette opération s'avère biaisée, dès lors que l'expertise spécialisée est exclue des Comités des programmes, lesquels, bricolés par des personnes qui n'ont jamais vu un patient, ni développé une théorie thérapeutique, aboutissent à des cursus qui sont différents d'une université à l'autre, appelés abusivement « orthophonie », incohérents car sans objectifs ni fondements scientifiques. Ces programmes sont donc inutiles, à l'heure où l'Algérie ne peut plus se permettre le gaspillage économique. La licence d'orthophonie du système classique-1999 ayant sécrété la licence-LMD-2007 a pris fin en 2014. L'autisme y était enseigné comme un chapitre du module de handicap mental ; il a fait, néanmoins, l'objet de la soutenance de plusieurs mémoires. Cette licence a produit, jusqu'à 2014, près de 300 praticiens / an, dont très peu sont recrutés en service pédopsychiatrique. La licence LMD-2007 d'orthophonie qui en émane n'a pu produire que 02 promotions ; le cursus de substitution instauré depuis 2010 est non-conforme, car il est fait sans expertise et par des non-spécialistes. L'ensemble de ces graves anomalies est dû au non rattachement du LMD à la seule entité de recherches en orthophonie en Algérie. Or, c'est l'URNOP qui en recèle l'expertise et l'infrastructure de soutien (une centaine de chercheurs pluridisciplinaires, une quarantaine de projets nationaux et internationaux, parmi lesquels des projets sur l'autisme, 2 sociétés savantes, 17 numéros de revue, plus de 40 programmes de colloques, une trentaine d'ouvrages spécialisés, des cours polycopiés, des tests, des logiciels, des thèses, des liens de publications, ?). Mis à part le master « orthophonie » et le master « les TCC », tous les cursus LMD d'orthophonie du pays sont sans laboratoire de rattachement ; leurs auteurs demandent alors à l'un des leurs, directeur d'un laboratoire de sociologie, d'histoire ou de psychosociologie, une signature et l'offre est habilitée, alors que le ministère lui-même, exige que le laboratoire de rattachement du LMD, soit celui de la filière. Un doctorat de géographie proposé par un maître de conférences en géographie ne peut pas être rattaché à un laboratoire d'histoire ! Cette inversion des valeurs perdure en orthophonie, ce qui crée les aberrations qu'on connaît, compromettant sérieusement la qualité de la formation et, surtout, rend compte de l'absence totale de productions scientifiques en matière d'orthophonie en Algérie, en dehors de celles de l'URNOP. Le master d'orthophonie né en 2010 et l'autodidactie ont, néanmoins, pu produire des Kacimi Chahinaz (orthophoniste du service de pédopsychiatrie du Pr Tabti) et des Maza Nassila (orthophoniste praticienne en secteur libéral) : voir leurs diaporamas en ligne, travaux, qui demeurent des exceptions, cependant. Le doctorat d'orthophonie du système classique, qui, à ce jour, n'a pas reproduit de soutenances de thèses à travers l'offre de 3ème cycle LMD d'orthophonie (proposée en 2012, consultable en ligne et dont 5 promotions de master attendent l'habilitation), a produit une douzaine de MC en orthophonie depuis 1999, à l'échelle nationale. Conformément à la norme en orthophonie, nos jurys impliquent, comme membres experts, le médecin et le linguiste. Un doctorat « de substitution » a été auto-attribué depuis 2012 par et pour une maître de conférence, psychosociologue, cooptée membre des CS, sans produire. Si une quinzaine d'Universités comptent la chaire d'orthophonie, les autres universités du pays l'instaurent progressivement. Cependant, dans le contexte actuel, les programmes ne sont pas uniformisés à l'échelle nationale. En effet, nos anciens étudiants, affectés dans les universités de l'intérieur du pays, font dans le copier-coller de nos programmes, chacun à sa façon, sans concertation avec la référence. Ceci est d'autant plus regrettable qu'il s'agit d'une question de santé publique. La thèse de soins de l'autisme, qui fonde nos cursus d'enseignement, nos recherches et nos encadrements, est elle-même basée sur la restructuration spatio-temporelle du patient, depuis le phonème jusqu'au texte écrit, en passant par le mot, la phrase et le récit oral, sans exclure l'écrit (voir site de l'URNOP, émanation en 2013 du Labo SLANCOM né en 2000). Ceci veut dire que la recherche scientifique en Algérie est bien alignée sur l'international ; malheureusement, elle ne profite pas au LMD censé produire l'enseignant et le praticien. La Formation Continue implique tables rondes et cours internationaux sur l'autisme ; des logiciels et des tests sont progressivement versés en ligne. Les stages ne sont pas réglementés, lorsqu'ils existent. Depuis la fin des années 80, ils ne sont plus soumis à un programme. Dans les commissions de recrutement, le professeur-spécialiste-expert n'est pas impliqué, là non plus. Le recrutement n'est donc pas fonction de la thématique des mémoires ni des stages du candidat. Souvent, devant l'autiste, l'orthophoniste est alors totalement démuni. La disparition des comités pédagogiques explique l'absence de coordination entre les cours et entre le cours et le TD. L'enseignant qui ne produit pas et n'active pas dans un laboratoire de recherches, enseigne donc du « réchauffé » et fait du « sur-place », depuis des décennies, ce qui impacte la qualité de la formation. Le praticien ne suit que très peu les formations continues et il n'existe pas de dispositif à même de l'évaluer. Les prises en charge ne sont réglementées par aucun système de santé publique, ni de sécurité sociale. Le statut professionnel de l'orthophoniste, concocté par des psychologues, qui ne savent pas ce qu'est la phonation ni la phoniatrie et l'aphasie, est grossièrement assimilé à celui du psychologue. Malgré tous les dossiers déposés au ministère de la Santé, remettant en cause ce statut illogique, l'expert-fondateur de la chaire ni ses disciples docteurs en orthophonie ne sont pas impliqués dans ses actions autour de la profession d'orthophonie comme cela devrait se faire. Or, en médecine, ce n'est pas l'externe ou l'interne en médecine qui discute le statut du médecin, au sein du ministère de la Santé. En conclusion, par rapport à ce Plan International Autisme, deux ordres de recommandations sont à intégrer par le ministère de la Santé et par les autorités afin de rendre possible la réalisation du projet : 1. L'autisme est une affaire de neuropsycholinguistique et non de psychiatrie, parce que ce n'est pas une psychose ni un handicap mental. Des moyens de communication doivent lui être fournis pour lui permettre d'exprimer son intelligence enfouie dans une bulle ; ceci, à partir de l'évaluation du langage (reflet de l'intelligence et de l'autonomie) qu'il conserve, à différents degrés et de programmes thérapeutiques scientifiquement adaptés à sa culture et sa (ses) langue(s). Les psychiatres intégreront donc désormais la linguistique clinique dans leurs laboratoires et leur formation. Le chapitre financier du Projet Autisme couvrira les frais d'achat des tests et des recherches psycholinguistiques, en collaboration avec l'URNOP. Une demande dans ce sens m'a d'ailleurs déjà été formulée officiellement après le symposium. 2. Puisque c'est de l'Université d'Alger 2 que les neurosciences cognitives ont émergé en Algérie, l'expertise dans ce secteur doit donc être intégrée dans les Comités scientifiques, dont la composante est, pour l'heure, « sociale » et non « cognitiviste » comme cela devrait être. Grand paradoxe : un cursus « de substitution » sans laboratoire produit des « diplômés », au profil non conforme. Et une Unité de recherches, profitant à l'étudiant étranger, est sans son LMD. L'autiste algérien recevra donc un soin orthophonique non conforme, cette anomalie fait trop de dégât et aujourd'hui, l'exigence vient de l'international. En effet, si le cursus gradué de médecine en Algérie est de type international, celui d'orthophonie est de type spécifique de 1977 à 1999 (malgré l'Apport de 1979 à 1999) et depuis 2010). Il faut aussi stopper le grave non-sens qui interdit au licencié de psychologie, au linguiste, au biologiste et au médecin de s'inscrire au master d'orthophonie, en appliquant l'Arrêté d'habilitation n° 312 du 07-09-2010, lequel rend officielles les conditions d'accès. Voir projet en ligne (en annexe, ce serait mieux ou bien, rajoute le lien du site de l'URNOP). Il est donc temps que les responsables se penchent sur le problème de l'inadéquation de la formation d'orthophonie, aux formations internationales. C'est pourquoi, si ce grossier paradoxe n'est pas résolu de façon ferme et définitive, ce projet Plan Autisme ne pourra pas intégrer l'Algérie, à moins d'en faire une grosse infrastructure administrative, au détriment du patient autiste. |
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