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Hind O est-elle de droite ou simplement très gauche? Sarah Aïder est-elle
néo-marxiste ou crypto-berbériste? Azzedine Mabrouki voyage-t-il en première ou
en seconde classe? Que font de leurs fonds idéologiques, nos amis les critiques
? Chronique éminemment politique...
En 1951, le sociologue Edgar Morin est envoyé à Cannes pour couvrir le Festival. A cette époque le monde encore marqué par la Deuxième Guerre mondiale est divisé en deux blocs, l'URSS et les USA. Et l'Europe n'a pas fini avec les guerres de décolonisation qui ne font que commencer. Impossible de ne pas être marqué par la question idéologique. Les films de l'époque tentent de faire oublier les traumas liés à la Deuxième Guerre mondiale, et les angoisses de celles à venir. Les films proposent des mondes meilleurs à l'écran et des fins heureuses aux histoires les plus compliquées. Des happy ends. Voilà comment Edgar Morin, envoyé à Cannes, va analyser ce phénomène: "La happy end correspond à une mythologie du bonheur. L'image finale de chaque film est comme un microcosme de paradis, et dans un sens, cette mythologie du bonheur est extraordinairement émouvante, car elle nous révèle quelle ampleur ont pris les besoins de bonheur au XXème siècle. Si la happy end est aussi tyrannique, c'est qu'elle conjugue en elle les besoins mythiques des masses qui s'intègrent dans les modèles culturels de la civilisation petite bourgeoise et les pressions sociologiques de l'ordre établi, qui par tous les moyens veut exorciser l'absurde et le pessimisme. Ces deux ferments de la critique sociale. Heureusement il y a encore des fins malheureuses. A leur façon, elles sauvegardent la part maudite et menacée, la part corrosive qui accompagne et ronge toute culture dominante.» A lire cet extrait, on devine aisément les idées politiques du jeune Edgar Morin. Et l'on peut se demander si l'article est excellent parce que son auteur est marxiste ou le contraire. Aujourd'hui la dictature de la happy-end n'existe plus. Il y a entre-temps une mode des films qui ne se terminent pas bien. Cette année à Cannes force est de constater que la plupart des films ont une fin ouverte comme on dit. Ni happy, ni triste, juste une fin ouverte ou suspendue. Ou une non-fin si l'on veut. Est-ce un signe de notre incompréhension du monde tel qu'il se développe ? Est-ce un signe de la fin des idéologies ? Mlles Hind O et Sarah H, vous avez jusqu'à la prière du vendredi pour remettre vos copies. Ce sera la dernière étape de la sélection en vue d'obtenir la place vacante et convoitée de critique de cinéma officiel de la République algérienne démocratique et populaire, poste que va enfin quitter l'envoyé spécial du Quotidien d'Oran pour cause de préretraite annoncée. Mlle Sarah, je sais que vous êtes bilingue, libre à vous d'écrire en arabe ou en français. Mlle Hind, essayez de ne choisir qu'une seule langue à la fois pour exprimer le profond sentiment que vous inspire cette question. Au travail, les filles et que ça saute ! |
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