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L'entrée du MSP en opposition est-elle sérieuse ? La
question mérite d'être posée même si certains se sont empressés d'annoncer dans
l'élection d'Abderrezak Mokri une victoire de la ligne «radicale». La notion
mérite d'être d'autant plus relativisée que la différence entre Mokri et
Soltani ne porte pas sur des aspects idéologiques mais uniquement sur le
rapport au pouvoir. Dans la manière de se positionner vis-à-vis du «jeu» dont
les règles sont fixées par le pouvoir.
La divergence qui a traversé le MSP depuis des années n'est pas entre une ligne «radicale» et une autre qui serait «modérée». Sur les questions de société, Aboujerra Soltani n'a pas fait preuve d'une modération particulière et il n'est pas certain qu'il soit plus ouvert que Mokri. Cela vaut également pour les autres dirigeants. La question de la «participation au gouvernement» qui a été la ligne de clivage, pendant longtemps feutrée avant de devenir publique et de provoquer une dissidence, est avant tout une question politique, celle de l'indépendance des partis politiques. Elle se pose pour la plupart des partis y compris ceux qui sont de manière ouverte les «partis du pouvoir» comme le FLN ou le RND. Ceux qui posent de manière «radicale» la question de l'autonomie des partis ne sont pas des gens qui appellent à la violence ou à l'insurrection. Et encore moins à faire fonctionner une rue rendue aisément manipulable par le travail de dépolitisation systématique. Les «radicaux» n'ont rien d'extrémistes, ils sont dans une démarche politique pacifique qui consiste à ne pas accepter que les états-majors puissent être contrôlés du dehors des partis. Feu Abdelhamid Mehri disait par exemple du FLN qui a été mis de manière brutale dans la «maison de l'obéissance» qu'il était devenu «indépendant de la volonté de ses militants». Il était «radical» mais dans le sens de l'affirmation d'une vision sérieuse et digne de la vie politique et partisane. Pour certains partis comme le FFS, cela a été une règle qui exprime une méfiance absolue à l'égard d'une scène politique hyper-contrôlée par le régime. On a parlé aussi de «radicalisme», voire de «paranoïa» à l'égard du FFS? Pour le MSP, et cela n'a rien d'une spéculation, la participation à «l'alliance présidentielle» et donc au gouvernement a été faite de manière contrainte. La situation a atteint un niveau caricatural puisque le président du parti avait rang de ministre d'Etat sans fonction particulière. Sauf de «surveiller» et de brider son parti afin d'étouffer les velléités d'affirmation d'une ligne indépendante. L'implication du MSP dans «l'alliance présidentielle» n'avait rien de «naturel» comme cela peut être le cas pour le RND ou le FLN. Elle n'exprimait pas une «modération» mais un renoncement à une existence autonome. Et bien entendu ce renoncement a été favorisé par le souci de certains de ses membres d'accéder à des postes et à une sorte de reconnaissance du pouvoir. Ils ont ainsi servi d'alibi à la décision du régime de geler complètement la vie politique même si la devanture offre une multitude de partis et des institutions élues. Ce nouveau positionnement va-t-il permettre au MSP de contribuer à l'effet de «libération» de la vie politique en Algérie qui reste un enjeu essentiel ? That's the question ! |
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