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Quelle politique de recherche et d'innovation dans une économie de la connaissance ? - Le chemin vers le développement économique et social global

par Mohand Tahar Belaroussi*

«Embrasser le changement. Imaginez ce qui pourrait être, défiez le statu quo et conduisez à la destruction créative» CHARLES G. KOCH

Il est largement admis dans les milieux économiques et politiques que les besoins économiques, sociaux et environnementaux constituent un facteur important qui incite les scientifiques et les chercheurs à développer des activités de recherche favorisant le foisonnement d'idées et de propositions à potentiel commercial. Celles-ci représentent, par conséquent, un facteur clef de l'innovation. Dans cette situation, l'entreprise, et non l'université comme certains le laissent entendre, agit comme une locomotive du développement économique et social puisqu'elle est un lieu d'élection de la recherche et développement (R&D), de brevet et d'innovation et son instrument privilégié, le transfert de technologie. A cet égard, il y a lieu d'insister sur l'importance de cet enjeu stratégique, celui des changements économiques et technologiques qui doivent être apportés à l'entreprise, en tant que véritable locomotive de la croissance économique et du développement durable.

Dans ce contexte, actuellement, notre pays souhaite assurer son développement et sa pérennité, il se doit par conséquent de consentir des efforts pour construire une base solide sur laquelle doit reposer le système national de recherche et d'innovation cohérent intégrant la R&D, l'innovation, l'entrepreneuriat et les services scientifiques et technologiques (SST : la normalisation, la métrologie, le contrôle de qualité, la diffusion de la documentation et des données scientifiques, la vulgarisation, le dépôt de brevets et l'enregistrement de licences...) qui soient dûment articulés, en amont, avec le système éducatif au sens large et, en aval, avec le système de production de biens et de services. La promotion de la R&D et l'innovation constitue donc la clé de voûte de toute politique économique et d'innovation réussie.

Présentement, tout semble indiquer que nos entreprises ne considèrent toujours pas l'enjeu d'investir dans des activités de R&D, ni même de profiter des ressources mises à leur disposition par l'Etat à travers des exonérations sur certains impôts qui permettent le financement de la mise en place et le fonctionnement de structures R&D en leur sein. Si nos entreprises en sont réduites à adopter sans discernement les technologies élaborées ailleurs alors, elles n'auront guère le moyen d'agir sur le développement de l'économie nationale. L'importation de technologies n'est une stratégie de développement saine que lorsqu'elle aide notre pays à accumuler une capacité scientifique, technique et technologique propre et bien partagée à le mettre en mesure, à terme, de couvrir ses besoins.

La situation dans ces domaines et les principaux problèmes à résoudre et les solutions préconisées ont été largement décrits dans nos précédentes contributions dont les appels sont jusqu'alors restés lettre morte. Les responsables politiques et les institutions en matière de conseil et d'études stratégiques ne peuvent faire la sourde oreille à ces appels et aux demandes formulées par écrit. Mais tant pis, cela ne nous fera pas mourir.

Dans un monde où les économies sont de plus en plus interdépendantes, et au moment où la nouvelle géographie des relations économiques internationales qui se dessine à l'horizon, la connaissance est devenue l'actif le plus précieux et une ressource clef pour les entreprises. Dans ce contexte, et dans le cadre de la diversification de l'économie nationale, notre gouvernement et à leur tête le président de la République ont décidé de faire de l'économie de la connaissance et le développement des start-up une des grandes priorités politiques nationales et un instrument de diffusion de la culture de l'entrepreneuriat et de l'innovation. Toutefois, pour prospérer et innover dans ce contexte de l'économie mondiale de l'immatériel de plus en plus compétitive, et compte tenu notamment du fait que la recherche constitue une composante clef du triangle de la connaissance (formation, recherche et innovation), l'Algérie doit adopter une véritable politique de recherche et d'innovation savamment élaborée au plus haut niveau de l'Etat sur la base d'une vision audacieuse et globale à moyen et à long terme assortie de buts, de stratégies, d'objectifs stratégiques, d'un plan d'action et d'un programme d'activités. Il est tout aussi important de se doter d'un système de gouvernance pour la mise en œuvre opérationnelle des stratégies. Faire de l'accès à la connaissance scientifique et technique, une des conditions de base du progrès économique et social, tel doit être l'un des principaux enjeux de la politique actuelle pour l'édification d'une Algérie nouvelle. Cette politique est essentielle pour stimuler la croissance économique, créer des emplois de qualité, attirer des investissements étrangers et renforcer la compétitivité sur la scène mondiale.

Dans cette perspective, nos structures habituellement créatrices de connaissances comme les universités, les centres de recherche et les grandes écoles seraient les acteurs clefs de la transformation de l'économie nationale en économie de la connaissance où la création de valeur est de moins en moins déterminée par la quantité des ressources matérielles utilisées, mais plutôt par la qualité et la pertinence des connaissances produites par la recherche menée aux frontières de la connaissance, ainsi que la nécessité de s'assurer de l'efficacité de leur application. Ils seront donc invités non seulement à améliorer la qualité de l'enseignement et de la formation et à accroître leur niveau de production scientifique de bonne qualité dans des domaines spécifiques et adaptés, mais également à travailler dans une perspective de leur transférabilité vers le monde économique qui répond à une logique d'entreprise.

Dans cette contribution, nous explorons les principales stratégies et politiques que notre pays pourrait mettre en œuvre pour prospérer et innover dans une économie de la connaissance en rapide évolution dans le cadre d'une vision consensuelle et prospective à long terme. Celles-ci s'articulent autour de quatre grands axes complémentaires.

Investir dans l'éducation et la formation

Dans une économie de la connaissance, le capital humain devient un facteur de production essentiel. Le rôle décisif des ressources humaines dans tout processus de développement confère donc, tout naturellement, une importance primordiale à l'éducation et à la formation. Dans notre contexte spécifique actuel, la première étape vers le développement d'une économie de la connaissance est donc la rénovation des programmes de formation et d'enseignement à tous les niveaux dont l'objectif est de se mettre au diapason des nouvelles avancées scientifiques, pédagogiques et techniques dans des domaines spécifiques des technologies de pointe déjà évoquées précédemment considérées comme étant des leviers de croissance économique et d'emploi au niveau mondial dans lesquels ils peuvent répondre à un vaste éventail d'applications. De plus, il est crucial de promouvoir des programmes de formation professionnelle et technique réellement adaptés aux besoins du monde moderne. En formant une main-d'œuvre scientifique et technique hautement qualifiée et adaptable, notre pays peut créer une base solide pour une croissance future forte et durable, le plein emploi et la cohésion sociale.

Encourager la recherche et le développement (R&D)

La promotion de la R&D est un pilier essentiel du développement des connaissances et de toute politique de l'innovation réussie. Toutefois, l'absence d'entités de R&D opérationnelles au sein de nos entreprises, bien structurées avec un personnel qualifié et parfaitement formé, constitue le chaînon manquant dans notre système national de recherche et une entrave réelle au processus de développement économique et social. Doit-on rappeler que les dépenses annuelles en matière de R&D se chiffrent en dizaine de milliards de dollars dans les pays avancés et les économies émergentes, notamment en Asie, qui emploient des dizaines, voire des centaines de milliers de chercheurs en entreprise. Dans notre pays, les efforts en termes de dépenses en recherche et d'effectif de chercheurs en entreprise sont très loin d'être significatifs1.

Dans ce contexte, nos opérateurs économiques ne s'intéressent pas à la recherche et au développement de nouveaux produits et procédés de fabrication, et ce, en dépit des ressources susmentionnées mises à leur disposition par l'Etat pour stimuler l'investissement dans la R&D. Pour faire face à une telle situation, l'Etat doit jouer un rôle clef dans l'accompagnement de ce processus de réforme de l'entreprise.

Par ailleurs, l'Algérie doit se doter d'une approche stratégique visant à créer un environnement propice à l'innovation et à l'excellence, autrement dit un écosystème d'innovation dynamique où la proximité et les interactions entre les différents acteurs du système occuperaient une place centrale et encourageraient la création et la diffusion de nouvelles connaissances transformées en produits et services novateurs. De ce fait et compte tenu de l'évolution des tendances du concept « technopole », plutôt que de laisser se développer en ordre dispersé de trop petits pôles, gaspilleurs de ressources, tels que ceux qui ont tendance à se cristalliser autour de chaque université. L'idéal serait de développer une véritable politique des pôles de compétitivité (clusters) qui doit permettre à plusieurs acteurs d'un même secteur, regroupées en un même lieu géographique, de mutualiser les compétences et les moyens et de donner plus de visibilité nationale et internationale (entreprises, universités, grandes écoles, organismes de formation, organismes de services, les acteurs de l'accompagnement (incubateurs, accélérateurs de start-up)). A cet égard, il peut s'avérer nécessaire d'effectuer des visites d'études préliminaires auprès des pôles technologiques des pays amis émergents qui comprennent parfaitement notre situation pour avoir vécu la même expérience, afin de recueillir les informations en termes d'organisation, et à tirer les enseignements de leurs expériences respectives et identifier les bonnes pratiques en matière d'élaboration de politique de recherche et d'innovation, de gestion et de mise en œuvre de plans et de programmes.

Favoriser l'innovation et l'entrepreneuriat

L'innovation et l'entrepreneuriat sont étroitement liés entre eux et doivent être considérés dans leur ensemble. Ils jouent un rôle déterminant dans la stimulation de la croissance et de l'emploi dans les PME et les petites start-up. En effet, l'innovation technologique consiste à partir du concept d'une technologie ou d'une technique nouvelle pour créer un produit ou un procédé qui fonctionne et l'entrepreneuriat technique consiste à créer une entreprise rentable fondée sur l'exploitation commerciale d'une innovation technologique.

Dans ce cadre, le gouvernement encourage et soutient la création d'entreprises et de start-up en fournissant aux jeunes entrepreneurs un accès au financement, en simplifiant les procédures administratives et en accordant un ensemble de mesures incitatives et motivantes déjà mentionnées2. Mais, malgré cela, l'Algérie, qui en matière d'innovation, il faut le signaler, occupe la 119e place sur les 132 économies classées, comme rapporté dans l'édition 2023 de l'indice mondial de l'innovation de l'OMPI, qui recule en perdant quatre places par rapport à 2022, loin derrière des pays considérés comme des pays les moins développés. Devant ce constat amer, il convient d'améliorer le classement de l'Algérie dans l'indice de l'innovation, calculé à partir de sept piliers déjà évoqués, à défaut d'un véritable écosystème d'innovation tel que décrit ci-dessus, en mettant en place des plateformes matérielles et logicielles adéquates ainsi que le recours à des encadreurs, des promoteurs de projets et des techniciens motivés, que nous considérons comme facteur clef de réussite d'un projet innovant. Dans ce sens, pour tirer meilleur parti des scientifiques de la diaspora, il serait judicieux d'impliquer les compétences académiques expatriées dans ce processus de développement de plateformes pour promouvoir la créativité et l'innovation.

Dans un cadre plus global à définir, notre gouvernement devrait œuvrer, comme c'est le cas ailleurs dans le monde, à mettre en place, via le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, une nouvelle et vigoureuse diplomatie scientifique orientée sur les compétences nationales expatriées aussi bien académiques qu'industrielles en déployant un réseau d'attachés scientifiques dans ses principales ambassades et consulats à l'étranger3.

Cependant, dans ce chapitre, quand on entend récemment le chargé de mission auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) intervenant sur les ondes de la radio nationale dire que pas moins de 732 start-up ont été officiellement enregistrées et que toutes ces start-up répondent aux critères mondiaux de sélection, un chiffre plaçant l'Algérie au deuxième rang en Afrique après le Nigeria. Voilà des propos révélateurs qui nous ont laissé pantois et laissent supposer que nous évoluons dans un univers illusoire et virtuel avec un avatar, surtout quand il abonde dans le langage des chiffres sur les entités de recherche et de développement que compte le MESRS. Ces propos nous les entendons, certes, depuis longtemps, ils risquent, par leur répétition, d'affaiblir encore davantage la crédibilité de l'Etat. En fait, tous les chiffres fournis ne servent qu'à couvrir l'échec des différentes politiques nationales en matière de recherche et de développement technologique. N'est-ce pas là une des causes principales de la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés ?

Favoriser le transfert de technologie

Le transfert de technologie est un élément essentiel de l'adoption de l'innovation et de l'économie de la connaissance. Dans ce chapitre, en 2015, dans sa politique de recherche, le gouvernement d'alors a prévu de créer des Centres de l'innovation et du transfert technologique (CITT) dans le cadre de la loi n° 15-21 de 2015 susmentionnée et son décret d'application n° 21-549 du 30 décembre 2021. Depuis la promulgation tardive de ce décret, aucun centre ne fût créé !

Si les choses n'ont guère évolué dans ce domaine en Algérie, elles sont avant tout imputables à une vision incomplète et fragmentaire, source d'incohérence politique et de manque de clarté. Pour preuve, nos politiques se préoccupaient davantage des aspects juridiques que scientifiques, techniques et technologiques qui sont étroitement calqués sur ceux des Français. En France, on compte environ deux cents Centres régionaux d'innovation et de transfert de technologie (CRITT). Ces centres apportent essentiellement une expertise scientifique aux PME qui n'auraient pas les moyens d'avoir une unité de R&D et permettent également le transfert de technologie entre les laboratoires publics et le monde professionnel (création de start-up, exploitation de brevets...).

Une fois encore, il faut rappeler que dans le processus d'innovation, de transfert de technologie et d'exploitation industrielle des résultats de la recherche, c'est-à-dire tout au long de la séquence Recherche-Développement-Industrialisation-Commercialisation, il est, dans certains domaines, une étape qui représente un passage obligé dans le processus de développement technologique : cette étape est celle de la démonstration de faisabilité économique. Il ne saurait, en effet, être question d'exploiter de nouveaux procédés ou produits qui n'auraient pas fait la preuve de leur rentabilité. Dans de nombreux cas, un procédé qui a fait les preuves de sa fiabilité technique dans un laboratoire se doit être expérimenté en vraie grandeur dans des conditions d'exploitation réelle pour établir sa faisabilité économique : c'est le stade du projet pilote (développement expérimental).

Habituellement, on distingue deux types de transfert de technologie : le transfert horizontal et le transfert vertical. Le transfert horizontal est le processus par lequel une technologie passe, au sein d'un pays, d'un secteur à un autre, ou d'un pays à un autre dans le même secteur économique ou un secteur différent, et le transfert vertical est le flux de connaissances qui, partant, de la recherche fondamentale débouche, via la recherche appliquée et le développement expérimental, sur la mise au point et la commercialisation d'un produit ou d'un procédé technologique. A chacune des étapes de ce processus d'innovation, des connaissances et du savoir-faire peuvent être aussi l'objet d'un transfert horizontal en provenance ou vers d'autres chaînes. Le processus peut s'accomplir entièrement à l'intérieur d'un même pays (transfert vertical) ou faire intervenir des éléments de pays différents (transfert vertical international) où de nouvelles stratégies de coopération pourraient être mises au point tout au long de ladite séquence. Dans ce dernier cas, la politique scientifique et technologique serait alors celle d'une recherche d'autonomie relative.

Les deux types de transfert sont en fait interdépendants, car tout transfert, pour être réellement efficace, doit s'accompagner d'activités d'adaptation, soit aux besoins du nouveau secteur, soit du nouveau pays. Des experts compétents en la matière insistent sur cette approche : «l'expérience internationale démontre qu'un transfert horizontal de technologie doit souvent être associé à un transfert vertical dans le pays receveur. En d'autres termes, le point d'entrée de la technologie importée doit être, autant que possible, un laboratoire (échelle pilote), où la nécessaire adaptation peut se faire, plutôt qu'une unité de production». L'échelle pilote constitue donc le point de jonction, autrement dit, le chaînon manquant entre le monde académique et le monde industriel5.

Par ailleurs, étant donné qu'une technologie est avant tout une somme de connaissances et de savoir-faire (formation et information), son transfert d'un pays à un autre est un processus où l'homme joue un rôle déterminant : il ne peut véritablement avoir lieu en l'absence d'hommes capables de le maîtriser de bout en bout.

A la lumière de ce processus de transfert de technologie, voici un autre exemple comme conséquence d'une vision incomplète et fragmentaire, qui illustre la situation de déphasage et de déconnexion avec les mécanismes effectivement opératoires dans laquelle notre gouvernement compte relancer la fabrication locale de smartphones. A cet égard, on a appris, par la voie de presse, qu'une séance de travail conjointe a été organisée, présidée par le ministre de l'Industrie, en compagnie du ministre des Télécommunications et du ministre du Commerce. Cette séance de travail s'est déroulée en présence du président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). A propos du thème abordé de cette séance, il est impensable que le ministre en charge de la recherche soit aux abonnés absents ! Cela ne fait que confirmer une situation de fait décrite ci-dessus. Il s'agit d'une situation dans laquelle nos ministres en charge des secteurs clefs du triangle de la connaissance (formation, recherche et innovation) agissent en vase clos faute d'un cadre stratégique intersectoriel d'ensemble savamment élaboré au plus haut niveau de l'Etat qui soit cohérent et ambitieux.

Lors de cette séance de travail, les opérateurs économiques, activant dans le domaine des téléphones mobiles, ont présenté différentes expériences en matière d'assemblage des téléphones mobiles dans le cadre des anciens systèmes SKD et CKD. Sur ce chapitre, il convient de signaler que celui-ci ne représente qu'une faible valeur ajoutée (ou consommatrice de main-d'œuvre faiblement qualifiée et à moindre contenu technologique) comme le montre le schéma simplifié.

L'exemple le plus éloquent à cet égard, déjà évoqué précédemment, nous est fourni aujourd'hui par les pays du Sud-Est asiatique, Singapour, la Malaisie et le Vietnam, pays membres de l'ASEAN (Association of South East Asian Nations), caractérisé par une politique volontariste d'ouverture à l'international. Le Vietnam, considéré comme nouvel entrant dans les chaînes de valeur des semi-conducteurs, a vu ses exportations multipliées par 20 depuis 2008. En 2018, le Vietnam vient au troisième rang des principaux pays exportateurs de produits électroniques de l'ASEAN, avec une part du marché mondial estimé à 75 milliards de dollars après Singapour (130 milliards de dollars) et la Malaisie (87 milliards de dollars). Ces exportations constituent une activité majeure en termes de part de PIB pour Singapour (36%), le Vietnam (34%) et la Malaisie (25%), qui dégagent tous un fort excédent commercial de 7 à 8% du PIB.

Ce schéma illustre bien les maillons forts de la chaîne de production d'appareils électroniques et leur niveau de valeur ajoutée. De toute évidence, développer des capacités dans la R&D et la conception de puces et de systèmes électroniques, les deux maillons de la chaîne à très forte valeur ajoutée, à portée de main et d'espoir, constitue donc, pour notre pays, un choix viable et durable de développement, de déploiement et de mobilisation de ressources humaines hautement qualifiées. Ce qui rend caduque le projet de relance de l'industrie du smartphone en Algérie dans une perspective de construire de nouvelles usines d'assemblage de kits SKD et CKD, ce qui pourrait être considéré comme un retour au statu quo. Ce choix, dénué de tout fondement rigoureux, serait alors un véritable défi au bon sens !

Face à ce constat inéluctable, une question s'impose : est-ce que cette présente contribution à la promotion d'une vision plus globale et stratégique permettra-t-elle à nos dirigeants politiques de prêter une oreille un peu plus attentive afin qu'ils comprennent ce que l'on attend d'eux et qu'ils puissent agir en conséquence ?

En conclusion, si l'on veut que cette vision puisse prendre corps, il faut envisager l'élaboration d'une politique commune de recherche et d'innovation sous un angle nouveau et selon une approche plus holistique et intégrée. Qu'elle soit le germe d'une cohérence et d'une plus grande visibilité autour d'un plan stratégique de réorganisation d'ensemble de la recherche et devenir un modèle comme moteur de croissance économique et de développement social. Notre œuvre devrait, par conséquent, être une œuvre collective, et le dialogue doit donc devenir une stratégie permanente.

Notre pays a des atouts : une position géostratégique, les ressources minérales et énergétiques, une matière humaine jeune et riche aussi bien locale qu'expatriée et une prise de conscience collective croissante des enjeux sociaux des progrès scientifiques et de leurs applications. Sachons, nous organiser, nous rendre capables de transcender la vision étriquée de notre économie et nous libérer de toutes les inerties qui stoppent l'effort et de tous les prétextes qui justifient notre paresse. Si nous voulons retrouver notre dignité, notre fierté et reconquérir la confiance de nos concitoyens dans notre projet commun, nous devons emprunter le chemin montant de notre temps du développement politique, économique, social et environnemental durable comme celui qui a animé ceux qui ont affronté la guerre de libération nationale en donnant un signal fort de notre ascension en considérant le verset suivant, à lire et à méditer dans ce contexte : «Il n'a point suivi le chemin qui monte. Sais-tu ce que c'est le chemin qui monte ? C'est l'affranchissement d'un esclave !» (Sourate XC, verset 11-13).

Toutefois, on ne le répétera jamais assez que la situation qui prévaut en Algérie ne cessera de peser sur elle qu'à la condition que s'opère un profond bouleversement des mentalités, des habitudes, des comportements, de la culture et de l'école. Car pour une société qui veut relever le défi du développement, plus que le capital de connaissance, ce sont les attitudes individuelles et collectives qui importent conformément au verset sacré suivant : «Dieu ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même». Il faudrait considérer ce verset de près, non pas à la lumière de la foi seulement, mais à celle de la raison pour contribuer à réaliser la vision d'une société à forte intensité de connaissance et à placer la recherche et l'innovation au cœur du développement économique et social global, voilà notre véritable défi !

Références :

1. Monsieur le Premier ministre, à propos du CNRST ! Le Quotidien d'Oran, 07 avril 2022

2. La recherche et l'innovation au cœur du développement économique et social global : De la vision à l'action, Le Quotidien d'Oran, 09 septembre 2023

3. Réflexion sur l'usage de la diplomatie scientifique au Québec et au Canada, Colloque

85ème Congrès de l'Acfas, l'Université McGill, 10 mai 2017

4. https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/

5. Les errements de nos politiques industrielles, Le Quotidien d'Oran, 21 avril 2011

*Directeur de recherche à la retraite - Ex-directeur de la DPREP/DGRSDT/MESRS



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