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«Crise sanitaire et digitalisation du travail, du savoir et des services publics»

par Djamel Eddine Laouisset*

La crise sanitaire mondiale actuelle et ce à travers la situation du mal et du chaos qu'elle a et qu'elle est en train encore d'engendrer à travers le monde a accéléré le changement technologique via un regain de créativité innovatrice et a ainsi généré conjoncturellement une étape structurelle d'opportunités majeures dans les domaines de la digitalisation du travail, du savoir et des services publics.

Tant bien même que cette dure crise sanitaire qui nous a été infligée par surprise nous a malheureusement imposé une nécessaire mais difficile distanciation sociale, cette crise pourrait aussi bien offrir à la direction politique le moment opportun de procéder à une analyse et réévaluation objective systématique et citoyenne des ressources et forces disponibles, des faiblesses latentes, des menaces pesantes, ainsi que des opportunités qui s'offrent aux fins de défavoriser une plus grande distanciation et dépendance technologique.

Une direction politique engagée à travers la coordination des diverses institutions ressources à l'entière responsabilité de prendre les politiques et mesures diverses adéquates pour réagir, moderniser ses appareils, et créer un environnement technologique propice à la survie économique du pays dans les temps difficiles et incertains actuels et à venir. La situation sanitaire actuelle interpelle plus que jamais le gouvernement à s'armer de bonne gouvernance et à intervenir de manière responsable et citoyenne dans la gestion stratégique de cette crise multidimensionnelle.

Parmi ces opportunités, la première est celle de créer les cadres juridiques et institutionnels du développement du télétravail au sein des institutions et entreprises publiques : La pandémie que nous vivons actuellement a en effet génèré une très grande vague de domiciliation du travail (zoom, visioconférence, etc.), et ce à travers l'utilisation des technologies modernes (plateforme cloud, centre de données, etc.).

Aucun gouvernement au monde ne pourrait se permettre à terme de prendre en charge et en permanence une force de travail clouée à la maison pour raison sanitaire majeure. Les institutions et entreprises publiques ne peuvent se fragiliser en se permettant de se mettre à l'arrêt menant inéluctablement ainsi à une exacerbation de cette crise multidimensionnelle économique, politique et sanitaire. La résilience du tissu économique national, la sauvegarde de ses structures organisationnelles, le maintien de sa flexibilité, et de sa profitabilité demeurent en permanence les conditions nécessaires et ultimes de sortie de crise. Donc, et à cet égard, cette nouvelle caractéristique issue des récentes perturbations technologiques innovantes en matière de processus de travail déjà existante mais à une étape mineure dans certains milieux d'affaires, ira certainement en s'amplifiant bien au-delà des limites temporelles de la présente crise sanitaire jusqu'à ce que le travail à distance puisse être la norme majeure du travail. Ceci va présupposer non seulement des efforts d'investissements énormes en infrastructure digitale (taux de pénétration internet, etc.), mais également des efforts d'investissement autant énormes en formation dans la technicité des ressources humaines (quantum-computer, intelligence artificielle, etc.) tant bien dans les arènes gouvernementales (gouvernement digital, villes intelligentes, etc.) que financières et commerciales (paiement digital, etc.).

Cette opération de digitalisation aura aussi pour conséquence de revaloriser financièrement et hiérarchiquement le mérite et talent individuel. Il est à noter que cette crise sanitaire planétaire bien couteuse aura heureusement contribue à perturber le statuquo économique dominant, et remettre en cause les centres, régions et clusters spécialises établis de par le monde (silicon valley, etc.), et ainsi démocratiquement diversifier et redistribuer les cartes de nouveau à de nouveaux acteurs (start- ups, etc.) périphériques et permettre à de nouveaux bassins de talents auparavant géographiquement immerges d'émerger. Il serait utile avant de s'embarquer dans ce genre d'entreprise de télétravail d'identifier d'abord les expériences ou benchmarks, Arabes (Dubaï) et internationales réussies (Singapore, etc.) pour pouvoir s'en inspirer et développer un modèle répondant aux spécificités nationales. Parmi ces opportunités, la deuxième est celle de créer les cadres juridiques et institutionnels du développement du télé-enseignement: La pandémie que nous vivons actuellement a également génèré une plus grande légitimation des offre virtuelles de formations (zoom, slack etc.), et ce à travers l'utilisation des technologies modernes (plateforme cloud, etc.). Apres l'université, école et bibliothèques classiques, et la formation mixte physique et en ligne (plateformes moodle, blackboard, etc.), les universités, écoles virtuelles, et bibliothèques en ligne ne seront plus dorénavant du domaine de la prose prospective mais bien une réalité acceptée et reconnue tant par des institutions accréditrices respectées, que par les meilleurs employeurs tant publics que privés. Il est utile de mentionner que le téléenseignement ne remplacera jamais l'enseignant chercheur qui restera malgré tout l'acteur incontournable dans la création du savoir, sauf que des modèles agiles et flexibles de transmission et d'évaluation du savoir se substitueront aux modèles conventionnels.

En ce qui concerne l'Algérie, le développement du téléenseignement dans les structures éducatives en Algérie est un besoin impératif du fait que des pandémies ou autres catastrophes naturelles risquent à terme de venir encore déranger le système éducatif national, et dans ces cas les universités et les écoles Algériennes ne devraient jamais plus s'arrêter de fonctionner et d'avoir à valider pleinement des enseignements raccourcis, il est indispensable que la qualité des enseignements demeure la priorité des priorités.

Egalement, il serait utile avant de s'embar-quer dans ce genre d' entreprise de téléenseignement public et prive d'identifier d'abord les expériences internationales réussies (benchmarks, etc.) pour pouvoir s'en inspirer et développer un modèle répondant aux spécificités nationales, développant ainsi des normes nationales d'accréditation de structures de téléenseignement répondant aux exigences de normes d'assurance qualité établies au niveau international (Bologne, UNESCO, ISO, etc.).

Parmi ces opportunités, la troisième est celle de créer les cadres juridiques et institutionnels du développement du la télémédecine : La distanciation physique imposée par la pandémie actuelle a accéléré l'adoption massive des outils de santé numériques et des services d'évaluation offerts par les institutions sanitaires publiques et privées. Ceci a eu pour effet de centraliser, transmettre et sécuriser les antécédents médicaux des patients.

Autant que dans le précèdent passage , il serait recommandable d'identifier d'abord les expériences internationales réussies (benchmarks, etc.) pour pouvoir s'en inspirer et développer un modèle de télémédecine public et prive répondant aux spécificités nationales, développant ainsi des normes nationales d'accréditation de structures de télémédecine répondant aux exigences de normes d'assurance qualité établies au niveau international (Joint Commission International, Trent Accreditation Scheme, etc.). Parmi ces opportunités, la troisième est celle de créer les cadres juridiques et institutionnels du développement des téléservices publics: A l'occasion de la crise sanitaire, il est devenu encore plus impératif de se défaire de la bureaucratie ankylosante au sein des administrations publiques en Algérie qui doit commencer obligatoirement par un processus d'épuration et de transformation radicale de tous les services publics confondus. Aussi, et ensuite faudrait-il déployer des stratégies de digitalisation initialement fondées sur une sélection des employés de niveau apte à bénéficier d'une campagne de développement des compétences digitales tous azimuts. L'objectif est de recréer des administrations publiques basées sur le service au publique (inconnu en Algérie) via une digitalisation, et automatisation intelligente.

Autant que dans les précédents passages, il serait intéressant d'abord d'identifier les expériences internationales réussies en matière de digitalisation des services publics (benchmarks, etc.) pour pouvoir s'en inspirer et développer un modèle de digitalisation des services publics répondant aux spécificités nationales. Il est vrai que la digitalisation du travail, du savoir et des services publics nourrit beaucoup trop d'inquiétudes par rapport au niveau national de l'emploi et du chômage, mais son principe de destruction créatrice présuppose que les innovations certes détruisent des emplois non productifs mais créent aussi par ailleurs des postes d'emploi beaucoup plus utiles à la société.

Parmi les avantages de la digitalisation du travail et du savoir on pourrait non seulement mentionner l'inclusion socio-économique des populations des zones rurales éloignées, le désenclavement des zones enclavées, l'inclusion des personnes à mobilité réduite, la réduction des couts directs et indirects lies aux déplacements (transports, pollution, etc.), et au développement et gestion des espaces (locaux, bureaux, etc.), mais principalement une satisfaction des attentes citoyennes, un rééquilibrage des responsabilités familiales et professionnelles, qui pourraient avoir un effet induit sur une meilleure prise en charge psychologique de nos enfants (hors crèches) et un ralentissement de la délinquance juvénile dans nos villes (éducation morale, civique, sociale etc.).

*Dr. Professeur d'Université



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