Humeurs cannoises au jour le jour. Chronique délirante à ne jamais prendre au sérieux. Même si la vérité sort souvent des yeux de la vieille momie. Cinquième épisode : Une soirée bien tranquille.

22H55: Plage Nespresso. Poussez-vous les sans-cartons, laissez entrer la Momie à la Fête de la Semaine de la Critique. Les smokings noeuds pap, cheveux blonds agglutinés face à des videurs sans pitié sont dégoûtés de voir un vieux clando se faufiler en exhibant son sésame. La fête n'a pas l'air si terrible, pas de l'ben veuve Margueritte ou Hajala coquelicot, juste du rayeb mousseux très Zid ya Bouzid et des hamburgers sans saveur décongelés sous nos yeux, mais c'est toujours un bonheur de vivre le temps d'une soirée cannoise ce genre de renversement de situation, car à l'intérieur il y a beaucoup de basanés, dont l'équipe du film «Abou Leyla» - deuxième film algérien sélectionné qui doit être dévoilé en avant-première demain- c'est-à-dire hier quand vous lirez ces lignes. Vous suivez ?

22H59: Retrouvailles avec Yacine Bouaziz de Thala Films. La dernière fois qu'on l'a croisé à Cannes il défendait le projet «Abou Leyla» de son ami Amine Sidi Boumediène. C'était quand déjà ? Quoi, déjà 4 ans ?

23H12: Lyes Salem, acteur dans le film «Abou Leyla» et initiateur des badges pro-hirak distribués aux équipes des deux films algériens présents à Cannes cette année défend son initiative citoyenne et son point de vue. Cannes est une tribune mondiale et il faudrait l'utiliser pour marquer sa solidarité avec le mouvement protestataire en Algérie : ça se tient et en même temps pas trop: débat, cigarette, l'ben, rayeb? On se fait des bisous et des selfies, on prend des nouvelles des uns pour mieux dire du mal des autres, mais dans l'ensemble ça reste une soirée bien sage où tout le monde se les caille même si la pluie a cessé d'arroser la Croisette. La mer Méditerranée est noire et les yeux de Amine Boumediène bleu océan (pensez à prendre rdv chez l'oculiste).

23h33: Retrouvailles également avec Meryem Medjkane qui fait partie des comédiennes qui ont deux films à Cannes cette année (à l'instar de Lyna Khoudri et d'Adèle Haneal). D'habitude c'est Isabelle Huppert et Catherine Deneuve qui viennent avec au moins deux films dans leurs sacs Channel. A noter que Hafsia Herzi est la plus heureuse des bienheureuses - comme dirait Sofia Vendredi - Elle est dans deux films elle aussi, dont un qu'elle a réalisé elle-même. Bref, Cannes s'ouvre aux jeunes et les vieux sont priés d'aller se coucher.

23H40: Justement on va y aller. Mais en quittant la fête ne pas oublier de dire à ceux qui poireautent à l'entrée que l'ambiance est géniale à l'intérieur et que Robert Pattinson est aimable avec tout le monde même s'il danse moins bien que Pénélope Cruz. Après tout Robert Pattinson ou Belkacem Hadjaj, Pénélope Cruz ou Lynda Soualem, c'est kif-kif ta race abricot. L'important est de bien souligner à ceux qui ne rentreront pas qu'ils ratent la soirée du siècle. La méchanceté ça conserve, parole de Momie !