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CHRONIQUE D'UNE RETRAITE ANNONCÉE : «L'Art est aisé, la critique difficile» (Hind Oubrouhaha in «L'Expression de mes profonds sentiments» (à paraître chez Barzach)

par T. H.

Tous les jours, un point de vue critique sur les critiques de cinéma accrédités à Cannes.

On peut être un vieux de la vieille du Festival de Cannes et ne même pas être fichu de faire la différence entre une Lamborghini et une Porsche, ou les confondre en espérant qu'un jour leurs occupants soient confondus à jamais, mais est-ce une raison pour s'énerver de bon matin ? Mlle Safinez Bousbia n'a pas apprécié la chronique d'hier. La réalisatrice de «El Gusto» m'a envoyé une armée de conseillères aux noms exotiques et sympathiques certes mais qui savent manier les propos menaçants et blessants pour imposer une mise au point à insérer en début de chronique sous peine de rompre les amarres. Tout ce tralala pour avoir écrit hier que leur maitresse avait loué un Yacht de luxe pour son séjour cannois alors qu'en réalité ce n'était qu'un vulgaire et immense Catamaran Laggon jeté négligemment dans un des ports de plaisance le plus cher au monde. Franchement, je suis confus de confondre les marques, mais pour moi c'est El Hadj Moussa/Moussa El Hadj. C'est comme, par exemple, pour Khalida et Nadia ou pour Mihoubi et Labidi, on peut toujours chipoter que l'une est rousse et l'autre pas, c'est au fond la même came.

Cette injonction de rectificatif pour une futilité de marque de bateau relègue en seconde position l'information capitale du jour que nulle agence d'information digne de ce nom n'a osé reprendre tellement que c'est énorme. Mais c'est officiel et nul n'est mieux placé que moi pour vous la donner en exclusivité mondiale. Pour l'envoyé spécial du Quotidien d'Oran, c'est fini, ce 68ème Cannes sera le dernier. La décision est irrévocable, les pleurs, les pétitions, les protestations n'y feront rien. Quant aux marches de protestation, nous tenons à vous rappeler qu'elles ne sont plus autorisées depuis des lustres et des poussières, donc pas de regrets, pas de crise de larmes, pas de suicides. Il faut savoir passer le flambeau tant qu'on tient encore debout (ce qui était moyennement le cas hier à l'issue de la très belle fête de la Quinzaine des Réalisateurs). Passer la main, c'est là la dernière mission magnifique du non moins merveilleux Tab Djananou envoyé spécial à Cannes pour la dernière fois par le Quotidien d'Oran.

Maintenant que la nouvelle est officielle, la question est ouverte. Qui va remplacer Tewfik Hakem à Cannes? Sans doute pas son jeune frère car il n'en a pas. Il nous reste alors une semaine pour opérer le bon choix avant de refiler les clés à l'heureuse élue, car, oui, le remplaçant sera une remplaçante. C'est l'air du temps qui l'exige, la mode est aux jeunes filles délurées à lunettes. Cela ne veut pas forcément dire que notre choix se portera en désespoir de cause sur Hind O de «L'Expression» (d'ailleurs Hind O ne porte pas toujours des lunettes), ou sur Sarah Haider du «Soir d'Algérie» (d'ailleurs Sarah Haider n'est pas délurée)...

Pas de panique, à l'heure qu'il est, tout est encore ouvert. Mais qu'est-ce qu'un bon(ne) critique de cinéma, comment dénicher la belle plume qui serait digne de représenter son magnifique pays dans le plus grand festival du cinéma ? Quelle est l'histoire de la critique de cinéma en Algérie ? Comment la transmettre aux générations qui arrivent avec rien dans la tête et plein d'aigreur dans le cœur? Autant de questions fondamentales qui seront développées tout le long de cette semaine dans cette chronique qui se veut un espace de réflexion et de convivialité entre collègues, et au-delà un îlot de réconciliation entre les générations algériennes. Mme Wassyla Tamzali qui a le bras long a déjà fait acte de candidature. Son CV est impressionnant, ses connaissances du cinéma réelles, son écriture impeccable mais il semblerait qu'elle ait un peu triché sur sa date de naissance. Il ne faut pas abuser de la bonne foi du partant. Ma succession est ouverte, mais mon esprit reste étroit.



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