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Cannes, capitale de la culture algérienne (pour le meilleur et le pire)

par T. H.

En plus de la délégation officielle envoyée par le ministère de la Culture via l'Aarc (l'Agence artistique pour le rayonnement culturel), d'autres compatriotes sont attendus à Cannes. Voici le Who's Who Dz de l'édition 2015.

Forte représentation des femmes algériennes à Cannes cette année, mais ni Mme Nadia Labidi (ministre de la Culture) ni Mlle Louisa Hanoune (Pdg du PT) ne font partie de la délégation officielle. Sans doute pour éviter les risques de pugilats qui pourraient malencontreusement ternir en France métropolitaine la belle image Ushaïa de l'Algérie.

Plus surprenant, ni Mme Mina Chouikh ni sa fille Mlle Yasmine Chouikh ne sont annoncées cette année (running-gag). Mais comme on s'attend à quelques arrivées de dernière minute, on parie que les lady-Chouikh s'arrangeront pour revenir faire la tournée des cocktails.

Très officiellement, on attend l'arrivée de Mlle Lamia Brahimi Belhadj, réalisatrice d'un court-métrage «El Mektoub» (quel titre original ! second degré) et de Mlle Sabrina Draoui, comédienne et réalisatrice qui devrait nous montrer un teaser de son film en cours de production (si on a bien compris le communiqué de l'Aarc).

On devrait croiser aussi M. Rachid Belhadj qui adapte «L'Etoile d'Alger» de Aziz Chouaki et M. Achour Kessaï qui réalise «Les Intrus» sur un scénario de Djamel Eddine Merdaci et avec un casting d'enfer: les très bankables Arslane et Fawzi B. Saïchi ! Fatiha Berbère s'est excusée pour cause de décès (gag douteux). Le revenant M. Okacha Touita est sur la liste aussi, lui qui tourne un film sur Henri Maillot pourra ainsi profiter de la plage à Cannes (blague misérable).

En dehors de la délégation officielle, la jeune cinéaste Mlle Sofia Djama viendra défendre «La Moutonnière», son projet de premier long-métrage écrit suite au succès de «Mollement un samedi matin» (avec Nadia Kaci, Simon Abkarian et Adèle Exarchopoulos, pressentis pour les rôles principaux). La bougiotte d'Alger exilée à Paris squattera chez son producteur. De son côté, la réalisatrice et productrice, Mlle Safinez Bousbia, qui prépare «El Gusto 2» débarque avec sa bande de jeunes, jolies et dynamiques filles aux origines diverses et aux doux prénoms exotiques. Elles travailleront et dormiront dans un beau yacht loué par Mlle pour toute la durée du Festival.

L'auteur du clip post-mortem de Warda Al Djazaïria l'Egyptienne (blagounette facile), M. Mounès Khemar viendra, lui, avec l'appui (et sur le budget) de l'ambassade de France à Alger quand M. Karim Moussaoui, dont le projet de premier long est sélectionné par la Cinéfondation, jonglera avec ses deux casquettes «sélectionné par Cannes» et «invité de l'Aarc».

Last but not least, autrement dit la star de la liste: M. Chawki Amari. Le célèbre écrivain et journaliste de la place d'Alger et de ses environs est attendu (de pied ferme) en tant que comédien dans un film français, «Fatima» de Philippe Faucon, qui ne sera dévoilé(e) qu'en fin de festival dans la sélection La Quinzaine des Réalisateurs (voir notre édition d'hier, en attendant celles de la semaine prochaine). Chawki Amari viendra à Cannes aux frais de la production française du film.

On ne sait pas si le cheikh Farouk Beloufa sera présent dans le stand 107 de l'Algérie, mais son court-métrage « Le Silence du Sphinx» sera visible dans le Short Film Corner qui propose également sur sa plate-forme numérique « Papillon » de M. Kamel Laïche et « Le Point de fuite » de... M. Mehdi Labidi.

Sapristi, Labidi ! Voilà, le nom est lâché et la meute aussi. Sauf si vous êtes archi-débordé par vos emplettes de Ramadhan, il ne vous a pas échappé que ces dernières semaines, la ministre de la Culture est violemment accusée par la leader du Parti des travailleurs de toutes les corruptions possibles dont celle de privilégier son fils (M. Mehdi Labidi donc, vous suivez?). Cette pitoyable polémique nous rappelle le temps du parti unique quand un misérable pigiste d'Algérie-Actualités accusait Mme Sahraoui, alors N°2 de Riadh El Feth à l'époque de son ouverture, de pistonner son fils Yassir Benmiloud en le programmant entre deux groupes de rock world de la fête de la Jeunesse (1985). Traumatisé à vie par tant de méchanceté, le fils de Mme Sahraoui continua sa carrière vaille que vaille mais sans jamais plus révéler son nom et ses filiations bourgeoises. Quelques années plus tard, le jeune très mauvais batteur de la fête de la Jeunesse des Colonels Senoussi s'imposera à l'échelle extranationale sous ses initiales, Y. B., en produisant de la bonne musique, en écrivant des chroniques courageuses ici même en Algérie et en publiant des romans caustiques là-bas même en France (dont un était presque réussi, gag B). Tout cela pour dire que M. Mehdi Labidi n'a sans doute pas attendu que sa mère, elle-même cinéaste soit dit en passant, devienne ministre pour se lancer dans cette passion du cinéma. Personne n'a reproché à M. Malik Lakhdar-Hamina d'avoir réalisé «Automne», film qui se bonifie au fil des décennies (ce qu'on reproche à Lakhdar-Hamina Jr en revanche, c'est de ne rien avoir foutu une fois que son père n'était plus aux affaires). On ne reprochera pas non plus à M. Merzak Allouache de soutenir sa fille Mlle Bahia Allouache, jusqu'à imposer un deal-package digne des grands studios hollywoodiens («Mes deux derniers films si vous prenez aussi celui de ma fille») au Festival d'Oran. C'est légitime à vrai dire (à la limite, on peut juste critiquer le laxisme du père quant à l'éducation lexicale de sa fille, laquelle a intitulé son premier film «Cinéma Chkoupi»).

Que les enfants choisissent le métier de leurs parents, si ça leur chante pourquoi pas ? Que les parents donnent de temps en temps un coup de main à leurs rejetons, c'est quand même mieux que si ils leur donnaient tout le temps des coups de pied (no-gag). Au final, surtout en création artistique, chacun est seul comme Dieu est unique. Les enfants peuvent être moins talentueux que leurs illustres parents (on ne pensait pas forcément à Abdou Deriassa, mais si c'est vous qui le dites...), ou tout aussi bons ou mauvais qu'eux (Les Chouikh...), voire carrément mieux (M. Khaled Benaïssa est bien meilleur acteur que son père Da Slimane).

Comme sa mère, Mlle Isabela Rosselini est comédienne et comme son père elle est cinéaste. Où est le problème, Mlle Hanoune? Allez-vous attaquer le Festival de Cannes parce qu'il a invité la fille d'Ingrid Bergman et de Roberto Rosselini ? Et allez-vous attaquer la Semaine de la Critique qui projette le premier film de M. Louis Garrel, le fils de M. Philippe Garrel qui lui-même fait l'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs?

Accuseriez-vous de la même manière M. Lakhdar-Brahimi en sous-entendant sournoisement qu'il aurait pistonné son fils M. Salem Brahimi -dont on attend, à 43 ans, enfin le premier film, «Maintenant ils peuvent venir»- adaptation du roman d'Areski Mellal avec M. Amazigh Yacine, le fils de Si Kateb et Mlle Rachida Brakni, la femme de M. Eric Cantona? Allons, allons, In3al Esheitan !

Les attaques politiques, qu'elles soient basses ou guitares, ça passe. Mais les attaques contre les mères, non, jamais notre société ne le permettra ô Louiza 16 (oui elle en est à son 16e mandat, humour d'avant-guerre). Après le Festival de Cannes, la fête des mères. A cet effet, nous invitons la secrétaire générale du Parti des travailleurs à se réconcilier avec la ministre de la Culture avant que celle-ci ne soit remplacée (sinon après, ça ne compte plus) et de méditer la célèbre phrase de Julien Courbet qui disait que la mère est «l'origine du monde» (gag usé mais classique).



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