Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tunisie : Un groupe terroriste traqué près de la frontière algérienne

par Yazid Alilat

Les forces de sécurité tunisiennes traquent, depuis mercredi, deux groupes terroristes dont l'un près des frontières algériennes, alors qu'une grande confusion règne sur les résultats de ces deux opérations, sur fond d'accusations, à peine voilées, sur la réelle volonté du gouvernement de lutter contre le terrorisme qui s'installe insidieusement dans le pays. Selon les dernières informations, les forces tunisiennes pourchassaient toujours, hier vendredi, deux groupes armés près de la frontière algérienne. Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, un premier groupe terroriste est localisé et encerclé sur le mont Chaambi, et l'autre plus, au nord, dans la région du Kef. « Il y a deux groupes, l'un au mont Chaambi d'une quinzaine ou d'une vingtaine de personnes, on connaît leurs noms, et l'autre est dans la région du Kef près de la frontière algérienne », a-t-il déclaré, sans apporter plus de précisions sur ce second groupe de terroristes. Mais, « il n'y a pas d'affrontements (directs). On fait un ratissage par des tirs », a-t-il ajouté. Le ministère de la Défense tunisien, qui dirige les opérations sur le terrain, reste pour sa part, plus discret sur le nombre des terroristes. « Je n'ai pas d'idée sur leur nombre. La région de Chaambi est immense, on est en train d'essayer de les pourchasser.

Pour le moment nous n'avons arrêté personne », précise, de son côté, le colonel Mokhtar Ben Naceur, sans donner d'autres précisions sur le présumé second groupe localisé près des frontières algériennes, dans le gouvernorat du Kef. L'armée tunisienne a totalement bouclé la région du mont Chaambi. En fait, l'armée tunisienne pourchasse, depuis lundi, un groupe terroriste qui a miné le mont Chaambi, à l'aide d'engins artisanaux. Ces mines ont fait, selon M. Ben Naceur, quinze blessés dans les rangs de l'armée et de la garde nationale, et certains ont même perdu des membres. Pour autant, sur une coopération sécuritaire avec l'Algérie, il s'est borné à répondre qu'elle se faisait en termes d'échange de renseignements uniquement. « Lorsqu'on a des informations sûres on les échange. Il n'y a pas d'action commune sur le terrain », a-t-il dit. Selon des sources sécuritaires tunisiennes, les terroristes localisés sur le massif de Chaambi, seraient une cinquantaine. L'armée tunisienne est en train de déminer la montagne à l'aide « d'armes légères et de tirs d'obus », selon un officier tunisien qui a démenti des combats entre les forces armées et les terroristes. Des témoignages de soldats et de gardes nationaux diffusés, ces derniers jours, dans la presse tunisienne font état d'un groupe aguerri et bien armé, et dispose d'un camp retranché bien protégé. Certains des membres de ce groupe seraient venus du Nord-Mali. Ces événements traduisent, par ailleurs, une lente détérioration de la situation sécuritaire en Tunisie et une menace directe contre l'Algérie, d'autant que la révolution libyenne a donné lieu à un immense trafic d'armes de guerre, dont des roquettes et des lance-missiles que les groupes terroristes d'Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) ont accaparés. C'est dans ce sens, qu'au sein des forces de sécurité tunisiennes, règne une sourde colère contre leur manque de moyens pour lutter contre les groupes terroristes, allant même jusqu'à soupçonner le gouvernement (islamiste) de laxisme devant la menace que fait peser le terrorisme contre la paix et la sécurité, voire le processus démocratique, en Tunisie. Jeudi, entre 300 et 400 agents ont manifesté devant l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour réclamer de meilleurs moyens. « Citoyen réveille-toi, le terrorisme a envahi le pays », ont-ils notamment scandé. Selon des membres de la garde nationale (gendarmerie), les forces de sécurité étaient au courant de l'existence de ces groupes mais qu'ils n'ont pas eu d'ordre clair leur demandant d'intercepter ces individus. Des déclarations qui mettent en cause le laxisme du ministère de l'Intérieur, estiment des observateurs.

Par ailleurs, l'existence de groupes entraînés pour des opérations terroristes a été confirmée par Sahbi Jouini, membre du comité dirigeant du syndicat des forces de l'ordre et chargé des affaires juridiques, sur les ondes de la radio locale ?Shems FM'. Selon lui, ces groupes terroristes mèneraient des actions qui visent «les agents de sécurité, les artistes, les hôtels et les journalistes», mettant en cause l'ANC du fait de sa passivité et la «modération dont a fait preuve le ministre de l'Intérieur de l'époque, Ali Laarayedh, aujourd'hui Premier ministre et appelle à promulguer une loi pour la protection des agents de sécurité. Enfin, un officier de la garde nationale déplorait le manque de moyens et d'équipements dont dispose la gendarmerie nationale «Sans moyens, ils nous envoient vers une mort certaine.»



Télécharger le journal