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L'AVC touche un Algérien toutes les 15 minutes

par Slimane B.

«Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.» Lao-tseu

L'accident vasculaire cérébral est actuellement sur les feux de la rampe. L'Algérie tout entière se trouve confronté à cette maladie, et pose un véritable problème à notre nation. Nous nous sommes rapprochés du Docteur Litim, neurologue et Directeur technique de la clinique de neurologie El Braya Oran, pour quelques éclairages.

Il nous rappel qu'en 2009, il avait déjà intervenu sur notre journal sur ce sujet, tout en regrettant qu'aucun neurologue algérien ne se soit prononcé ces jours ci, sur cette question qui le concerne directement. L'A.V.C, nous dira-il, pose un véritable problème de santé publique. L'AVC touche un Algérien toutes les 10 à 15 minutes, ceci est énorme.

? Q.O : Dr.K.Litim y a-t-il eu d'autres articles publiés ou des campagnes de sensibilisation, de prévention dans le domaine des A.V.C. ?

? Dr.K.L : Oui, nous avons, avec la Société algérienne de neurologie, organisé plusieurs manifestations scientifiques, pour promouvoir, sensibiliser et enseigner aux jeunes praticiens cette pathologie et sa prise en charge.

Mis à part quelques articles signés par le Professeur Arezki du Service de Neurologie de Blida ; j'ai moi-même publier une brochure de vulgarisation sur les AVC en 10.000 exemplaires, que j'ai personnellement distribué dans tous l'Ouest algérien. Je sais que c'est très insuffisant.

? Q.O : D'après vous l'A.V.C est donc un problème de Santé publique

? Dr.K.L : Oui. Il s'agit d'un vrai problème de santé publique, avec des conséquences désastreuses, pour l'autonomie du patient d'une part et de sa prise en charge (surtout par de son entourage) d'autre part. En Algérie il n'existe qu'une dizaine de lits de réanimation affectés à cette pathologie. Il y a un manque d'information des professionnels de la santé et des patients sur la gravité de la pathologie et sur la notion du temps de prise en charge. Un vide sidéral en matière de vulgarisation, de prévention et de prise en charge des A.V.C.

Les dépenses de santé pour le pays sont faramineuses (médicaments, explorations, rééducation etc?).

? Q.O : Comment reconnaitre de façon très simple un AVC ?

? Dr K.L : Début brutal par :

- Une paralysie de la moitié du corps ou d'un membre

- Troubles sensitifs (anesthésie ou fourmillements)

- Troubles du langage (difficulté à articuler les mots ou de comprendre)

- Troubles visuels

- Troubles de la conscience (confusion, hallucination etc.)

? Q.O : Que faut-il faire dans ce cas là ?

? Dr K.L : Première notion très importante : LE TEMPS. Il faut consulter avant les 3 à 4 premières heures qui suivent l'A.V.C, car il existe un traitement qu'on appel thrombolyse qu'on préconise très précocement, pour éviter les séquelles neurologiques irréversibles.

? Q.O : Y a-t-il des moyens de prévention ?

? Dr K.L : Oui. Il faut prévenir et traiter les facteurs de risque à savoir :

- Le tabac, l'alcool, le stress, le diabète, H.T.A, maladie cardiaques, alimentation riche en corps gras?

? Q.O : Qu'en est-il de la prise en charge de ces malades ?

? Dr. K.L : Il faut d'abord une prise de conscience des médecins et des pouvoirs publique sur la nécessité d'organiser un plan d'action national pour la prise en charge rapide de ces malades. Faire participer de nombreux soignants à l'élaboration de ce plan (neurologues, cardiologues, radiologues, urgentistes, internistes et rééducateurs). Mettre à la disposition de ces patients un nombre plus important de lits ; créer des équipes pluridisciplinaires (brancardiers, ambulanciers, infirmiers, radiologues, cardiologues et neurologues) formées sur la nécessité d'exécuter leur travail de façon très rapide.

Informer les populations à travers des spots publicitaires (télévision et radio), l'édition de brochures de vulgarisation distribuées dans tous le territoire national, dans les centres de soins, et dans tous les lieux publics.

Il est regrettable de dire qu'a travers tous le territoire national, il n'y a que deux services de neurologies qui prennent en charge les A.V.C en phase aigue ; l'un au C.HU de BLIDA doté de 10 lits et le second en clinique privé à ORAN doter de quatre lits.

Nous avons beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à combler ce grand retard dans le traitement des maladies vasculaires cérébrales.

A ce jour dans notre service, et ceci sur une période de 3ans, aucun patient n'est arrivé dans les quatre premières heures de son AVC. Donc aucun patient n'a bénéficié de la thrombolyse.



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