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LE TEMPS DES GROS BRAS

par K. Selim

Faut-il parler de la lamentable sortie du Mouloudia Club d'Alger à la finale de la Coupe d'Algérie ? Oui, il le faut impérativement. Car cette équipe algéroise chargée d'histoire ne mérite pas d'être mise dans une posture aussi peu défendable. Perdre au football n'est rien, c'est la règle dans un jeu où il y a nécessairement au bout un perdant et un gagnant. Même les erreurs supposées ou réelles d'un arbitrage font partie du jeu, sauf bien sûr dans une situation manifeste de partialité. Ce n'était pas le cas dans cette finale.

Du point de vue du jeu, il était clair que l'USMA en voulait davantage et a joué de manière plus compacte avec plus d'engagement. Cette victoire était méritée et cette défaite du Mouloudia Club d'Alger n'était pas honteuse. Non, la honte est venue après le match. Ce sont les dirigeants et les joueurs du Mouloudia qui se l'ont infligée sous les regards ébahis des Algériens au stade ou devant leur TV. Dans les finales, il y a la défaite du perdant mais dans l'honneur. On n'arrive pas en finale par accident mais on peut la perdre pour des multiples raisons y compris de la malchance. L'honneur d'un perdant est de ne pas se chercher - quand il n'y en a pas - des arguments ailleurs que dans la qualité de son jeu, dans son ouvrage.

Les joueurs et les dirigeants du MCA se sont déshonorés en refusant de participer à la haie d'honneur. «Le MCA était bien plus qu'une école de football, les éducateurs faisaient leur métier et transmettaient des valeurs à des jeunes dans toutes les disciplines», note un connaisseur qui se souvient de l'époque de Ferhat Belamane et de sa rigueur civique. «Ce qui est arrivé en finale montre l'extraordinaire régression vers les marges les plus basses de la voyoucratie de ce qui fut un club chargé d'histoire. On prend ainsi la mesure de la chute», s'indigne-t-il. Ce n'est pas l'affront fait aux responsables qui est le plus grave même si on peut comprendre la furie de ces derniers. Non, le plus grave, c'est l'affront fait au Mouloudia, à ceux qui l'aiment ; le plus grave, c'est cette mentalité de voyou qui s'est installée et qui vient gâcher toutes les belles choses.

Le MCA avec sa galerie de passionnés, son histoire avec ses hauts, ses bas, ses reflux et ses avancées, cela reste une belle histoire. Qui devra désormais inscrire dans ses annales ce triste précédent national d'un comportement de nervis débiles et trépanés. Mais - et le constat a été fait avec brio et avec verve par l'ami Madjid Khelassi, à La Nation - des dirigeants semblables à celui qui a provoqué cette triste affaire, ils se comptent par centaines, ils sont depuis des années les «chefs» des équipes de football. Rien dans la tête, beaucoup de bras, de la gueulante à en revendre et surtout le soutien discret, manifeste et intéressé des responsables qui croient que ces nervis peuvent être des rabatteurs de «soutiens» ! «Le pouvoir n'a que les dirigeants «d'en bas» qu'il mérite. Et il a toujours fait du sport l'allié de ses dérives», a écrit notre ami.

COMMENT NE PAS PARTAGER CE CONSTAT FROID. IL SUFFIT D'OBSERVER LA VIE DES FEDERATIONS ET LE TYPE DE PERSONNAGES QUI Y OFFICIENT AVEC L'ASSURANCE ABSOLUE DE CEUX QUI SE CROIENT SOUTENUS - VOIRE MEME SE VOIENT L'EMANATION DIRECTE - DU «POUVOIR». DEVANT LES GROS BRAS, L'INTELLIGENCE ET LA PUDEUR SE RETIRENT. CE QUI EST ARRIVE EN FINALE N'EST PAS UN ACCIDENT, C'EST UN GESTE QUI ETAIT ANNONCE PAR DES PRATIQUES INDIGNES. A LA LONGUE, EN FOOTBALL, COMME AILLEURS, IL NE RESTE PLUS QUE DES GROS BRAS, DES GENS CHAUVES A L'INTERIEUR DU CRANE ; IL N'Y A QUE DU PLUS BAS QUE LE MEDIOCRE QUI AFFICHE EN DIRECT SON RICTUS A TOUT LE PAYS.





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