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Ahmed Bey, le Nord et le Sud
par A. M.
Des effets personnels appartenant à Hadj Ahmed, le dernier Bey de
Constantine, sont encore détenus par des familles du sud-est du pays, notamment
une famille de Ouargla et chez les descendants d'un chef de la résistance des
Touaregs, a affirmé, hier, un chercheur en histoire de Ouargla, M. Hakoum
Slimane, qui participe au séminaire organisé par le musée public national des
arts et expressions culturelles traditionnelles de Constantine sur le discours
de la résistance populaire au colonialisme français entre 1830 et 1848. Il a
présenté hier, dans une conférence qu'il a tenue au siège du musée situé au
palais Hadj Ahmed Bey de Constantine, une somme d'informations inédites sur les
relations entretenues par la résistance de Hadj Ahmed Bey avec la région du
Sud-est, en prenant comme référence la zone de Ouargla qui était érigée en
sultanat à l'époque. Ce qui rattachait en fait ces grandes familles du Sud et
du Nord, c'était l'assistance commune fournie aux groupes de pèlerins se
rendant ou revenant des lieux saints de l'Islam. Avec la progression de la
conquête française et le siège de Constantine, les familles du Sud ont commencé
à approvisionner la résistance de Hadj Ahmed Bey et les familles
constantinoises en moyens logistiques (ravitaillement, armes). Et après avoir
donné plusieurs exemples de la solidarité entre le Sud et le Nord, le
conférencier a déclaré que « ce qui renseigne mieux aujourd'hui sur ces
relations étroites, c'est cette médaille octroyée par les hautes autorités de
l'Etat ottoman à Hadj Ahmed Bey et que ce dernier à offerte au Caïd du Sultanat
de Ouargla, le Cheikh Ibrahim Bensaci ». Ajoutant à ce propos que « les
descendants de ce dernier qui détiennent le fameux médaillon n'ont pas voulu me
le donner pour le montrer ici et se sont contentés de me remettre uniquement
une photo. Je dois dire aussi que dans notre région du Sud-Est existe encore le
burnous de Hadj Ahmed Bey qu'il avait offert à Cheikh Amout, le leader de la
révolution des Touaregs contre la colonisation française ». Ce sont là « des
témoins matériels parmi tant d'autres documents écrits qui existent sur
l'histoire commune faite de résistance et de solidarité entre le sud et le nord
de l'Algérie », a expliqué M. Hakoum. L'orateur est remonté encore loin pour
confirmer ses propos en disant que ces relations de fraternité soutenues entre
les deux régions existaient depuis l'époque de Jugurtha et même avant, et que
les recherches ont démontré que leur histoire commune n'a jamais enregistré de
conflit. Au contraire, a-t-il souligné, dans leur lutte contre les différents
envahisseurs, les tribus du Nord trouvaient refuge chez celles du Sud et vice
versa. « Et c'est pour cela que le colonialisme français n'est jamais parvenu à
séparer le Sahara du reste de l'Algérie », a conclu le conférencier. Dites dans
la conjoncture actuelle, ces informations et les propos qui les ont
accompagnées revêtent une signification particulière.
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