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Sahara Occidental : Washington accuse Rabat de tortures

par Yazid Alilat

Nouvelle salve des Etats-Unis contre le Maroc à moins d'une dizaine de jours de la réunion du conseil de sécurité de l'ONU qui devrait adopter une résolution US pour l'extension des prérogatives de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour un référendum au Sahara Occidental) aux droits de l'homme dans ce territoire non autonome. En fait, Washington, après la dernière tournée de l'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental, avait annoncé la semaine dernière la présentation avant la fin du mois un projet de résolution aux 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour étendre le mandat de la mission des Nations unies au Sahara Occidental (Minurso) au respect des droits de l'homme. »Le projet de résolution indique que la surveillance et l'information en matière de droits de l'homme puissent faire partie des responsabilités de la Minurso», indique une source proche des négociations. Vendredi, le département d'Etat US, dans son rapport 2013 sur les droits de l'homme dans le monde, accuse le Maroc de bafouer les droits de l'homme au Sahara Occidental. Contrairement aux précédents rapports, le département d'Etat réserve cette fois-ci une douzaine de pages à la situation au Sahara Occidental, et les nombreuses violations des droits de l'homme commises par l'appareil sécuritaire du makhzen au Sahara Occidental. Une position à l'opposée de celle adoptée jusqu'à présent par les Etats-Unis dans ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. D»'autant que la publication de ce rapport très critique contre le Maroc intervient juste quelques jours après l'annulation par Rabat de manœuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis, en réaction à l'annonce américaine de la présentation de la résolution au Conseil de sécurité sur les nouvelles missions de la Minurso. Le document du département d'Etat souligne ainsi que «des rapports crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et d'autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis». En outre, ces violations des droits de l'homme au Sahara Occidental occupé ont été rapportés par des ONG internationales et locales, relève le même rapport selon lequel ces ONG «continuent à signaler les abus contre, particulièrement, les indépendantistes sahraouis», alors que «la torture est pratiquée généralement lors des détentions provisoires». ?'Les militants des droits de l'homme et les indépendantistes (sahraouis) affirment que les autorités marocaines les accusaient faussement d'infractions pénales'', ajoute le document. Outre «les viols commis contre des détenus politiques sahraouis», le rapport cite d'autres abus pratiqués par les forces de sécurité marocaines, tels «les coups avec des câbles électriques, l'asphyxie avec des chiffons humides trempés dans l'urine ou dans de produits chimiques, les brûlures de cigarettes, et la suspension par les bras ou comme un « poulet ficelé » pendant une longue durée», et cite également les ?'traitements dégradants'' qui surviennent suite ?'aux manifestations indépendantistes ou à celles appelant à la libération des prisonniers politiques sahraouis». Le rapport du département de John Kerry, remplaçant d'Hillary Clinton, revient par ailleurs sur l'absence d'enquêtes des autorités marocaines sur les cas de torture et violation des droits de l'homme au Sahara Occidental, même si les lois du pays l'exigent, ainsi que le refus d'examens médicaux dans le cas d'allégations de torture. Mieux: ?'la plupart des plaintes ne sont pas examinées, les médecins n'attestent pas des traces de blessures causées par la torture, alors que les ambulances ne sont souvent pas mobilisées pour soigner les blessés lors des manifestations», révèle le département d'Etat, qui rappelle qu'après sa visite au Maroc et au Sahara Occidental, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, M. Juan Mendez, avait déclaré en mars dernier qu'il avait «de bonnes raisons de croire qu'il y a des allégations crédibles sur les agressions sexuelles, les menaces de viol de la victime ou des membres de sa famille, et les autres formes de mauvais traitements».

IMPUNITE DES TORTIONNAIRES

Mais il y a pire: pour les Etats-Unis, et sur l'implication de l'appareil sécuritaire marocain dans la répression des indépendantistes sahraouis, »l'impunité de la police demeure un problème». Allant dans les détails et en se référant aux rapports d'ONG internationales et locales, il soutient que si le gouvernement marocain prétend qu'aucune plainte n'a été déposée contre la police, «les victimes sahraouies présumées des violations des droits de l'homme avaient déposé, en 2012, davantage de plaintes contre les agents de police et les forces auxiliaires que l'année précédente». Par ailleurs, les Etats-Unis épinglent le Maroc sur le cas des détenus politiques sahraouis, pour qui ces derniers sont seulement accusés de crimes de droit commun, et refuse ainsi de les considérer comme des détenus politiques. Or, selon les ONG internationales de défense des droits de l'homme, il y a au moins 74 prisonniers politiques sahraouis, rappelle le rapport US, qui fait suite à un autre rapport publié il y a six mois qui avait été adressé par le département d'Etat au Congrès, dans lequel il avait été souligné que la situation générale des droits de l'homme dans les territoires sahraouis soulevait de «sérieuses inquiétudes». Il faut juste rappeler à ce niveau que le précédent rapport avait été élaboré en application d'une loi adoptée en 2011 par le Congrès américain, exigeant du département d'Etat de s'assurer du respect des droits de l'homme au Sahara Occidental avant l'octroi de toute aide financière ou militaire au Maroc.