|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
« C'est assez paradoxal comme situation: à chaque année où le Bon Dieu
nous accorde sa miséricorde en nous gratifiant d'une bonne pluviomètrie, les
prix des viandes rouges flambent !», se sont plaints hier deux vieux retraités
rencontrés au marché des Frères Bettou, au centre-ville, et ce après avoir
constaté que le kilo de viande de mouton est affiché chez les bouchers du
marché à 1.300 dinars et que celui du bœuf reste stationnaire à 850 dinars. «C'est
tout à fait normal, lui rétorque le boucher. Quand il a plu pendant un certain
temps, l'herbe devient abondante et les éleveurs s'abstiennent de vendre leurs
bêtes, préférant continuer l'élevage pour augmenter la taille des animaux».
N'ayant cure de ces considérations et sans répondre, les deux vieux se sont
rabattus sur le marchand de poulets où le prix, après avoir chuté jusqu'à 190
dinars le kilo au cours des trois derniers mois, s'est stabilisé à 210 dinars.
Pour les poissons, si la variété est assurée, les prix s'inscrivent également à
la hausse avec, par exemple, l'espadon à 1.80 dinars le kilo, le merlan à 1.000
et la sardine provenant de Collo à 300.
Ceci dit, sur les étals des fruits et légumes, les prix affichent également une flambée. «Les courgettes à 100 dinars le kilo, les petits pois à 80, la salade verte à 140, la tomate à 100 et la pomme de terre à 50 dinars, c'est encore tolérable, mais des haricots verts à 240 dinars le kilo et l'oignon à 150, c'est vraiment inaccessible», nous ont confié des ménagères agglutinées, avec d'autres clients, autour de l'étal d'un marchand de légumes. Une autre ménagère enchaîne: «L'oignon, qu'il soit sec ou en bottes, est devenu maintenant un produit de luxe puisque son prix a atteint celui de la pomme golden d'importation», a-t-elle fait remarquer en nous prenant à témoin. Prié de fournir quelques explications sur le phénomène, le marchand de légumes s'est lancé dans des considérations concernant l'organisation du marché, le retard dans la maturation des produits maraîchers cultivés sous serre et livrés habituellement, à partir du début du printemps par les wilayas du Sud comme El-Oued et Biskra, etc. «C'est le même cas pour les producteurs du Nord, comme les wilayas de Jijel et Collo qui, comme vous le savez, ont connu cette année une période de froid relativement longue», a ajouté le marchand de légumes. Dans le rayon des fruits, la flambée est encore plus accentuée parce que la majorité des étals sont fournis en produits d'importation. Prenons par exemple l'orange: en cette période de l'année, c'est assez inhabituel de ne trouver dans nos marchés que l'orange de troisième choix, dont la grosseur dépasse à peine celle de la mandarine, acide et destinée uniquement à être pressée pour fabriquer du jus. L'orange sucrée et consommable en l'état, très prisée au dessert, est d'origine étrangère et se vend, dans tous les marchés et dans les magasins, à 180 dinars le kilo, la pomme d'importation aussi. Avec les fraises à 200 dinars le kilo, c'est pratiquement, à l'heure actuelle, les seuls fruits de table qu'on peut trouver sur nos marchés populaires. Ils sont donc devenus incontournables. |
|