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La journée scientifique organisée par l'Unité de recherche en sciences
sociales et santé en collaboration avec l'Agence thématique de recherche en
sciences de la santé au Méridien a démarré par une communication du docteur
Merouane Boukrissa, la cheville ouvrière de cette manifestation. Cette
manifestation a eu pour titre «Economie et santé». L'intervenant a commencé par
l'énumération des différentes définitions de la santé, notamment celle arrêtée
par l'OMS. Attaquant son sujet, il signalera que l'espérance de vie en Algérie
est passée de 45 ans au lendemain de l'indépendance à 73 ans actuellement. Ce
rallongement de l'espérance est aussi synonyme d'augmentation des dépenses
publiques, remarquera-t-il.
Se référant toujours aux données de l'OMS, il avance que les maladies non transmissibles (MNT) ont été derrière le décès de 57 millions en 2008 à travers le monde. Ce qui constitue un taux de 63% de morbidité. En Algérie, sur les 173.000 décès annuel, 109.000 sont à imputer aux MNT, indiquera le Dr Boukrissa Merouane. Et d'ajouter «la moitié de ces décès pouvaient être évités». Plus grave, il dira «en Algérie, on a trois fois plus de chance de mourir des MNT qu'en Suisse». Soulevant les causes de cette morbidité, il lancera «notre table est notre premier assassin». Evoquant certaines prévisions établies par des organisations mondiales, il dira «en 2030, les dépenses de la santé atteindront la somme astronomique de 3 mille milliards de $». L'intervenant utilisera ces chiffres pour étayer son hypothèse : le développement économique participe à l'amélioration du système de la santé publique qui, à son tour, devient à la longue un véritable fardeau pour l'économie. Pour preuve, les prévisions indiquent que les dépenses pour la santé représenteront 14% du PIB au niveau international, aux alentours de 2060. Actuellement, ils sont de l'ordre de 6,5% du PIB. Mohamed Mazouni, le plus attendu en raison de sa trajectoire peu commune, considéré comme le premier spécialiste en management en Algérie, a intitulé son intervention «Gouvernance et performance». Il a commencé en indiquant que le changement d'un simple comportement exige le temps d'une génération et que pour introduire l'esprit de l'entreprise il faut deux générations. De son exposé très théorique et trop schématique on retiendra surtout le volet consacré à l'entropie, parce qu'il s'applique parfaitement à la situation actuelle de l'Algérie. Pour lui, les effets de l'entropie se traduisent par «la pléthore d'effectifs non qualifiés», «la déperdition des effectifs qualifiés», «la perte de foi, repli sur soi et abandon du projet collectif», «le gaspillage des ressources» et enfin «insécurité et déviance». Pour lui, l'entropie est conséquente à «l'absence ou faiblesse de l'organisation» et à «l'absence de leadership». Dans son exposé, Mazouni a signalé que le pouvoir politique, en comptant les responsables à tous les niveaux y compris celui des entreprises, est formé de «50.000 cadres et dirigeants». Et de risquer une réflexion en arabe «le toilettage doit commencer par là» Mais indéniablement c'est le professeur Bachir Bouiadjra, ancien doyen de la Faculté de médecine d'Oran, qui a retenu l'attention. Dans un réquisitoire contre l'actuel système de la santé national, il dira que «ça fait 50 ans que nous produisons les spécialistes d'organes». Il plaidera pour une refonte totale de «la chaîne de soins». Dans sa démonstration, le professeur plaidera pour la réhabilitation du médecin généraliste (et du médecin de famille) qui doit être le pivot du système de la santé publique. Il notera au passage que «nous sommes en train de sacrifier le chirurgien généraliste». Le conférencier notera l'absence de communication, dans les établissements hospitaliers, entre le médecin généraliste et le médecin spécialiste. Parce que dans le système de formation, on n'accorde aucun intérêt à «l'archivage» à «l'élaboration d'un rapport médical», Sidi Ahmed Benziane interviendra en évoquant un cas particulier : un malade en 1966 et un autre en 2012. Madame Mentouri, ancien ministre de la Santé, notera dans sa communication l'absence dans les différentes Constitutions du pays de la mention de la Santé comme un droit fondamental du citoyen. Au bout de sa communication, elle arrivera à la conclusion que l'actuel système de santé est inégalitaire. |
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