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Peu importe sa biographie. Son parcours est long et riche. L'essentiel en
ce jour c'est cet ultime hommage à rendre à un Monsieur ; un homme, un Algérien
de cœur de la tête jusqu'aux pieds.
Si les messages officiels de condoléances émanant du président de la république, du premier ministre et du président du sénat reconnaissent la qualité du moudjahid, du nationaliste et du technicien que fut Kermali ; les sincères condoléances, par présence physique provenaient également de ces personnes qui ont voulu assister au sifflet final du match de Hamid contre la vie. A son enterrement, il y avait afflux. Sétif et une partie de l'Algérie y étaient. Là ; dans ce cimetière les visages athlétiques de jeunes, pathétiques de moins jeunes, tous dans un silence digne des lieux, sous un soleil ardent, faisaient l'adieu, qui au parent, qui à l'ami, le coéquipier, le coach, le camarade, l'interlocuteur, le bavard, l'humoriste. La presse sportive venue en nombre perdait en lui une source intarissable de faits, de techniques et de débit oratoire. Les VIP, d'entre, Secrétaire d'Etat chargé de la communauté à l'étranger le docteur Belkacem Sahli, le Secrétaire général du ministère de l'intérieur Ouali Abdelkader, son collègue du ministère de la jeunesse et des sports, des Walis limitrophes et autres, sénateurs, députés, élus locaux, il y avait aussi ses anciens poulains, ses ex-élèves. Parmi le lot nous avons distingué Berraf le president du comité olympique, Benchabane et Sadi de la FAF, Rachid Makhloufi, Maouche, Fergani, Safsafi. L'entente sétifienne de A à Z, ses fans, ses anciens entraineurs, ses figures de proue, Salhi, Koussim, Mattem, Serrar, Zorgane, Adjissa, ont côtoyé dans les allées herbacées de la sépulture, des citoyens, des enfants et tout le monde. Enfin Hamid était ; on le redécouvre une authentique référence du mouvement sportif national. Hadj Nordine, enfant de la ville, bel homme est un spécialiste emblématique des techniques du football. Parlant de Kermali, il ne cesse de frictionner ses phalanges pour ensuite les porter paume contre paume vers son visage. Il nous semblait le voir pleurer. Sportivement. Il disait avoir connu Hamid sur le terrain une fois de retour en France, lui joueur au SAS et Hamid à l'USMS. Ils se sont croisé le cuir dans ces années là de 1964/1965. « Abdelhamid est extraordinaire. Il avait du talent » nous confiait-il. « Hamid en tant qu'homme était populiste, il aimait le petit peuple » tenait-il à nous réaffirmer. Sur une probable évaluation de compétence sportive sur le défunt ; Hadj Nordine reprenait un jugement de valeur émis par feu Aribi Mokhtar, dans son temps « c'est un fin tacticien, il connait les arcanes du football. Il est dans l'intérieur d'un ballon » il termine par lancer non sans aigreur mais avec ardeur et fierté « je garde toujours de lui ce verdict lancé à la radio, au moment où nous animions conjointement des émissions de commentaires : qu'il faudrait laisser hadj Nordine travailler » Kermali est mis sous terre. Le soleil est toujours ardent. Le cimetière se désemplit progressivement, la foule dense et immense regagnait la ville et la vie. Il ne s'abreuvera pas plus de Ain fouara. Il ne verra point ces immenses défilés de jeunes supporters qui à chaque prouesse du club local font le brouhaha jusqu'à le rendre un décor phonique périodique dans les artères de la ville. Le cheikh est parti. Il ne pourra plus commenter hélas ces souvenances imbues de trophées et d'héroïsme sportif où des millions d'algériens encore sous l'ivresse de la victoire de leur équipe nationale, grondaient, à l'obtention de la coupe d'Afrique dans toutes les demeures et chaumières algériennes. Un formidable élan de sentiment collectif fut vite dressé d'Est en Ouest, du Sud au Nord. Nos compatriotes installés outre mer, furent également de la partie, sans pour autant que le net le permettaient d'en suivre le déroulement. L'on ne savait pas à l'époque que l'Algérie allait être qualifiée au mondial. L'on ne savait pas encore quel engouement allait-elle créer. Mais les parties de foot comme les élections font de temps en temps des détours aux plus avertis des clubs ou des partis. Kermali en ces temps gardait ; encore loin d'un professionnalisme grégaire et timide, ses distances. Il jouait ou faisait jouer les autres, juste pour gagner, au nom d'un club, au nom d'une nation. , fin communicateur, perspicace et pondéré, le cheikh savait prendre les décisions idoines contre vents et marée. A l'appel du devoir il n'en s'est jamais dérobé. Le fait de rendre donc hommage à cet homme ne se justifie pas seulement par ses victoires successives ou son palmarès, mais reste astreint à une réalisation très appropriée dans le temps. Son élan avait créé le bonheur national. En devenant une fierté communautaire il a construit le plaisir et le désir d'être encore algérien en ces moments où la gaieté s'est enfuie des rues d'Alger et des autres villes Si la promotion sociale ou sportive n'est pas forcement un effort intellectuel chez la nouvelle génération, chez l'ancienne elle n'était qu'un engagement, une loyauté, un nationalisme. Dans des stades démunis de tuf, presque une arène, brute et pierreuse où les jambes les plus aguerries se doivent de suer, l'on aurait vu des joueurs engagés aux couleurs et que seul el score positif importait. Ils ne pensaient ni à ces droits de transferts, ni à ces primes faramineuses, ni à ces stages luxurieux. Ils se contentaient au plus intense bonheur, d'une assiette steak/frites. En ces temps là, le jeu dépassait le jeu matériel pour un être un véritable enjeu de leadership. Tout, demeure lié à un phénomène dont l'unique explication est à rechercher dans les mystères de la gestion de la politique sportive. C'est justement par la grâce envoûtante de ses énigmes, que du rien l'on peut produire une chose. De qui de Hadj Aissa ou de l'Entente a fait la gloire de l'autre ? En ces jours c'est le club qui crée le joueur. C'est ce club qui accroit la cotation dans la bourse des achats et ventes. Par contre, ce sont les personnes citées plus haut, qui ont fait l'auréole du FLN. Par équipe interposée, ils constituaient un étendard scintillant ayant pu hisser la revendication nationale. Hamid en faisait « partie du noyau dur » tel que déclaré par Rachid Makhloufi. Le terrible animateur et volubile commentateur de la radio, Nabil Boussekine qui a eu à connaitre intimement le défunt pour l'avoir en de multiples occasions invité s'abstient de narrer ses traits biographiques. Il résume la disparation à une disparition définitive d'une parole sûre, lucide et maitrisée. Il qualifiait de «référentiels de bonne gouvernance » les commentaires reçus en son micro, en ses studios. Plein d'humanisme, Kermali est parti en laissant dans la mémoire citadine et collective une note de grand bienfaiteur. « N'a-t-il pas décidé, à céder toutes les recettes engrangées par l'organisation de son jubilé au profit des cancéreux ? Ne parcourait-il pas les couloirs de la DRAG pour l'obtention des agréments d'associations de mosquées ? » rétorquait Boussekine au chroniqueur. Rien ne sert de faire des biographies ou d'enjoliver leurs contours quand elles mêmes ne sont en fait qu'un long parcours parsemé de gloires et d'adversités. Abdelhamid était très fatigué ces derniers temps. Les pouvoirs publics parait-il n'ont pas manqué à leur devoir d'aide et d'assistance. Les proches et amis aussi. Toute la ville en est reconnaissante envers le défunt et également envers ceux qui le sont à son égard. Sincères condoléances à la famille. A son frère 3ami Mohamed. |
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