|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Quelle époque vivons-nous dans le domaine de la santé (professionnels de la santé et patients) ! Comme si le malade, déjà malmené par un système de santé déstructuré, devait encore subir la désinformation d'une partie du corps médical.
En effet, depuis quelques années, le moindre geste médical ou chirurgical routinier sous d'autres cieux et parfois avec bonheur dans des services des CHU Algériens est présenté comme une prouesse technique ! Des annonces qui s'apparentent plus à des spots publicitaires pour une structure qu'à une information pour éclairer les patients. Aussi permettez-moi d'apporter aux lecteurs deux éclaircissements quand au contenu de l'article sus-cité. 1- Tout d'abord par honnêteté, les sources de l'auteur de l'article n'auraient pas du occulter le fait que des décennies avant l'ouverture de l'EHU, des services du CHU d'Oran ont acquis une expérience considérable dans le traitement du cancer du sein. Ainsi, l'unité des cancers du sein de la clinique chirurgicale " Ait Idir ALI " (pavillon 10), service de chirurgie cancérologique est devenue une référence par le nombre d'interventions chirurgicales dans ce domaine qui vont de l'ablation du sein à la reconstruction mammaire. Nos études ont fait l'objet de communications dans les congrès nationaux et internationaux. Deux thèses ont été soutenues dans ce domaine et un projet de recherche sur les reconstructions mammaires est en cours. 2- L a technique décrite " consistant à mettre à la place du sein malade des lambeaux musculaires du dos " (sic) appelée " technique du lambeau de grand dorsal " est loin d'être nouvelle étant pratiquée pour la première fois en 1906 par Tansini puis redécouverte en 1976 par Olivari et Botswick en 1979 publia la première grande série rapportant son expérience de 52 cas sur 2 ans, Il permit ainsi de populariser la technique, ce lambeau peut être associé ou non à une prothèse. La technique sans prothèse fut vulgarisée par Bohme en 1982 ; Cet historique montre bien que la technique est loin d'être nouvelle. Dans une thèse soutenue dans le service, l'équipe a comparé la technique du lambeau de grand dorsal seul ou associé à une prothèse et celle de la prothèse seule. Chaque technique, comme dans toute chirurgie, a ses avantages et ses inconvénients. Aussi c'est les patientes qui ont pesé dans la balance pour notre choix de la prothèse seule car en leur exposant les deux techniques, elles ne veulent pas combler une mutilation traumatisante par une autre. Le 13/04/2013 à l'HMRU ORAN (2ème région militaire), une journée scientifique sur le thème de la reconstruction mammaire a été organisée. Le Professeur A.DEMEY du centre Hospitalier Universitaire Brugmann, Bruxelles Belgique a défendu la " technique du lambeau de grand dorsal " qu'il pratique depuis plusieurs années quand l'indication est posée et que l'état de la peau ne permet pas la pose d'une prothèse seule. L'équipe de notre service a défendu notre technique de prothèse seule avec rigueur et humilité, les indications étant une question d'écoles. L'essentiel est la satisfaction des patientes. Ainsi il faut présenter aux patientes les avantages et les inconvénients de chaque technique. Cacher la vérité à un malade est une violation de l'éthique médicale, le tromper est une forfaiture. Notre Maitre le Professeur B. BOUDRAA (Allah Yarhamou), ancien officier, chirurgien de l'ALN, le 1er médecin à l'indépendance à prendre en charge les cancers du sein à Oran, me disait il ya 30ans, dans un avenir proche " hez laktaf wa el bendir " (le hochement des épaules au rythme du tambourin) deviendront des critères de travail et de compétences et d'ajouter " quand tu prendras ma relève évite cette danse du diable et n'oublies jamais que la médecine s'apprends toute la vie mais s'apprends surtout avec beaucoup d'humilité ". C'est pourquoi l'ensemble de l'équipe de la clinique chirurgicale " Ait Idir Ali " (Pavillon 10), fière de cet héritage, travaille quotidiennement dans l'humilité et la discrétion. |
|