Kermali Abdelhamid, l'homme qui a consacré sa vie au football nous a
quittés hier aux alentours de 14 h 00 en son domicile sis à Hay Beaumarchais
qu'il avait regagné il y a quinze jours après un séjour à l'hôpital Aïn Naâdja
où il a été évacué d'urgence et ce à l'âge de 82 ans. Cheikh Kermali qui s'est
éteint entouré de sa grande famille dont ses sept enfants sera inhumé
aujourd'hui après la prière du dohr au cimetière de Sid El Kheir. Le Cheikh des
entraîneurs a rejoint ses anciens compagnons de l'équipe du FLN qui l'ont
précédé, les Bentifour, Oudjani, Brahimi, Bouchouk, Boubekeur, Bouchache et
autre Arribi. Au fil des années, la liste s'allonge et personne n'y peut rien.
C'est justement le moment de choyer les survivants de cette équipe mythique qui
a marqué l'histoire de notre pays pendant la révolution. Kermali a continué à
servir le football à un âge avancé, devenant du coup le doyen des entraîneurs à
76 ans. En tout et pour tout, il a sillonné les terrains pendant 60 ans
puisqu'il a débuté en catégorie cadette à l'USFM Sétif. Junior surdoué, il a
été vite promu en équipe fanion, parmi ses aînés. Après six mois passés sous le
maillot de l'USM Alger, il signe en amateur au FC Mulhouse en 1954. L'année
suivante, il est sollicité par l'AS Cannes qu'il ne rejoindra pas. Ce n'est
qu'en 1955 qu'il passe en professionnel à l'Olympique de Lyon et ce jusqu'en
Avril 1958 lorsqu'il répondra à l'appel du FLN. Pendant quatre années, il fera
partie de la merveilleuse odyssée de cette équipe de la liberté qui a défrayé
la chronique par ses exploits. En 1962, il sera entraîneur- joueur à l'USM
Sétif avec qui il parviendra en demi-finale de la coupe d'Algérie. Entre 1966
et 1968, il opta pour l'ES Sétif avec laquelle il remporta le doublé en 1968.
Par la suite, grâce à son amour du football et à son expérience, il sera encore
sur le terrain au sein de plusieurs club, l'ESM, l'ESS et le CSC. En 1972, il
sera adjoint de Lucien Leduc en équipe nationale avant de rempiler à l'ESS. En
1976, il sera DTR et entraîneur de l'équipe nationale juniors qui disputera le
championnat du monde 1979 à Tokyo contre l'équipe de Maradona. Pendant de
nombreuses saisons, il tiendra la barre technique de clubs prestigieux comme
l'ESS, le MCA (à trois reprises) et la Marsa (Tunisie) sans oublier l'USMAn, le
CSC, l'USC, le HBCL, le CABBA et Ras El-Kheïma (EAU). Technicien rigoureux et
chevronné, il sera consacré avec l'EN d'Algérie en CAN 1990 à Alger, avec les
Chérif El-Ouazani, Oudjani, Benhalima, Aït Abderrahmane, Saïb, Madjer, Amani,
Serrar, Osmani, Megharia, Menad et Rahim. Kermali était secondé par Ali
Fergani, Noureddine Saâdi et feu Abdelouahab. On rappellera enfin qu'il a fait
partie de l'équipe nationale d'Algérie en tant que joueur qui a fait match nul
avec l'Egypte (1 à 1) sous la conduite de Firoud et Khabatou. Il avait 31 ans
et avait gardé intact son talent. Il y a quelques années, il a eu droit à un
magnifique jubilé dont il a versé tous les bénéfices à des œuvres caritatives.
Un confrère se souvient qu'un jour, au terme d'un match à Sidi Bel-Abbès, il a
étonné tous les présents en louant la vie pour ses bienfaits, en citant
l'indépendance de l'Algérie et le football. Kermali avait une personnalité
attachante, car il était simple et d'un commerce agréable. Par son parcours
nationaliste, il a donné un bel exemple aux générations montantes qu'il a
côtoyées tout au long de sa carrière d'entraîneur. Kermali a réalisé son rêve
d'enfant, être un footballeur professionnel. Il a été plus que cela, à savoir
un serviteur du sport algérien sans faille. Il a nous certes quittés ce 13
avril , une date qui coïncide avec la création de l'équipe du FLN, c'est-à-dire
il y a 55 ans jour pour jour, mais son souvenir et ses réparties résisteront
longtemps au temps.