Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

FFS : Plaidoyer pour tamazight

par M. Aziza

Les participants à la journée d'étude sur «Tamazight, facteur d'intégration nationale et maghrébine» organisée par le FFS, à l'occasion de la célébration du 33ème anniversaire du printemps berbère, étaient unanimes à affirmer que la langue amazighe, a besoin d'un accompagnement juridique pour lui assurer une intégration totale que ce soit au niveau national ou régional.

Certes, il y a eu des acquis jusque là sur la question, mais cela demeure insuffisant selon les participants. Abdelkader Kacher, professeur des universités en droit international a demandé la révision de la constitution. Il réclame la révision de l'esprit de la constitution qui a été détournée par les textes et les lois dans la pratique. Il réclame au même titre que l'ensemble des participants l'institutionnalisation de la langue amazighe. «Tamazight doit être une langue nationale et officielle de l'Etat».

Le conférencier a également réclamé une loi organique qui protégera l'amazighité de tous dangers et de rendre obligatoire l'enseignement de la langue amazighe, comme c'est le cas au Maroc. Cette journée d'étude a permis aux différents acteurs que se soit Algériens , Marocains ou Libyens de faire le point ou plutôt d'évaluer leur parcours en matière de défense de l'identité berbère et de l'Amazighité.

Les représentants de la partie algérienne ont relevé beaucoup d'insuffisances en matière d'intégration de la langue amazighe que se soit sur le plan institutionnel, pédagogique, médiatique ou social.

Belkacem Mostefaoui, professeur de l'école nationale supérieur du journalisme regrette le fait qu'il n'y ait pas de presse écrite en amazigh. Pour ce qui est de l'audiovisuel, il précise que la chaine 4 Tamazight est un clone de l'ENTV. «C'est une chaîne qui produit du courant d'air». Il argumente : «il n'y a pas de production d'image» a-t-il affirmé. Pour lui, la langue amazighe doit être injectée dans les usages des nouveaux outils de la communication. Pour sa part, Mohand Akli Salhi, Dr en littérature, s'est interrogé «où réside tamazight, si elle n'est pas sur les panneaux de signalisation et d'autre ?» . Il réclame que la langue Amazigh soit généralisée et pratiquée dans les débats à l'APN et aux APW. Il a demandé que l'enseignement doit se faire en langue Amazigh et non pas en langue arabe ou en langue française.

L'intervention de l'invitée marocaine, Meryam Demnati , Chercheur à l'IRCAM et secrétaire générale de l'observatoire Amazigh pour les droits et libertés a attiré l'attention des participants. L'expérience marocaine, telle que décrite par la conférencière, est très intéressante «de la négation de la langue et culture Amazigh des années 60, jusqu'à la reconnaissance officielle de l'Amazighité aujourd'hui».

Elle précise qu'aujourd'hui, la langue Amazigh est enseignée à travers 3.600 écoles sur 7.054 avec l'objectif de lutter pour pouvoir élargir l'enseignement de cette langue. La conférencière a également affirmé que l'IRCAM qui est un institut de référence en matière de recherches, produit 450 ouvrages en Tamazight, une moyenne de 45 ouvrages par an. Elle affirme que la langue amazigh est écrite en «Tefenaghe». «C'est un choix politique que nous avons cautionné pour couper court à toutes les tentatives racistes des partis islamistes». A noter que la langue Amazigh en Algérie est écrite en latin bien que certains préfèrent qu'elle soit écrite en Tefenaghe.

Pour l'invité libyen, l'enseignant et chercheur Mahmoud Slimane Albekouche, Tamazight est encore dans son état embryonnaire. «C'est une nouvelle expérience, nous avons tenté de nous inspirer de l'expérience marocaine pour le moment» a ?t-il souligné.