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Où l'infernale
exiguïté d'un monde immense vu par des esprits étroits.
1ère partie Dans cet article seront relatés des faits historiques, des témoignages, des événements fortuits dont la narration ne semble à priori obéir à aucunes règles précises. Une trame décousue, des bribes d'histoires que j'ai voulu recombiner et présenter comme des indices sur une scène de crime et qui exhibent ce que je considère comme les principaux corrélats de l' Histoire: le mutisme et la parole. Un mutisme qui en dit long ou une parole qui ne souffle mot. Une histoire rendue bicéphale à cause des outils qu'elle utilise et des maitres qui la servent et s'en servent. Une histoire terriblement laconique mais dont le mutisme demeure significatif et éloquent. Une histoire trop bavarde mais dont la surabondante logorrhée n'est là que pour escamoter une vérité qui dérange. Toute démarche déconstructiviste ne peut forcément s'appuyer que sur les mots et leur généalogie. Aube d'une Humanité tourmentée antérieure à Adam Il semblerait qu'un véritable casse tête a turlupiné anthropologues, paléontologues et ethnologues à propos du Neandertal et de la place qui lui échoit sur cet arbre généalogique touffu de l'espèce humaine. Une plaisante littérature Scientifique a même parlé du premier «Choc des Cultures» entre Cro-Magnon et Neandertal voilà plus de quarante milles ans selon leurs doctes estimations. Il parait que le Sapiens Cro-Magnon, ce primate émigré qui a débarqué clandestinement en Europe au paléolithique supérieur a décimé le Neandertal ou du moins contribué à son extinction. Le primate Africain présentait quelque supériorité intellectuelle qu'il avait sans doute acquise depuis qu'il avait quitté son Afrique natale, lors de ses longues pérégrinations. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse. Ainsi, cet ancêtre des «Bambaras» a su par son Q.I supérieur à celui de l'autochtone européen, coloniser l'U. E avant même que ses descendants ne soient bien longtemps après déportés cette fois ci dans des négriers ou utilisés sur place pour féconder les économies occidentales au prix de tant de vicissitudes et de souffrances inhumaines. Le temps passant et les progrès intellectuels fait en Occident, la progéniture du Cro-Magnon disséminée depuis la fin du moyen-âge partout dans le monde, commence finalement par obtenir ses droits civiques et à difficilement s'intégrer en dépit de ses spécificités physiologiques et culturelles. Il faut reconnaitre à l'Histoire ce côté fantasque. En parlant de ce Clash entre le Neandertal et le Cro-Magnon, force est de reconnaitre qu'on est là très loin de Sumer, de la Mésopotamie et de Rome, dès lors cet événement qui aurait pu rester inaperçu ou de peu d'importance, remonte à la surface pour faire un pied de nez à tous les partisans de la Race supérieure et en l'occurrence à la thèse de Samuel Huntington. La science de l'Occident et notamment une paléontologique apolitique désavoue à sa manière l'aporie de Samuel Huntington qui aurait du élargir ses horizons, car désormais les prodromes de ce maudit «Clash» semble remonter à un passé lointain, en tout cas trop lointain des sarrasins, des maures, de toute la smala des inadaptés qui configurent ces civilisations compartimentées auxquelles fait référence Huntington. Bref ! Ce qui est intéressant ce n'est pas seulement ce qui s'est réellement passé dans la préhistoire, c'est aussi cette déconcertante suffisance superficielle que l'on détecte dans une profuse littérature historique et scientifique consignées le plus souvent par un seul et même scribe qui cultive un art hermétique de faire parler, par des strates de conjectures et d'amusantes extrapolations, un passé occulte. Il parait que la rencontre Sapiens /Neandertal ne s'est pas faite sans heurts.Un premier «Choc des Cultures» dit-on. Dans un article parue dans la revue Science et Vie on peut y lire des espiègleries très intéressantes au sujet d'une altérité problématique qui remonte à des âges préhistoriques: «Cet homme lui ressemble tellement ( se dit le Neandertal en parlant de Cro-Magnon) comme s'il se voyait dans un miroir, et il est en même temps si différent. Mais qui est donc cet immigré, cet intrus dont il ne connait pas les motivations»(1) Intentionnellement ou pas, l'auteur de cet article, avec un style imagé et particulièrement méditerranéen met en relief l'irréductible et immuable récurrence de ces «Appréhensions» occidentales qui sont les préludes à toutes les guerres préventives. On ne peut que lui donner raison et applaudir ces persiflages scientifiques, car après tout,comment peut-on imaginer un seul instant que les choses se soient déroulées autrement puisque jusqu'à nos jours, les mêmes itinéraires, les mêmes flux migratoires, les mêmes couloirs sont empruntés par les descendants de ce Sapiens qui fuient comme leur ancêtre une Afrique inhospitalière, passent par le Moyen- Orient et longent les rives sud de la méditerranée pour s'y installer dans une aire géographique et culturelle que leurs gênes semblent mystérieusement apprécier; une impression de déjà vu. Ils viennent en «immigrés», en «intrus» côtoyer les descendants du Neandertal. Ce que je vois dans cette merveilleuse saga ce n'est guère un sempiternel Choc de quoi que ce soit ni un harcèlement de la part du descendant de cet incorrigible primate qui remonte de l'Afrique, ce qui ne ferait d'ailleurs que corroborer la thèse d'Huntington, je vois plutôt un amour indéfectible, une sorte d'aimant qui semble lier des familles humaines dont la symbiose commence probablement avec des heurts mais qui finissent assurément par se dissiper. Et pour preuve, dans la même revue de Science et Vie, et dans un article du même auteur au titre raccrocheur «Pourquoi j'ai mangé mon frère», un pertinent et didactique énoncé démontre pour une énième fois l'absurde caducité des ces préjugés et hâtives appréhensions infondées. «Notre regard sur l'homme du Neandertal est passé en plus d'un siècle, de l'image d'une brute épaisse à celle d'un presque frère? Aujourd'hui encore, ce reflet déformé de nous mêmes trouve difficilement sa place dans la famille des hominidés. Aujourd'hui, notre regard sur cet homme à la fois semblable et différent a-t-il vraiment changé ?»(2) Un scepticisme avec des relents de mea-culpa. Dans la revue «L'Illustration» en 1909, le sort du Neandertal semble déjà scellé par la gravure qui y est publiée et où on y voit une véritable bête farouche au faciès épouvantable. Dans les années d'après guerre, un Thriller américain à succès «The Neandertal man» fait apparaitre sur ses affiches l'image d'un hybride rebutant. Je tiens à rappeler que le florilège de toute cette littérature faite de probabilités scientifiques,et d'élucubrations populaires méprisantes, se font au sujet d'un Européen car jusqu'à preuve du contraire le Neandertal en est un. Nous devons nous estimer heureux puisque même ce pauvre troglodyte n'a pas été épargné par ces campagnes dénigrantes de Xénophobie et d'intolérance, on a même, comme toujours, fait appel aux illustrateurs, aux publicistes, aux rhétoriciens, aux médias pour booster les adrénalines et fabriquer ces imaginaires en manque de phantasmes. Plusieurs dizaines de milliers d'années s'évaporent et les mêmes reflexes primitifs prédominent «La mécanique coloniale d'intériorisation de l'indigène par l'image se met alors en marche? dans une conquête des imaginaires européens. Les zoos humains constituent sans aucun doute le rouage le plus vicié de la construction de préjugés sur les populations colonisés. Le vocabulaire des stigmatisations? renforcé par une production iconographique d'une violence inouïe, accréditant l'idée d'une sous-humanité.»(3) En voyant les longues processions d'exhibitionnisme décadent que s'offre l'Europe à travers ses nombreuses Expositions Universelles, je me dis que c'est une véritable manie qui aurait due être traitée depuis. Tant d'efforts et de génie au service de l'inhumanité. Littérature, iconographie, filmographie, tous s'y mettent dans ce processus d'usinage du «Reflet de l'autre». «Le maghrébin parmi les races blanches représente assurément le traînard resté loin en arrière... privé de sens critique rationnel... Il n'a pas le sens du réel. L'esprit oriental est au rebours du notre.»(4) Avec des mots moins cruels que ceux de centaines de philosophes, écrivains, scientifiques de renom, C'est ainsi que R.F.Gautier, parmi une pléiade de spécialistes en «formatage d'identité» concevait les descendants de cet Africain Sapiens. Extraordinaire retour de manivelle. Voilà quarante milles ans c'étaient plutôt ses ancêtres du Neandertal, occupants de l'Europe qui étaient des dégénérés voués à une fulgurante extinction, des inadaptés et des trainards de l'évolution. J'ai toujours su que l'Histoire avait un côté fantasque. Mais nul ne peut tenir rigueur à Gautier et à ses multiples congénères scribouillards qui affirmaient doctement que le berbère, l'arabe, le musulman ne pouvaient être rangés que dans la case de la «barbarie et du désordre» «Toutes les sociétés humaines sont comme des éponges, et pratiquent la réappropriation d'influences extérieurs.»(5) Cette vérité scientifique pourrait inspirer à Gautier et consorts que ce qu'ils sont aujourd'hui n' est qu' un héritage qui leur vient d'ailleurs, de très loin dans le temps et surtout dans l'espace; une somme de sédiments de savoirs et d'identités accumulées au fil des millénaires. Même Bernard Lewis célèbre orientaliste et promoteur de cette tare obsessionnelle qui consiste à considérer le monde désormais sous le prisme du Choc des Civilisations, postulat peaufiné plus tard par Samuel Huntington, est obligé de reconnaitre que «la création culturelle n'a jamais été le monopole d'un peuple ou d'une région; pas plus que les résistances auxquelles elle se heurte» et que les emprunts «multiples» «se sont effectués dans les deux sens». De nombreuses études en sciences neurocognitives ont révélé une prédisposition humaine héritée de nos ancêtres de la préhistoire «La reconnaissance des apparentés», cet attribut nous pousserait inconsciemment à manifester de l'empathie ou de la sympathie en priorité à l'égard de ceux qui portent une partie de nos gênes; cet attribut façonnerait notre personnalité à l'instar d'autres prédispositions cognitives telles que le gout du risque et l'aversion pour la perte», «la prédisposition à la violence ou l'altruisme réciproque» Tous ces comportements nous viennent tout droit de la préhistoire. Un monde qui n'existe plus, néanmoins rien ne semble empêcher la résurgence de ces composantes humaines immémoriales qui sont loin d'être tributaires de ces aires de civilisation compartimentées. En parallèle, les conclusions auxquelles sont arrivés les chercheurs en psychologie évolutive démontrent que bien que nous vivions au 21ème siècle, notre cerveau serait quant à lui resté englué dans la préhistoire. Heureusement que la sagesse,le savoir, la philosophie, la religion, le Droit épurés sont là pour délester nos actes et nos pensées de ces nocives scories d'un âge révolu. Gautier, Huntington et leur confrérie auraient du s'inspirer de ces «Semences de Vérité» dont parle Saint Augustin, ils auraient surement compris que c'est dans l'Humanité entière et indivisible qu'il faut chercher, déceler, comprendre ce qui est commun à nous tous. Notre obsessionnelle manie à vouloir sérier, classifier, figer et fossiliser les cultures et finalement réduire, exclure et anéantir ce que nous décrétons comme «anormal» demeure une démarche porteuse d'énormes préjudices. Le pauvre Neandertal a plusieurs fois été assassiné, une première fois probablement par le Sapiens, une seconde fois par une science et une littérature qui se nourrit d'hypothèses et de fantasmes, et une dernière fois par nous tous qui reformulons à l'infini sur nos ethnies et nos races ces mêmes grilles de lecture tendancieuses de compartimentage et d'étiquetage, réductrices et inhumaines. Il ne s'agit pas d'infirmer la thèse d'Huntington au nom d'une universalité de valeurs qui parait pour certains hypothétique et toujours compromise mais à laquelle nous y souscrivons tous pour le bien de l'humanité. Il ne s'agit pas non plus de confirmer cette funeste prophétie d'un désamour toujours meurtrier au nom d'inconciliables divergences. Il s'agit plutôt de dévoiler et reconnaitre pourquoi ce «Clash» n'a rien de nouveau car il a toujours préexisté justement parce que certaines divergences se sont hélas avérées toujours inconciliables : une vision du monde érigée passionnément sur la recherche du profit par l'asservissement de «l'autre» contre une philosophie du partage et de la coexistence pacifique essentielle.«Deux amours ont fait deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu la cité terrestre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi la cité céleste»(6) Là où Huntington recense huit civilisations, nous n'en voyons hélas que deux. La première, anthropophage par essence. Elle n'est ni ethniquement homogène, ni avec un bivouac géographiquement visible de manière précise et compacte. Elle est plutôt composée de masses humaines très nombreuses,versatiles, avec un don d'ubiquité et l'unique détermination de vivre et prospérer que par et pour faire du profit par n'importe quels moyens quitte à décimer toutes les autres espèces- y compris la leur- qui font obstacle à leur transhumance et campagnes de déprédation. Quant à la seconde civilisation, indolente et peu ambitieuse mais lucide et consciente de la vanité du monde, elle englobe forcément tous les opprimés, les victimes, les proies, tous ceux qui résistent et tentent de survivre sans vendre leur âme au diable. Le Sapiens du 21ème siècle ne se sent pas appartenir à une nation, à une patrie ou à une civilisation quelconque. Ce qui l'importe à l'instar de ses ancêtres de la préhistoire c'est sa survie, pouvoir vivre normalement. Il essaye désespérément au péril de sa vie insignifiante de contourner les rives sud de la Méditerranée, passant par la péninsule Ibérique, par le sud de l'Europe ou par le Moyen Orient. Son instinct de conservation le pousse à franchir des frontières naturelles et juridiques de plus en plus dissuasives afin de gagner L'Union Européenne où avait cohabité naguère ses ancêtres avec le Neandertal. Ce spécimen déroutant s'incarne aujourd'hui dans une immense et hétéroclite diaspora faite de «Harragua» d'exilés, d'expatriés; enfin le même conglomérat qui a fait le chemin inverse et débarqué pour les mêmes motifs à Sidi Fredj en 1830: La recherche d'un horizon meilleur et moins cruel. La seule différence ce sont les moyens mis en œuvre par les uns et les autres en quête de ces eldorados. L'intelligence suprême de l'homme moderne aurait du le pousser à faire l'impossible pour instaurer de véritables politiques de développement pérennes dans ces contrées oubliées, aider les peuples à mettre en place des régimes politiques justes, légitimes et éclairées. Le lendemain de la deuxième guerre mondiale et suite au dépeçage de l'empire Ottoman, l'article 22 de la S.D.N (Société des Nations), pour justifier la mise sous tutelle du destin de certains peuples, invoque justement «l'incapacité de ces peuples à se diriger eux-mêmes» Tout le monde feint d'ignorer que ces peuples, bien des fois dans l'histoire, furent assurément assujettis à vivre en incapables et tributaires du paternalisme ravageur de l?Occident à cause d' un complot criminel qui a perduré des siècles durant et qui consistait à déraciner complètement les identités de leurs essences même. Qu'est ce qui pouvait justifier l'asservissement de ces peuples tels des marchandises et décider de leur survie ou de leur extinction. La bienveillance de la civilisation occidentale ? Un jour, la fratrie du prophète Joseph avait orchestré sa liquidation physique. Leurs descendants manipulent actuellement la politique étrangère américaine. Rien à priori ne parait lier cet événement d'il y'a presque 3000 ans au congrès U.S ou à la Maison blanche hormis ces trous de verre(7) qui permettent le passage de n'importe qui vers n'importe quoi., ou le rêve de Jacob avec cette vision d'une échelle atteignant le ciel et de Dieu qui lui dit : «Ta postérité sera comme la poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi». L'Occident n'existait même pas en rêve du moins dans sa composante contemporaine, lorsque Dieu fit ce deal avec les Hébreux et lorsque ces fils de Yahvé ont manigancé l'attentat de leur frère. Entre la période relative à leurs espoirs et déboires à Harran et celle de leur sédentarisation hégémonique aux Etats Unis, entre ces deux insignifiants incidents dans le cours ininterrompu de l'histoire, surgit un malade mental sans mobile apparent suffisant pour justifier l'horreur qui s'en est suivi et qui décide d'en découdre avec les deux, Européens et Hébreux. A suivre * Enseignant - Mostaganem Note : (1) Revue Science et Vie - mensuel N°998, Novembre 2000, p.68 (2) Ibid., p. 80-82 (3)Ces zoos humains de la république coloniale, le Monde Diplomatique, Aout 2000 (4) Gautier.R.F - Mœurs et coutumes des musulmans (5) Revue Science et Vie - mensuel N°998, Novembre 2000, p.70 (6)Saint Augustin, Psaumes III,4 (7) des raccourcis dans l'espace-temps permettant de contourner la limitation de la vitesse des trajets interstellaires imposée par les lois de la relativité restreinte. |
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