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«Le pouvoir est dangereux : il
attire le pire et corrompt le meilleur» Edward Abbé
Quand la vérité éclate, l'argent se terre, la politique se dénude, les hommes révèlent leur impuissance, les femmes s'indignent, le couple se déchire, la famille s'effrite, la société se meurt, la viande se drogue à la cocaïne, le pain moisit à domicile, le lait bronze au soleil, la plume s'assèche, le fusil se rouille, le pouvoir s'avère inutile. Alors que faire ? Il s'agit d'engager une réflexion collective sur un projet de société consensuel alliant modernité et islam. Une modernité basée sur l'intelligence n'étant l'apanage d'aucune langue, d'aucune région, d'aucune génération. Elle appartient depuis la nuit des temps à l'humanité tout entière et un islam authentique ouvert et tolérant. Il n'a besoin ni d'idéologie pour le véhiculer, ni de clergé pour le représenter, et encore moins de partis politiques pour le défendre. Il est à la portée de tout un chacun, il suffit de croire en l'unicité de Dieu et d'attester que Mohamed est son prophète. Le monde d'aujourd'hui tend à marcher, avec ses deux pieds le spirituel et le temporel, le bien-être matériel et la tranquillité morale sachant que la religion apaise et que la modernité agite, le pied droit ne marche pas sans le pied gauche. Les deux vont ensemble dans une même direction. L'homme est à la fois corps et âme. La vie est faite d'eau et de feu. La paix et la guerre cohabitent dans le même palais. La misère et l'opulence se côtoient au quotidien. L'amour et la haine couchent dans le même lit. Le bien et le mal vivent côte à côte. Le corps est mortel, l'âme est éternelle. «Semer dans la vie d'ici-bas (le bien ou le mal) et récolter dans l'au-delà (le paradis ou l'enfer)», tel est l'enseignement de notre religion. Et nous en sommes encore loin. Nos actes contredisent souvent nos paroles. Dieu est absent de nos cœurs. Le ventre a englouti notre cerveau. Nous prenons nos rêves pour des réalités. Nous délirons. Ne dit-on pas que «tout pouvoir sans contrôle rend fou». Quand tu as le pouvoir, tu as l'argent, et quand tu as l'argent, tu gardes le pouvoir. A partir de là rien ne change. Pour les détenteurs de l'argent «les chiens aboient, la caravane passe»». Pour ceux qui en bénéficient «tout ce qui rentre fait ventre». Pour les autres «l'argent n'a pas d'odeur». L'argent facile fascine. La violence aveugle et l'argent facile sont les deux facettes d'une même Algérie, celle de l'impunité. Le crime et la corruption se conjuguent au passé, au présent et au futur. Ils cohabitent dans le même palais. Le pouvoir n'est pas prêt à changer. Il ne scie pas la branche sur laquelle il est assis. Il est comme un poisson dans l'eau. Il se nourrit des eaux troubles. Hier c'était la violence armée, aujourd'hui c'est la violence de l'argent. La transparence l'effraie. Une population traumatisée, rebelle et imprévisible l'empêche de dormir. La vérité est comme la femme. Nue, elle fait peur à l'homme, elle révèle son impuissance, habillée, elle le rassure, elle cache ses défauts. La politique est comme la nourriture : on rentre propre, on en sort sale. Le pouvoir tout comme le corps sont corrupteurs. «Le pouvoir absolu corrompt absolument». Sans contrôle, le pouvoir rend fou. Seul le pouvoir arrête le pouvoir. Le pouvoir de l'argent contre le pouvoir de dieu. Qui dira non à l'argent facile ? L'appel du muezzin à l'aube n'est pas entendu par une société endormie dans son immobilité et dans sa continuité. «Dormez, dormez braves gens, leur chuchote-t-on à l'oreille, l'Etat veille sur votre sommeil». Et le peuple poursuit son sommeil, jusqu'à ce que mort s'en suive. Il ne sera plus qu'un corps sans âme, un déchet de l'humanité, un combustible de l'enfer. Autre époque, autres mœurs. Hier, le dirigeant vendait ses propres biens pour libérer le pays ; aujourd'hui, il vend son propre pays pour acheter de la cocaïne. Déçu par tant de forfaitures et de lâcheté, un poète inconnu aurait lâché ce cri de désespoir au peuple algérien: «pleure comme une femme, un pays que tu n'as pas su bâtir comme un homme». Un pays ouvert aux quatre vents. L'Algérie n'est pas en marge du reste du monde, Elle subit les de plein fouet les influences extérieures. Malgré la fragilité interne de ses institutions, elle résiste farouchement et énergiquement au terrorisme islamique et à la mondialisation sauvage, les deux faces d'une même réalité, celle de la puissance de l'argent. Un argent sale qui colonise le monde. Un argent qui se nourrit de pétrole, de gaz, de sueur, de sang, de drogue, d'armes, de cigarettes, de déchets humains. Cette oligarchie financière mafieuse qui avance masquée. Une guerre clandestine est menée contre les peuples par le terrorisme sous toutes ses formes. Le crime organisé est l'autre facette de la mondialisation. Les Etats-nations sont impuissants face à la corruption mondialisée qui pourrit les sociétés dans le silence et l'opacité. Et cela ne date pas d'hier. «Nous savons maintenant qu'il est tout aussi dangereux d'être gouvernés par l'argent organisé que par le crime organisé» (F. Roosevelt). On dit que l'argent n'a pas d'odeur; le pétrole démontre le contraire, il pollue tout sur son passage. Il est l'urine du pouvoir et l'eau bénite de la modernité. L'argent sale navigue dans les eaux glacées de la corruption comme un poisson dans l'eau. Destruction des richesses par la dilapidation ou déplacement de richesse par la corruption ne sont-ils pas des crimes contre l'humanité ? Que vaut l'opulence d'une minorité au prix de la misère d'une majorité bâti, quel est le mérite d'une fortune bâtie sur le crime économique couvert par le politique dominé par l'armée. L'économie étatique constitue le terreau de la corruption. Il n'y a pas de crimes sans argent comme il n'y a pas d'argent sans crimes. Crime et argent se conjuguent à tous les temps et à toutes les personnes. Un homme séduit par l'argent facile est presque toujours un homme corrompu et par extension corrupteur. C'est un criminel en herbe. Il n'y a pas d'argent propre ou d'argent sale, il y a de l'argent tout court. L'argent n'a pas d'odeur. Entre le pétrodollar et le narcodollar, le dénominateur commun est le dollar. Il corrompt tout le monde. Nous sommes tous drogués. Elle est dans la farine, dans la poudre de lait dans la viande, dans les médicaments. Elle est dans tout ce que le gouvernement importe et que nous consommons sans sourciller. «On ne crache pas dans la soupe». «Qui rentre fait ventre». Une cure de désintoxication nécessite une hospitalisation or nous n'avons plus d'hôpitaux. Nous tabassons nos médecins. Nous poussons vers l'exil nos cadres. Nous faisons fuir nos enfants dans des embarcations de fortune que nous payons à prix d'or. Nous n'avons pas su offrir des emplois à nos jeunes pour leur éviter de tomber dans le besoin, l'ennui et le vice. Nous sommes des incorrigibles. Nous n'avons construit que des prisons et des casernes. Nous n'avons formé que des policiers, des soldats, des chômeurs en surnombre, des vendeurs à la sauvette des camelotes que nous importions pour faire illusion. Où sont les paysans, les ouvriers, les artistes, les penseurs, les poètes. Nous avons poussé vers l'exil les forces vives de la nation. Le développement a consisté à importer des bâtiments en cartons, des usines tournevis, une autoroute meurtrière. Un Etat constitué de coquilles vides que l'on désigne sous le vocable d'institutions qui obéissent aux ordres et non aux lois. Une économie dans laquelle le dollar est «le seul décideur» de l'Algérie indépendante. Partout il est chez lui. Il circule librement. Il impose sa loi. Il n'a pas d'opposants. Il n'offre aucune alternative. L'humanité entière est à sa dévotion. Nul ne peut lui résister. Tous s'inclinent sur son passage. Il est juge et partie. Qui pourra prétendre laver plus blanc que blanc ? Evidemment personne. C'est une question d'éducation, de moralité, et de justice. Les trois ont perdu leurs lettres de noblesse. L'argent facile a corrompu tout sur son passage. C'est un sport national. Personne n'est épargné. La pollution gagne du terrain et la propreté bat en retraite. Partout la mer est salée. Le seul rempart à la corruption c'est la foi en Dieu. La vie d'ici-bas est un passage vers l'au-delà. Nous appartenons à Dieu et à Dieu nous retournerons. Nous récolterons ce que nous avons semé. Nous n'emporterons pas nos biens mais les crimes que nous avons commis pour les acquérir. C'est une question de conviction et non de raisonnement car «le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas»: être ou ne pas être; croire ou ne pas croire» est une option personnelle. Il n'y a pas de juste milieu ni de demi-Dieu. Il y a Dieu, l'Unique, l'Eternel, le Miséricordieux et c'est tout. Et il se suffit à Lui-même. Il n'a pas besoin de clergé, ni de nourriture. C'est Lui qui pourvoit aux besoins de ses créatures. Des êtres humains à qui Il a accordé le libre choix de lui obéir ou de le désobéir. Il est le plus démocrate, il a créé Satan pour s'opposer à Lui. Satan est devenu plus percutant que par le passé, il ne tente plus par la pauvreté mais par l'argent. Dieu est en haut, l'argent est en bas. L'Algérie serait-elle un paradis pour tous ceux qui vont enfer ou un enfer pour tous ceux qui vont au paradis ? Que doit-on faire pour éviter l'enfer ? Pour les philosophes, c'est de vivre aujourd'hui comme si vous devez mourir demain et mourir quotidiennement comme si vous devez vivre éternellement. Que faire concrètement ? Tout simplement à remplir ses devoirs. Le travail réclame ses droits, l'islam revendique sa spiritualité, ne se contente pas du rituel, il exige un effort exégèse, de la résignation à l'exigence, de l'impunité à la sanction, de la raison d'Etat à l'Etat de raison, le secret d'Etat se banalise, le terrorisme se mondialise, la corruption prospère sous tous les cieux, visible au nord cachée au sud, aussi bien dans les démocraties que dans les dictatures, dans les pays évolués comme dans les pays sous-développés, c'est l'air qu'on respire et l'eau que l'on boit, les deux sont pollués. Il n'y a pas de corrompu sans corrupteur, le prix du brut grimpe, les coffres se remplissent, tout coffre a une serrure, toute serrure a besoin d'une clé, la clé c'est le pouvoir, l'argent devient roi, les années fric blanchissent les années noires, les Algériens se déchirent, ils ne produisent rien, ils sont en embuscade, s'auto-flagellent mais ne se corrigent pas, le recours à la justice problématique, l'argent facile endort les consciences, l'islamisme se noie dans un baril de 140 $, ce n'est plus l'argent sale qui cherche des banques pour se blanchir mais les banques qui courent derrière l'argent sale pour se renflouer. Leurs clients ne cherchent pas après sa couleur. Ils savent que c'est du papier hygiénique et comme tout papier hygiénique, il est blanc. La société s'y complaît, les réseaux mafieux se forment, l'islamisme se compromet, son discours est inaudible. L'accès au pouvoir interdit. D'autres courants religieux pointent leur nez, le désarroi de la jeunesse une aubaine, le curé refait surface. Il n'est plus en soutane, il porte un costume, les élites se terrent, l'unité religieuse se fissure, la crise morale s'affirme, les scandales se multiplient, l'argent corrompt, tout homme a un prix, un homme sans prix est un homme sans pouvoir et un homme sans pouvoir est un homme inutile. Pour être utile, il faut disposer d'un pouvoir. Il n'y a pas de pouvoir sans argent comme il n'y a pas d'argent sans le pouvoir. Les deux se tiennent la main et font le marché ensemble le plus souvent à l'étranger. Le bateau est en rade, la ménagère s'impatiente, les enfants se lamentent, la marmite bouille, la viande se drogue à la cocaïne, les légumes se nourrissent aux pesticides. Le cancer se propage, Les hôpitaux se meurent, l'école s'abrutit, l'école assure la garde, le collège bourre, le lycée triche, l'université ronronne, les fonctionnaires se croisent et ne se voient pas, les administrations s'alarment mais ne bougent pas, la folie s'installe, la rue gronde, la violence ressurgit, l'Europe s'inquiète, le silence se rompt, les langues se délient, la politique se dénude, les masques tombent, l'argent sale s'arme, les milices se forment, le peuple se révolte, la répression s'abat, le char de l'Etat navigue sur un volcan, l'Algérie s'effondre. L'Algérie est devenue comme cette poule au lieu de laisser son œuf donner naissance à un poussin préfère le manger. Le pays se dévore lui-même. Il n'offre à une jeunesse débordante d'énergie et de vitalité que la prison, la caserne, l'exil ou le suicide comme perspectives. Le marché pétrolier et gazier fournit au pouvoir en place une assurance vie. Il y va de la pérennité de la civilisation occidentale condamnée au déclin par l'histoire et la géographie. Toutes les ressources de la planète et toute l'histoire de l'humanité ne peuvent combler le vide sidéral spirituel de l'homme moderne car l'être humain n'est sur terre que pour adorer son créateur. Pour l'en empêcher, Satan s'est proposé de le détourner et l'homme s'est prêté à son jeu. L'être humain dispose d'un seul cerveau comme libre arbitre pour décider de son propre chef d'obéir ou de désobéir à son Créateur, seul comptable de ses actes, il possède une seule langue pour parler (dire des vérités ou propager des mensonges) et avaler (le licite et l'illicite) et d'un seul cœur pour agir dans un sens ou dans l'autre. Le cœur irrigue le corps et nourrit l'âme en bien ou en mal. L'homme est à la fois un être temporel et atemporel. Il est fait de matière et d'esprit, il marche avec ses deux pieds (en direction de l'enfer ou du paradis); il travaille avec ses deux mains (Dieu bénit les mains laborieuses et maudit les mains oiseuses) il voit avec ses deux yeux (afin de discerner le vrai du faux), il respire avec ses deux narines (l'oxygène pour vivre et la pollution pour se détruire), il écoute avec ses deux oreilles (le diable et le muezzin). Le muezzin lance son appel cinq fois par jour; il s'adresse aussi bien à l'homme comme à la femme; nous avons cinq doigts dans chaque main et cinq orteils à chaque pied. L'appel du muezzin nous donne de l'espoir. L'espoir d'une vie après la mort, l'existence d'une justice divine contre les injustices de l'homme. On peut faire taire sa conscience, échapper aux filets de la loi, mais on ne peut éviter le châtiment divin. Toutes les religions se sont «modernisées « à l'exception de l'islam qui est resté «barbare» c'est-à-dire hostile à la suprématie de l'homme sur l'homme. Dieu est éternel, l'homme est mortel; «A dieu nous appartenons, à Dieu nous retournerons». |
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