En lançant, ce jeudi, un peu habituel «appel à témoins» au public pour
lui fournir d'éventuelles informations sur les deux Canadiens qui ont participé
à l'attaque du site gazier d'In Aménas et la prise d'otages qui s'en est
suivie, en janvier dernier, la police fédérale canadienne cherche à identifier
et éliminer de probables réseaux islamistes , activant sur son sol et qui
auraient envoyé Xristos Katsiroubas et Ali Medlej périr dans le Sahara
algérien. L'enquête déclenchée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC)
cherche « à déterminer les circonstances qui ont amené les deux Canadiens à
quitter le Canada », a déclaré un porte-parole de la GRC, Marc Richer. Les
services de sécurité canadiens veulent également savoir si d'autres de leurs
ressortissants auraient déjà quitté le pays « pour prendre part à des complots
terroristes ». C'est dire si le dossier est pris très au sérieux. Marc Richer a
également indiqué que l'enquête de la GRC avait démarré « il y a plusieurs mois
», avant même l'attaque de Tiguentourine, et que la présence d'autres Canadiens
au sein du commando de Mokhtar Belmokhtar n'est pas totalement exclue. Une
thèse confortée par des informations sur la présence d'un troisième Canadien
dans le groupe de Katsiroubas. Proche de ses deux compatriotes impliqués dans
l'attaque terroriste, Aaron Yoon, d'origine coréenne, âgé d'environ 24 ans, a
été arrêté avant la prise d'otages et est détenu en Afrique du Nord, a rapporté
mercredi, la chaîne de télévision publique canadienne CBC. L'information a été
confirmée, un peu plus tard, par un responsable au ministère canadien des
Affaires étrangères, sans toutefois donner plus de précisions sur le nom du
pays ni sur la nature des faits qui sont reprochés à Aaron Yoon. Une version
démentie par un frère de ce dernier qui a affirmé à ?Global News', une autre
chaîne de télévision, que Aaron se trouvait, bel et bien, en Afrique du Nord
mais qu'il n'est pas en détention, expliquant lui avoir parlé par téléphone,
dimanche dernier. Toujours selon lui, Yoon voyage en Afrique du Nord pour
apprendre l'arabe et étudier le Coran, et non pour participer à des attentats
et l'amalgame est venu du fait qu'il était ami avec les deux autres Canadiens,
à London. Il ajoutera qu'ils se sont rencontrés à l'étranger et qu'il était la
dernière personne à qui ils aient parlé. CBC affirme, pour sa part, qu'Aaron
Yoon avait quitté le Canada, l'année dernière, avec ses deux anciens camarades
de lycée de London, en Ontario, Xristos Katsiroubas, venant d'une famille
grecque orthodoxe, mais converti à l'Islam, et Ali Medlej. Le «groupe canadien»
comptait au total quatre membres, ajoute la chaîne publique, même si aucune
information n'a circulé quant au sort du quatrième homme. L'hypothèse du
suicide de Katsiroubas et Medlej est aussi avancée puisqu'ils se seraient tués
en faisant exploser une bombe qui a tué également une dizaine des derniers
otages en vie. Rappelons qu'après plus de deux mois d'enquête en Algérie, le Canada
a confirmé l'implication de deux de ses ressortissants, dans l'attaque
terroriste perpétrée contre le site gazier de Tiguentourine, le 16 janvier
dernier. Le principal porte-parole de la police fédérale, Greg Cox, tout en se
refusant à communiquer un quelconque détail sur l'affaire, avait affirmé que
«l'enquête se poursuit toujours».
Cette confirmation de l'identité des deux membres du groupe affilié à
Mokhtar Belmokhtar ont mis fin à une polémique née après l'assaut donné par les
forces spéciales algériennes et l'annonce par le Premier ministre, Abdelmalek
Sellal, de la présence de deux Canadiens dans le commando. Alger a évoqué deux
hommes d'origine arabe, possédant une double citoyenneté. Au lendemain des
affirmations de Sellal, le gouvernement canadien avait convoqué l'ambassadeur
algérien pour obtenir davantage d'informations sur le sujet et qu'Ottawa avait,
tout d'abord, émis l'hypothèse que les deux terroristes aient été munis de faux
passeports canadiens. Ensuite, des fonctionnaires de la GRC s'étaient rendus à
Alger pour enquêter. Selon des sources médiatiques canadiennes, les enquêteurs
canadiens, arrivés à In Amenas, auraient demandé aux autorités algériennes les
comptes rendus des autopsies alors que des prélèvements ADN devaient être
analysés pour identifier les deux terroristes inculpés. Des sites
d'informations en ligne ont rapporté des informations persistantes en
provenance de la Libye, plus précisément des milices ?Zentan' qui ont confirmé
que l'un des deux Canadiens connus sous le nom de guerre «Cheddad » est un
tireur d'élite parlant assez bien l'arabe, venu de Benghazi dont le souhait
après la chute du régime libyen était de se rendre en Syrie rejoindre « ses
frères d'armes ». Rappelons que des dizaines de mercenaires canadiens ont participé
à la guerre civile en Libye, alors que des dizaines d'autres combattent
actuellement au sein de diverses organisations islamistes extrémistes en Syrie
contre l'armée syrienne.