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Réquisitoire des éditeurs de livres : 12 librairies pour? 100.000 étudiants !
par Salah C.
Le livre a été tellement dévalué au point où le nombre de libraires à
l'échelle nationale n'est estimé actuellement que de 120, contre 600 à
l'indépendance.
Et pour Oran, un pole universitaire de pas moins de 100.000 étudiants,
seulement 12 libraires s'accrochent à cette activité. C'est ce que nous a
confié un éditeur qui participe au 10ème salon national du livre qui se tient
au palais des expositions d'Oran après une éclipse qui a duré 12 ans. La
problématique du livre en rapport avec la profession d'éditeur a été au centre
d'une conférence animée en fin de semaine dernière, en marge de cette
manifestation, par trois membres du syndicat national des éditeurs de livres
(SNEL) et qui devait porter sur les relations entre les éditeurs et les médias
pour booster la lecture, mais qui a viré sur la situation du secteur. Tour a
tour, les membres du SNEL n'ont pas hésité à fustiger les pouvoirs publics qui
ont une lourde responsabilité dans la descente aux enfers du livre, en tant que
produit intellectuel au point où il a été placé au registre des sports et
loisirs. Pourtant, des dispositions officielles ont été à maintes reprises
annoncées pour la réhabilitation du livre et la dernière en date est la
création en 2009 du centre national du livre et dont un président a été
pourtant désigné. Néanmoins, cette initiative a été un coup d'épée dans l'eau
du fait que jusqu'à présent, ce centre ne s'est jamais manifesté. Quant à l'organisation
du salon, le président du SNEL, M. Madi, a mis l'accent sur le fait que
l'ancienne direction du syndicat se limitait à l'organiser seulement à Alger
d'où le retour à une situation de monopole. «Actuellement, le syndicat tend à
l'organiser dans d'autres régions du pays et Oran, comme seconde ville du pays,
a fallu attendre 12 ans pour accueillir le salon», a également précisé
l'intervenant. Abordant la question du livre, un membre du SNEL a mis l'accent
sur le fait que «l'origine de ce recul remonte à 20 ans et le livre, en tant
que produit intellectuel, a été remplacé par le livre parascolaire qui ne
représente nullement le même intérêt intellectuel du fait que son contenu est
très limité. «Apprendre à nos enfants la poésie ne peut pas se faire à travers
des images, mais par une transmission orale et cette méthode a disparu vu que
le livre parascolaire ne véhicule en termes de contenu, qu'une infime part de
connaissance et de gout littéraire», a expliqué l'intervenante qui précise que
la commercialité a pris le dessus sur le savoir. Le point d'orgue de cette
rencontre a été sans conteste la question que s'est posée le président du SNEL
sur les milliards alloués pour l'achat des livres et qui n'ont jamais eu
l'effet escompté sinon comment expliquer qu'au moment où des Bibliothèques
communales sont régulièrement réalisées à travers le territoire national, ces
dernières, une fois livrées, restent sans la matière première à savoir les
livres. «Il n'est pas question d'accuser les citoyens pour leur désintéressement
de la lecture, car cela est un raccourci, mais s'il y a de moins en moins de
lecteurs, cela s'explique en grande partie par l'offre médiocre ainsi que les
prix hors de portée du livre et du support didactique pour la majorité des
potentiels lecteurs», devait souligner un membre du SNEL et de s'interroger sur
l'autorisation accordée à certains éditeurs français comme Hatier et Hachette,
au même titre que d'autres de pays arabes, qui conçoivent des livres pour le
marché algérien, alors qu'ils sont interdits dans leurs pays. M.Madi a
également plaidé pour un nouveau réseau de distribution du livre au profit de
l'ensemble du territoire national et équiper en nombre et en qualité les
structures moribondes. A cet effet, le cas le plus illustratif demeure la
bibliothèque communale d'Oran qui est de moins en moins fréquentée alors qu'il
y a 20 ans, elle était une référence en matière d'ouvrages pédagogiques.
Parallèlement, le SNEL plaide pour relancer le secteur de l'édition et
encourager la lecture, et pour une politique de soutien de la part de l'Etat à
l'instar de l'achat chez chaque éditeur national de 1000 exemplaires par an. En
somme, le débat sur le livre est apparemment relancé et les solutions idoines
sont présentes, il ne reste que la volonté politique pour réhabiliter ce
secteur.
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