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Affaire des neuf policiers rejugée à Bouira : L'ex-chef de Sûreté de wilaya de Tlemcen condamné à 10 ans de prison

par Houari Saaïdia

Le verdict du procès en cassation des neuf officiers de police, dont l'ex-divisionnaire de la wilaya de Tlemcen, Senouci Mohamed, accusés de complicité avec un réseau de trafic de drogue dont le fief était basé à Maghnia, est tombé mardi soir à une heure tardive, les délibérés ayant pris de longues heures. L'ancien patron de la police de Tlemcen (2002-2005) a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour «complicité de trafic de drogue par une organisation criminelle et recel d'un criminel recherché», soit la même sentence prononcée à son encontre par le tribunal criminel de Sidi Bel-Abbès, le 3 mai 2011. Le tribunal criminel de Bouira a, d'autre part, condamné H. Nouredinne, un narcotrafiquant présenté par l'accusation comme étant le cerveau du réseau transfrontalier de trafic de drogue en question, à la réclusion à perpétuité. Deux autres membres de ce réseau ont écopé de 8 ans de réclusion. Les autres accusés, dont notamment huit ex-policiers, parmi eux le chef de Sûreté de daïra de Maghnia du temps du divisionnaire Senouci, ont été quant à eux acquittés. Ce procès en cassation fait suite aux pourvois validés par la Cour suprême après le premier jugement de mai 2011.

L'affaire remonte au 19 novembre 2005, à 9h15. Le standardiste du commissariat de la daïra de Maghnia reçoit un appel téléphonique faisant état de l'existence d'une voiture remplie de kif, près du domicile d'un certain B. B, connu sous le sobriquet de «Ould El-Anzi», à Maghnia. Munis d'un mandat de perquisition, des policiers investissent les lieux. Dans une Renault 25 rouge, garée près de la maison de B.B. et non fermée à clé, ils trouvent 275 kg de kif dans le coffre. Sous le frein à main, un extrait de naissance et une copie de la carte d'identité de B. B sont posés. Ce dernier est arrêté. Ni la R 25 ni le kif qui était à l'intérieur ne lui appartiennent, selon lui. Il nie tout et crie au complot. Des indices convergents, dont des témoignages de voisins ayant vu, la veille, deux hommes planter le décor de la R 25 bourrée de kif, seront enregistrés à la décharge de B.B. De qui provenait l'appel ? L'officier qui reçoit le coup de fil mentionne sur le registre des appels un numéro commençant par 071 et le nom de B.F. (faux nom). Mais il biffe ensuite au stylo ces indications. Selon ses dires, il l'a fait sur ordre et sous la pression de ses supérieurs, après que ceux-ci eurent identifié le titulaire de cette ligne téléphonique mobile, H. Nouredinne, un gros bonnet de la drogue. Pour l'accusation, il y a de forts soupçons que c'est ce dernier qui, depuis sa cellule de prison, a monté le coup de la R 25 pour «mouiller» B. Boubaker. Cette piste est confortée par la découverte, le 24 décembre 2005, de 25,4 quintaux de kif dissimulés dans l'ossature métallique d'une remorque de camion de marque Mercedes-Benz, dans un parking à Ghazaouet, véhicule appartenant, selon les investigations, à H. Nouredinne. L'un des huit compartiments du plateau où était caché le kif était rempli de terre -pour que ça ne sonne pas creux lors des contrôles de barrage.

Son volume coïncidait avec celui des 275 kilos de la R 25 rouge. L'analyse d'un échantillon de cette terre révèlera des similitudes avec le sol de la ferme appartenant à H. Nourredine, ce qui confortera encore davantage la thèse du scénario concocté par celui-ci pour impliquer Ould El-Anzi.